Ecrit par Soubha Es-Siari |
Lutter contre l’inflation et favoriser la reprise est aujourd’hui le mot d’ordre des toutes les économies y compris celles développées. Que des arbitrages auxquels recourent régulièrement les pouvoirs publics pour préserver le rebond économique de l’après-pandémie.
En venant s’ajouter aux terribles secousses de la pandémie liée au Covid-19 qui d’ailleurs persistent encore, l’intervention russe en Ukraine a entraîné le ralentissement de l’économie nationale tout en exacerbant l’inflation.
La situation n’est pas propre au Maroc. De par le monde, la guerre a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires et des produits de base, perturbé les chaînes d’approvisionnement des entreprises et aggravé les tensions inflationnistes.
Lutter contre l’inflation et favoriser la reprise est aujourd’hui le mot d’ordre des toutes les économies y compris celles développées. Que des arbitrages auxquels recourent régulièrement les pouvoirs publics pour préserver le rebond économique de l’après-pandémie.
Le choc subi aussi bien par la pandémie que par la guerre en Ukraine varie d’une économie à une autre et du coup les politiques monétaire et budgétaires des pays ne sont pas identiques.
Pour ce qui est du chapitre de la politique monétaire, le Maroc a choisi une politique très prudente et opté pour le statuquo. Procéder à une hausse du taux directeur équivaut à mettre entre parenthèses le développement économique du pays avec toutes les conséquences qui en découlent sur le plan social. D’où son maintien à 1,5%.
Sur le plan budgétaire, le déficit s’est allégé à 24,8 Mds de DH à fin août contre un déficit du Trésor de 40,5 Mds de DH un an auparavant. Mais cela n’empêche que les dépenses de la compensation ont été de 22,2 Mds de DH contre 9 Mds de DH à fin août 2021, en hausse de 147% ou +13,2 Mds de DH. Cette hausse remet sur la table l’impérieuse nécessité d’adopter en urgence le RSU et procéder au ciblage direct des populations.
Les derniers indicateurs disponibles, notamment ceux des sociétés cotées en bourse, attestent par ailleurs que le tissu économique a montré, pour l’année en cours, qu’il tient bon et résiste aux vents contraires de ce mouvement récessif et les entreprises ont affiché une résilience plus forte que ce que l’on pouvait imaginer.
Pour 2023, le projet de loi de finances table sur un taux de croissance économique de 4,5%. Toujours est-il qu’en sus que ledit taux reste insuffisant au regard des défis liés à l’émergence, il demeure sujet à une une série d’hypothèses qui pourraient être compromises à tout moment. Ce taux reste par ailleurs très limité, du moins pour le moment, pour redonner confiance aux investisseurs étrangers.
Une chose est sûre : dans ce contexte en perpétuelle mutation, l’économie marocaine ne s’écarterait pas trop de celles des pays à revenu intermédiaire à quelques variantes et spécificités près. Elle serait confrontée à des problèmes similaires tels que l’alourdissement de la dette, le poids de la facture énergétique, le chômage des jeunes et la difficulté de juguler l’inflation.
Elle devrait se donner énormément de mal, tout le long des prochaines années, pour gérer et réguler le rythme erratique de sa croissance induit par les différents aléas.
Au Maroc, pays œuvrant à poser les premiers jalons de son nouveau modèle de développement, le gouvernement ne doit pas perdre de vue les objectifs à long terme. Pour ce faire, des transformations structurelles sont indispensables et urgentes pour réaliser les objectifs fixés par le Nouveau modèle de développement à l’horizon 2030. Autrement dit, l’équipe au pouvoir continuera à colmater les brèches et les mêmes causes à produire les mêmes effets.