De qualité, et de laquelle aucun homme politique ne peut se soustraire. Or, le nouveau discours du Chef de gouvernement ce lundi a à nouveau démontré le contraire.
Une communication efficace n’est pas de trop, car au lieu de servir le fait qu’elle soit simplement dite- et c’est souvent l’abstraction dont on est le plus friand- elle doit être dite pour servir les conséquences qui doivent par la suite être produites. Et en la matière, à qui M. El Otmani s’était-il adressé le 18 ?
- Situons l’enjeu de la rencontre, et l’absence d’horizon commun qui justifiait l’attente.
En somme, on pensait que « déconfiner » signifiait qu’il faudrait bien en amont préparer. Or, pour l’instant, on ne fait que répéter. Y’aurait-il à comprendre qu’il faille à nouveau « prolonger », ou est-ce qu’il n’y a en rien lieu de coordonner ? Mais alors, elle est donc où véritablement la vérité ? Cela veut-il dire qu’on sera tous après le 10 juin libérés, mais aussi peut-être plausiblement contaminés, et donc à nouveau confinés ? Vastes ambiguïtés !
Non que la situation interlocutive était attendue sur une levée de l’état d’urgence,- on le supputait- mais que le public réceptif s’attendait à concevoir les formes progressives de retour à l’état de permanence. Ce discours n’ayant pas honoré sa promesse énoncée, c’est-à-dire l’amorce des mesures de « déconfinement », il était de trop et en ces termes-là, il y’avait lieu de s’en passer.
Une communication réussie devait servir au moins de masque à des enjeux qui ne sont pas clairement situés, encore moins largement partagés.
- Un discours de trop, parce qu’il a désordonné le tri par lequel les citoyens ont établi une logique dans la pratique.
Porter la seconde date d’un supposé « déconfinement » vers le 20 mai semblait se mesurer à travers le palier du mois qui sépare le 20 mars du 20 avril, et celui qui sépare le 20 avril du 20 mai. Une logique simplement supposée collectivement. Puisqu’il s’avère qu’un 10 juin n’est pas au même palier de mesure, pourquoi n’a-t-on pas décrété depuis le début la date du 27 mai comme date de sortie, qui aurait été acquise en toute logique, quitte à redéployer un prolongement de 15 jours après pour faire l’annonce de ce qui doit se préparer?.
Une annonce porte une valeur, une qualité. Pour celui qui énonce comme pour ceux à qui elle est adressée. Autrement, toute la communication est biaisée, vu que le crédit de cohérence est d’emblée ravalé. Qui de l’orateur ou de l’écouteur manque de valeur ou de qualité ? N’est-ce pas une marque de respect ?
- Une communication de trop…et dans le tard
Car ce qu’a produit M. El Otmani comme acte le lundi devait se produire il y’a un mois déjà. Le mois écoulé devait servir à préparer la sortie.
Si une communication efficace ne se limite pas à sa simple énonciation, car elle doit produire des compétences, les compétences civiques à mettre en place pour entériner la réussite du confinement devaient être l’objet du discours, même en repoussant à nouveau les échéances du « déconfinement ». Sauf à estimer que le « déconfinement » ne se soumet à aucune astreinte, aussi bien collective qu’individuelle, ce qui rend les 2 mois de confinement illégitimes. Selon cette logique, on peut admettre que le « déconfinement » puisse ne pas avoir lieu dans 3 semaines, car sa mise en place doit prendre lieu aujourd’hui, et qu’un non-lieu a encore lieu à date d’aujourd’hui.
- De trop, trop tard, et avec un peu trop de fards.
Car M. El Otmani pour ramener vers l’arrière sa fuite en avant, sonnant le glas par un discours soliloquant, a fait étalage de sensibleries pour compenser des manques et quelques consentis oublis. Aussi, les promesses périphériques sur la 2ème partie du discours ont vaguement donné le sentiment de cet imminent retour du temps d’avant, au ralentissement de la cadence du temps d’exécution. N’était-il pas respectable de servir la loyauté et la transparence, pour qu’en retour tous servions l’action et la déférence ? N’est-ce pas dommage d’échouer si près du but à cause de quelques incohérences ?
Nous avons sensiblement manqué de communication consistante et professionnelle pendant les 2 mois de confinement, mais c’était encore envisageable et acceptable au nom de l’unité de la nation, que toute la nation a d’ailleurs chaleureusement applaudi par tant d’ovations. Le retour à la “normalité” ne signifie pas le retour au temps d’avant, mais à la place à libérer pour toute la Nation, comme par un temps de confinement.
Il peut nous arriver de bien commencer, mais il nous arrive souvent de ne pas, ou pas assez bien, achever, faut-il le regretter.