Le rapport tant attendu du président de la Commission africaine, Moussa Faki Muhamat, sur le dossier du Sahara vient réaffirmer que toute résolution ne peut se faire que sous l’égide des Nations unies. Ce qui est en ligne avec la position du Maroc et la conforte. Mais également ce que préconise les Nations unies qui ont exprimé leur volonté de coopérer avec l’Union africaine certes, mais mettent en garde contre le lancement de toute initiative parallèle ou concurrente aux efforts menés par l’institution onusienne, comme le rappelle ce rapport de Faki Muhamat dans son article 19. D’ailleurs dans l’article 12 dudit rapport, le Maroc rappelle fermement que l’UA, en reconnaissant cette prétendue république, s’est exclue elle-même des efforts déployés pour trouver une solution à ce conflit.
Par ailleurs, le rapport a proposé la mise en place d’une Troïka composée de l’ancien, l’actuel et le prochain président de l’UA, à savoir Alpha Condé, Paul Kagamé et Abdelfattah Sissi, en plus de Moussa Faki Muhamat. Le rôle assigné à cette Troïka est de soutenir efficacement le processus onusien et d’être le seul cadre qui traitera de ce dossier au sein de l’UA.
Cela dit, le rapport soumis au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA remet sur la table la question de référendum en recommandant de réfléchir à la réouverture du bureau de l’Union africaine auprès de l’ONU pour le référendum au Sahara. Une proposition ambiguë, qui au lieu de faire avancer le dossier nous ramène plus de dix ans en arrière, puisqu’elle semble savamment ignorer l’initiative marocaine d’autonomie présentée au secrétaire général de l’ONU, le 11 avril 2007. Faut-il rappeler aussi que le 30 avril 2007, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1754, qui marque un véritable tournant, notamment l’absence de toute référence aux propositions antérieures, allusion faite au Plan Baker II, et laquelle résolution demande aux parties et aux Etats de la région de continuer à coopérer pleinement avec l’Organisation des Nations Unies et les uns avec les autres pour mettre fin à l’impasse actuelle et aller de l’avant vers une solution politique. Ladite résolution fait montre de
l’appréciation «des efforts sérieux et crédibles» du Maroc et de la consécration de la négociation comme mode voulu par la communauté internationale pour la résolution de ce différend.
Mieux encore, dans sa résolution 2414 d’avril 2018, l’ONU rappelle son rôle d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable. Une résolution, comme ses précédentes, qui prend note de l’initiative marocaine d’autonomie, proposition à laquelle s’attache le Maroc comme seule solution possible au conflit. A la lumière de ce qui précède, la diplomatie marocaine doit se remémorer les leçons du passé, rester très vigilante et barrer la route à toute interprétation juridique ambiguë qui se cacherait entre les lignes de ce rapport.