Le Maroc, à l’instar des autres pays du monde, célèbre le 22 mars la Journée Mondiale de l’Eau. Le thème retenu cette année est « Ne laisser personne de coté ». Je voudrais, en ma qualité d’acteur associatif, saisir cette occasion pour, d’une part, partager, avec l’opinion publique mes inquiétudes relatives à la gestion de cette importante ressource naturelle, et d’autre part, présenter quelques modestes suggestions aux décideurs des politiques publiques de l’eau.
Inutile de rappeler l’importance du rôle de l’eau dans toutes les activités humaines, ceci est connu de tous. Inutile aussi de rappeler que les besoins de notre pays vont en augmentant avec la croissance démographique. Par contre, je voudrais attirer l’attention de tous que, parallèlement à cette augmentation des besoins, tous les spécialistes prévoient la diminution de notre pluviométrie, diminution déjà perceptible depuis les 4 dernières décennies et qui a mis actuellement le pays dans la situation de stress hydrique, entravant son développement.
Le défi pour nous est ainsi clairement dicté. Il s’agit de se mobiliser fortement et immédiatement pour gérer cette double tendance, la baisse de la pluviométrie et l’augmentation des besoins.
Pour amortir l’effet de la baisse de la pluviométrie, il est suggéré aux Pouvoirs Publiques de procéder rapidement à la promulgation d’un Nouveau Plan National de l’Eau, élaboré sur la base des principes suivants : i/ Augmenter substantiellement la capacité de stockage des barrages, ii/ Réaliser effectivement les programmes d’aménagement des bassins versants pour les protéger et pour alimenter les nappes phréatiques; iii/ Intensifier les programmes de collecte, de traitement et de recyclage des eaux usées, iv/ Renforcer le programme de l’édification d’une chaine d’unités de dessalement de l’eau de mer le long de tout le littoral des régions du sud; cette opération étant actuellement facilitée par les possibilités de production des Energies renouvelables.
Concernant l’action sur les besoins de consommation, les Pouvoirs Publics et les citoyens sont interpelés ensemble pour gérer la ressource en eau de manière à éviter toute forme de gaspillage et de pollution. Le secteur agricole, étant le plus gros consommateur de l’eau, est spécifiquement interpelé pour adopter et généraliser les méthodes d’irrigation permettant d’économiser l’eau. Les autres consommateurs, principalement les ménages, les hôteliers et les industriels, sont également interpelés pour contribuer à l’économie de la ressource.
Ces politiques d’augmentation des disponibilités et d’optimisation de la consommation passent par une la nécessité impérieuse de revoir les mesures de mise en œuvre en vigueur actuellement en termes de législation, d’organisation institutionnelle, de technologie, de médiatisation et d’instruments économique et financiers.
Pour terminer, je voudrais insister sur l’urgence de promulguer et de mettre en œuvre le nouveau Plan Nationale de l’Eau, et en même temps, sur l’appel à la société civile pour mieux s’organiser et jouer pleinement son rôle, tel que défini par la Constitution dans ses articles relatifs à la Démocratie Participative et au droit des citoyens à l’eau et au Développement Durable. Sans cela, on ne peut assurer le partage équitable de la ressource en eau et à la satisfaction des besoins de tous les citoyens comme demandé par l’ONU à travers son appel : « Ne laisser personne de côté ».
Par Abdelhadi Bennis
Acteur associatif environnementaliste