Comme d’habitude, nous donnons ici un rappel historique de l’évolution des chiffres de COVID-19 ainsi qu’une tentative de prévision sur les quatre prochaines semaines.
Toutes les données sont quotidiennement mises à jour auprès de sites du Ministère de la Santé[1]. Même si des voix autorisées les ont accusées de ne pas refléter la réalité, ce sont les seules données dont nous disposons.
La Figure 1 permet d’apprécier l’évolution globale de la situation :
- le tableau figurant en haut de la Figure 1 donne les chiffres de fin du 29/08/2021,
- les deux graphiques figurant dans le bas de la même Figure 1 montrent l’évolution historique segmentée des confirmés dont les décédés, les rétablis et les actifs : quantités et pourcentages.
Figure 1 Tableau récapitulatif de la situation et graphiques d’évolution de la segmentation des testés positifs et des cas actifs
En passant de 51’493 à 42’424, les nouveaux cas hebdomadaires ont encore diminué de 17.6% cette semaine, à cause de la combinaison :
- d’une baisse de (-6.5%) du nombre de tests (de 246’967 à 230’906),
- d’une baisse (-6.7%) du taux de positivité (de 20.85% à 18.37%),
Après avoir dépassé 250% le 30/07, le taux de progression de l’épidémie sur 7 jours est maintenant descendu en dessous en dessous de l’unité depuis le 15/08 (14 jours au 29/08). En conséquence, la situation s’améliore nettement puisque le pic des cas actifs est complètement passé, tel que c’est montré par la courbe orange dans le bas de la Figure 1. L’immunité introduite par la combinaison de la contamination et de la vaccination a sans doute fortement restreint l’espace de circulation du virus qui a été essentiellement dopée par l’augmentation du nombre de contacts durant la période de Aïd El Adha dans un contexte d’assouplissement des mesures de confinement et d’ouverture des frontières. En ayant réussi à retarder les restrictions à après la célébration Aïd El Adha, les lobbys des éleveurs ont eu raison de l’intérêt général et le gouvernement n’a tiré aucune leçon de l’année dernière. En effet, le graphique ci-dessous montre l’évolution le nombre de cas de 7 jours glissants (en vert de rapportant à l’échelle de gauche) et la résultante part des contaminations (en bleu se rapportant à l’échelle de droite) dans les 34 Provinces majoritairement rurales[2].
Contaminations de 7 jours glissants dans les 34 Provinces les plus rurales et leur part
Tant en 2021 qu’en 2020, la transhumance pour vacances annuelles de juillet n’avait pas augmenté significativement la part d’infection dans les 34 Provinces à majorité rurale. A l’inverse, la part des contaminations dans celles-ci était même en train de décroître à la veille de Aïd El Adha 2020. Puis, la part de la contamination dans ces 34 Provinces rurales (représentant 29.3% de la population) a entamé une montée brutale vers 25% dès la semaine précédant l’Aïd et les semaines qui suivirent. Elle n’a commencé à décroître qu’après que l’effet des contacts commerciaux et familiaux de l’Aïd El Adha n’ait commencé à s’estomper. Beaucoup de contaminations, d’hospitalisations et de décès auraient pu être évités si l’on avait interdit la célébration de Aïd El Adha et anticipé les mesures de restriction d’une ou deux semaines.
Il semble que la circulation du virus soit limitée à l’espace que lui a laissé l’immunité engendrée par la préalable contamination et vaccination et que les taux de progression de l’épidémie (provinciaux et nationaux) devraient encore diminuer, mais avec la lenteur qu’on leur connaît.
Nous ne sommes plus sur les fronts de montée mais il faut toute de même prendre nos prévisions avec précautions, et, cette semaine, surtout celles des actifs.
DÉPISTAGES ET CONTAMINATIONS HEBDOMADAIRES
- Le taux de positivité hebdomadaire a augmenté très lentement, mais de façon continue depuis la semaine finissant le 07/03 (de 3.62% le 07/03 à 6.47% le 25/04) puis il a subi une chute rapide à 2.53% durant les 3 semaines qui ont suivi. La chute à 2.53% durant la semaine finissant le 16/05 (Figure 2 à gauche) n’était qu’une fluctuation circonstancielle. En tous cas, nos simulations l’ont considérée comme telle et indiquent maintenant que le taux de positivité hebdomadaire, actuellement à 18.37%, aurait passé son maximum à 23.18% et devrait finir à 6.9% dans quatre semaines (Figure 2 à gauche). Donc, pour l’instant, tout continue à indiquer que sa descente sera beaucoup plus rapide que celle de l’hiver dernier.
Figure 2 Evolution du taux de positivité (gauche), des tests (droite) et des contaminations (bas) hebdomadaires
- Si les tests de dépistage continuent à évoluer au rythme indiqué sur la Figure 2 à droite, et si, l’on accepte les prévisions de taux de positivité (Figure 2 à gauche), le nombre de contaminations détectées qui a déjà atteint son maximum à 66’565 hebdomadaires, devrait redescendre vers 16’341 dans 4 semaines, comme montré dans le graphique du bas de la Figure 2.
DÉCÈS ET GUÉRISONS HEBDOMADAIRES
- Après une fluctuation entre 52 et 45 et une hausse pendant 6 semaines finissant le 22/08, le nombre de décès aurait déjà atteint son maximum à 775 hebdomadaires et nos simulations prédisent qu’ils devraient enfin baisser vers 229 hebdomadaires dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de gauche de la Figure 4.
- Même si le nombre de guérisons avait baissé tendanciellement depuis mi-avril, le voici dans une nouvelle phase de croissance et nos simulations actuelles montrent qu’il a pratiquement fini de croître après son maximum à 58’889 et qu’il devrait décroître vers 24’774 dans quatre semaines, comme indiqué dans le graphique de droite de la Figure 4.
Figure 3 Evolution des décès (gauche) et des guérisons (droite) hebdomadaires
NOMBRE DE CAS ACTIFS ET LEUR CONSTITUTION
- Actuellement à 60’502, le maximum des cas actifs de 81’209 a eu lieu la semaine finissant le 15/08. Des simulations montrées ci-dessus (des contaminés, des guéris et des décès) se déduisent nos prévisions du nombre de cas actifs qui montrent une baisse vers 16’777 hebdomadaires dans deux semaines (Figure 4 à gauche). Ainsi, il a été largement supérieur au nombre de cas actifs atteint à l’automne 2020 et le nombre de cas graves (dont le maximum à 2’484 aurait été probablement été atteint cette semaine, Figure 4 à droite). Toutefois, le nombre d’intubés ne devrait probablement pas dépasser ceux de l’automne grâce à un taux d’intubation nettement plus faible. La baisse trop rapide des prévisions des cas actifs nous fait penser que ce sont là les prévisions les plus suspectes, c’est pourquoi, nous ne las avons pas étendues à 4 semaine.
Figure 4 Evolution des cas actifs en fin de semaine (gauche) dont celle des cas graves (droite)
APPRECIATION DE LA PROGRESSION
- Après que la limite basse de l’intervalle de confiance à 98% du taux de progression de l’épidémie calculé sur 7 jours (à gauche de la Figure 5) :
- soit restée au dessus de l’unité pendant 45 jours du mercredi 04 mars au vendredi 16 avril,
- après qu’elle soit repassée en dessous de l’unité depuis samedi 17 avril,
- après qu’elle soit de nouveau passé au dessus de l’unité depuis le 21 mai jusqu’à dépasser 250%,
- il est descendu en dessous de l’unité depuis le 15/08, confirmant les bons chiffres précédents, grâce notamment à sa baisse dans la Préfecture de Casablanca où l’épidémie régresse maintenant depuis le 11/08, soit 18 jours, (à droite de la Figure 5).
Figure 5 Evolution du taux de progression de l’épidémie au niveau national (gauche) et au niveau de Casablanca seule (droite)
- Depuis la fin de la première décade d’avril, le nombre de Provinces où l’épidémie régresse (taux de progression provincial en dessous de l’unité) a montré une nette tendance à s’approcher du nombre total de Provinces (75). Ceci était un sérieux indicateur de ralentissement de la circulation du virus mais, même en oscillant fortement, le nombre de Provinces où l’épidémie régresse a maintenant recommencé à monter depuis le 09/08 pour atteindre autour de 60 Provinces en cette fin de semaine.
INCIDENCE ET SA RÉPARTITION TERRITORIALE
- Avec une moyenne nationale encore montée à 23’737 cas détectés par million d’habitants au 29/08 (soit 2.3737% de la population), on trouve au Maroc tous les impacts intermédiaires entre celui des Provinces de Casablanca, la plus impactée avec 6.786% de la population préfectorale (qui a pris la place de Oued-Ed-Dahab depuis le 26/11), et celui de Moulay Yaacoub, la moins impactée à 0.2248% de la population provinciale (Figure 6). L’insert de la Figure 6 montre que les deux Régions les plus impactées sont celles de Dakhla-Oued Ed-Dahab (avec 5.1260% de la population infectée) et de Casablanca-Settat (avec 4.338% de la population infectée) alors que la moins impactée est celle de Fès-Meknès (avec 0.7034% de la population infectée).
Figure 6 Répartition géographique de l’incidence provinciale
- Au niveau provincial, la Figure 7 montre les cartes de la répartition géographique des contaminations par million d’habitants : incidence totale dans le graphique de gauche et sa variation durant la dernière semaine dans le graphique de droite.
Figure 7 Carte de répartition géographique de l’incidence provinciale et sa variation durant la dernière semaine
VACCINATION
- La Figure 8 montre l’évolution du nombre de vaccinations hebdomadaires (échelle en rouge de gauche) et cumulées (échelle bleue de droite). Le nombre de vaccinations hebdomadaires a atteint record dépassant 1,9 millions la semaine finissant le 01/08, l’organisation existante avait confirmé sa capacité à dépasser plusieurs fois le million de nouveaux vaccinés hebdomadaires mais il nous semble impossible d’y ajouter une quelconque prévision car elle reste limitée par l’approvisionnement en doses pour lequel il n’y a encore aucune visibilité claire, comme pour une grande partie des pays du monde.
Figure 8 Nombre total et quotidien des premières doses de vaccins inoculés au Maroc
- Il nous semble utile d’ajouter que si l’on pouvait considérer que les 8,062 millions d’habitants testés fussent représentatifs de la population marocaine, celle-ci comporterait alors 10.585% déjà contaminés, soit 3.805 millions de personnes partiellement immunisées par contamination (parmi lesquels sans doute les individus à risque s’exposant plus volontiers à la contamination). Considérant ce chiffre ainsi que celui des 18.226 millions d’habitants qui ont reçu la première dose vaccinale (parmi lesquels 14.364 ont reçu même la deuxième dose), il semble que la circulation du virus soit limitée par l’espace laissé par l’immunité acquise par la vaccination et la contamination de sorte que les taux de progression, provinciaux et nationaux, de l’épidémie devraient continuer à baisser.
Par Amin BENNOUNA, sindibad@uca.ac.ma
[1] Ministère de la Santé, Portail Officiel du Coronavirus au Maroc, Bulletins COVID quotidiens http://www.covidmaroc.ma/Pages/AccueilAR.aspx,
Conférences de Presse Quotidiennes, https://web.facebook.com/ministere.sante.ma/videos/589852328286641 et Rapports quotidiens depuis l’arrêt de celles-ci http://www.covidmaroc.ma/Pages/LESINFOAR.aspx