Ça sent le roussi du côté de la compagnie aérienne nationale. Les mesures d’aménagement temporaires du temps de travail proposées par Royal Air Maroc à ses salariés le 12 mars, ont vite fait réagir les syndicats. L’UMT a répliqué dès le 13 mars !
« Notre compagnie passe depuis plusieurs mois déjà par une crise sans précèdent, qui est la résultante de beaucoup de facteurs endogènes et exogènes. Cette situation nous interpelle tous pour prendre les mesures nécessaires et surtout pour faire preuve de solidarité dans le but de sortir de cette impasse avec le minimum de dégâts ! ». C’est en ces termes qu’entame la Fédération Nationale du Transport Aérien relevant d l’Union marocaine du travail sa réaction suite aux mesures prises par Royal Air Maroc face à la pandémie du Covid-19.
Bien que dans son communiqué, la fédération salue les premières initiatives prises en termes d’optimisation de la flotte, d’adaptation de l’offre et d’aménagement du temps de travail pour l’ensemble des collaborateurs (congé sans solde, travail à temps partiel…), elle somme le top management à faire preuve de transparence vis-à-vis de l’ensemble des collaborateurs quant aux informations relatives à cette situation. Mais également à donner l’exemple quant à l’adhésion totale au plan d’austérité. La fédération estime également qu’il faut faire preuve de solidarité vis-à-vis des collaborateurs les moins privilégiés pour lesquels le salaire mensuel est un élément de survie.
Bien que la Fédération déplore une communication quasi inexistante, elle a pris l’initiative de faire quelques propositions notamment un moratoire pour le paiement de des créances des différents fournisseurs et un apurement de la créance des différents clients (Corporate, institutionnel…) de la compagnie.
Mieux encore, la fédération appelle à rationaliser les coûts liés aux avantages des salariés expatriés (Homogénéiser les frais de scolarité, loyer… indépendamment du grade du collaborateur) et à réduire au maximum les différents avantages et privilèges coûteux, au moins durant cette période de crise.
« La conjoncture est telle que nous sommes tous tenus d’être vigilants à l’avenir et de développer une stratégie sans faille dans le but de stabiliser la structure. Enfin, le partenaire social tient à rassurer le personnel. Un accompagnement sera assuré tout au long de ce plan d’austérité afin que ses droits soient préservés selon la législation de travail en vigueur », a assuré la fédération. Elle a invité l’ensemble des salariés à rester tout le temps mobilisés et solidaires derrière leurs représentants pour aider la compagnie à sortir de cette crise dont le coronavirus n’est qu’un accélérateur, conclut le communiqué.
La fédération laisse-t-elle entendre que Covid-19 n’est que la partie visible de l’Iceberg ?
Un plan d’austérité qui ne dit pas son nom ?
La note de service N°21/20 en date du 12 mars relative à ces mesures d’aménagement temporaires du temps de travail fait état d’une baisse d’activité, ce qui se comprend avec les suspensions de liaisons aériennes et maritimes de transport de passagers. Mais le ton de la note a quelque peu suscité des inquiétudes : … des mesures d’austérité s’imposent. Les salariés sont-ils libres de leur choix ?
La note tempère par la suite : » A ce titre, le personnel est sollicité pour contribuer à l’effort engagé par la compagnie pour traverser cette période de crise ». Le personnel est ainsi « encouragé à adhérer » : soit à un congé sans solde de 1 à 6 mois pouvant être allongé après accord de la hiérarchie. Dans ce cas, la compagnie informe sur le maintien du bénéfice des billets à tarif réduit, le maintien des cotisations patronales à la CIMR, CNSS et mutuelle, alors que les cotisations salariales pourront être versées sous forme d’avance si le bénéficiaire en exprime le souhait, et seront remboursées au terme du congé sans solde pour les intéressés.
La deuxième option est un travail à temps partiel, matinée ou après-midi, pour une période de trois mois renouvelables. Dans ce cas, la rémunération sera « proratisée en fonction du temps travaillé et dans les limites es dispositions légales applicables, avec la conservation de tous les avantages sociaux accordés au personnel de la compagnie ».
La question qui se pose d’emblée : s’agit-il juste d’un plan de crise induit par la pandémie du Covid-19, avec les suspensions des lignes vers des pays contaminés ou encore les coûts engendrés par la possibilité pour les clients ayant acheté des billets avant le 31 mars 2020 de reporter leur voyage jusqu’au 31 mai 2020 ? Ou bien le virus n’en est finalement que le révélateur ?
En tout cas, pour les salariés, surtout les seniors, de la compagnie cela réveille de vieux démons ! Comme une impression de déjà vu !