Les séparatistes du polisario ont toujours trouvé un soutien infaillible en Amérique Latine. Mais la donne a graduellement changé pour n’avoir plus que deux « alliés » que sont le Venezuela et Cuba. Une situation en passe de changer radicalement.
Depuis l’éclatement de la dernière crise au Venezuela, les observateurs guettaient la réaction du royaume resté attentif face à ce qui se passait dans ce pays d’Amérique Latine sans pour autant prendre partie. Jusqu’au 29 janvier où le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, a eu un entretien téléphonique avec Juan Guaido, président de l’Assemblée Nationale du Venezuela, à la demande de ce dernier.
Lors de cet entretien téléphonique, le ministre marocain a fait part à son interlocuteur de toute l’attention avec laquelle le Royaume Maroc suit les développements en cours au Venezuela. Il a, également, exprimé à Juan Guaido le soutien du Royaume du Maroc à toutes les actions menées afin de répondre aux aspirations légitimes du peuple du Venezuela à la démocratie et au changement.
Juan Guaido a pour sa part exprimé sa volonté de relancer, sur des bases saines et sereines, les relations de coopération entre le Maroc et le Venezuela, et de lever les obstacles qui ont pu entacher leur évolution. Un tournant quand on sait que « Nos relations avec le Venezuela ont toujours été tendues puisque le régime de Nicolas Maduro n’était en aucun cas prédisposé à revoir sa position concernant notre cause nationale à savoir l’intégrité territoriale. Et cette position hostile a été un véritable frein au développement de nos relations avec ce pays. De même que ce pays d’Amérique était l’un des quatre soutiens majeurs au polisario, avec l’Algérie, l’Afrique du Sud et Cuba », rappelle le politologue Mohamed Bouden.

Le Politologue Mohamed Bouden
L’expert décrit la position du Maroc qui suit attentivement la réaction de la communauté internationale concernant ce qui se passe au Venezuela et une attitude intelligente et bien étudiée de notre diplomatie face à la situation qui prévaut actuellement. « Quelle que soit l’issue de la crise, le Maroc a gagné un nouvel ami dans ce pays en la personne de Juan Guaido qui est une grande figure politique de son pays et président de l’Assemblée Nationale du Venezuela », ajoute Mohamed Bouden.
Hormis la position officielle, quelques partis marocains notamment de la gauche, ont exprimé des positions différentes à ce sujet, mais pour Mohamed Bouden seule prime la question nationale sur toute autre considération d’idéologie politique. D’autant plus que Nicolas Maduro a toujours exprimé une hostilité manifeste à l’égard du Maroc. Aujourd’hui s’ouvrent donc de nouvelles perspectives entre ces deux pays qu’il faut saluer et encourager.
Et ce d’autant plus que ce tournant s’inscrit dans une dynamique diplomatique enclenchée par le Royaume avec les pays d’Amérique Latine qui ont graduellement laissé tomber certains clichés sur le Maroc et sur le dossier du Sahara. En effet, l’Amérique Latine a été un rempart du polisario.
« Il est sûr que les nouveaux amis du Maroc en Amérique Latine y sont pour beaucoup dans l’établissement d’un premier contact entre Juan Guaido et Nasser Bourita. Nous avons constaté une intensification des actions aussi bien diplomatiques que parlementaires entre le Maroc et certains pays d’Amérique Latine », insiste Mohamed Bouden.
Un important travail a été également effectué par nos ambassadeurs pour corriger la perception tronquée qu’avaient certains pays sur le nôtre.
Aussi, pas plus tard que ce mercredi 30 janvier, le Congrès colombien réaffirmait depuis Rabat sa position en faveur d’un règlement « politique, juste et durable » à la question du Sahara sur la base de l’initiative marocaine d’autonomie, tout en condamnant les “pratiques inhumaines” infligées aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf. En décembre dernier, les deux chambres du Congrès colombien avaient adopté une résolution exprimant sans équivoque leur plein soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Maroc, tout en dénonçant les graves violations des droits de l’Homme ainsi que les pratiques inhumaines auxquelles sont soumises les populations séquestrées par le polisario dans les camps de Tindouf.
Le congrès colombien emboîte le pas au Parlement Andin, qui, réuni en conclave, le 30 mai 2018 à Pucon au Sud du Chili, avait exprimé à l’unanimité son total soutien à l’Initiative marocaine d’autonomie, faisant dans ce cadre mention de la résolution 1754 du Conseil de Sécurité du 30 avril 2007, que le Conseil qualifie de sérieuse et crédible.
Toujours en 2018, le Maroc et les pays du Mercosur manifestaient leur volonté commune de renforcer davantage leurs échanges commerciaux. En effet, en octobre dernier le Chef du Gouvernement, Saâd Eddine El Othmani et le président du Parlement du marché commun d’Amérique du Sud (Parlasur), Tomas Bittar Navarro, ont exprimé, à Rabat, leur aspiration à aboutir, dans les plus brefs délais, à un accord régissant les échanges commerciaux entre le Maroc et le groupement économique d’Amérique latine (Mercosur).
A la même période a été inaugurée l’Ambassade de l’Organisation des Etats de la Caraïbe orientale à Rabat, la première représentation du genre en Afrique et dans le monde arabe.
On notera également la position du Paraguay qui réaffirme son engagement clair de soutenir l’intégrité territoriale du Royaume. Comme l’a souligné le ministre paraguayen des Affaires étrangères, Luis Alberto Castiglioni en marge de la cérémonie officielle d’investiture du nouveau président du Paraguay, Mario Abdo Benitez. Cérémonie à laquelle avait pris part Habib El Malki.
Et pas plus tard que ce mois de janvier, sur ordre royal, le Chef du Gouvernement, Saâd Dine El Otmani, s’était rendu à la capitale brésilienne pour représenter le Souverain à la cérémonie officielle d’investiture du nouveau président brésilien élu, Jair Bolsonaro.
Il s’agit donc d’une dynamique irréversible qui fait tomber les derniers remparts du polisario… et triomphe pour notre intégrité territoriale.