Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), présidé par Abdellatif Jouahri ce 27 septembre 2022, a décidé de relever son taux directeur de 50 points de base (0,5%), le ramenant à 2%.
« Pour prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, le Conseil a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 2% tout en continuant à suivre de près la conjoncture économique, aux niveaux national et international, et en particulier l’évolution des pressions inflationnistes ».
Commentant les motivations de ce revirement de BAM entre juin et septembre et son impact sur la croissance, le Wali de la banque centrale explique : « L’impact de la hausse du taux directeur n’est pas énorme sur la croissance, autour de 0,1 et 0,2 point. L’enjeu pour nous a été véritablement de juguler l’inflation, de prévenir le désancrage des anticipations de sorte à ce que l’inflation ne s’installe pas, ne se généralise pas et ne dure pas et c’est là l’un des apports essentiels d’une banque centrale à l’économie. Entre juin et septembre nous avons constaté une diffusion de l’inflation vers les produits intérieurs et services… tout cela démontre que nous sommes peut-être face à un risque de généralisation de l’inflation appelée à dure. Il fallait immédiatement réagir à cette situation ».
Abdellatif Jouahri dit partager l’analyse économique de certaines banques centrales selon lequel « il vaut mieux payer un prix léger en agissant rapidement et efficacement sur l’inflation à travers le rehaussement du taux directeur de la banque centrale, plutôt que d’attendre que l’inflation se généralise et dure au risque de devoir prendre des mesures draconiennes et qui vont avoir des conséquences autrement plus négatives, à la fois sur les particuliers que sur les entreprises ».
Le Conseil a noté que l’économie continue de pâtir de cet environnement externe défavorable et des répercussions d’une sécheresse particulièrement sévère, avec une nette décélération de la croissance et une forte accélération de l’inflation.
Cette dernière continue d’être alimentée par des pressions d’origine externe, mais les dernières données disponibles montrent une large diffusion vers les prix des produits non échangeables. Par rapport à ses prévisions de juin, Bank Al-Maghrib table désormais sur un niveau d’inflation nettement plus élevé en 2022 à 6,3%, suivi d’un ralentissement moins marqué en 2023.
En termes de croissance, elle marquerait selon les projections de Bank Al-Maghrib, un net ralentissement cette année à 0,8%, résultat d’un recul de 14,7% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles.
En 2023, elle s’accélérerait à 3,6% en lien avec la hausse prévue de 11,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. Les activités non agricoles continueraient en revanche de ralentir, leur rythme devant revenir à 2,5%.