A la lumière de plusieurs éléments et dans l’attente des derniers chiffres de la récolte céréalière, BMCE Capital Global Research a maintenu son scénario économique anticipant toujours dans sa composante centrale une croissance du PIB limitée à +2,7% pour le moment. Les détails.
Les chiffres de la note de conjoncture du Haut-commissariat au Plan -HCP- au premier trimestre de l’année en cours font ressortir une croissance du PIB de +3,0% (contre une progression de +0,3% au même trimestre une année auparavant) confirmant ainsi les projections de reprise économique attendue.
Ce rebond de l’économie marocaine serait essentiellement attribuable au redressement de la valeur ajoutée -VA- agricole de +2,1% (vs. un repli de -14,3% au T1 2022) et à l’amélioration de la VA non agricole de +3,2% au T1 2023 (contre +2% à la même période de l’année précédente).
Pour le deuxième trimestre et toujours selon le HCP, la croissance devrait se fixer à +3,2% portée principalement par la reprise de l’activité agricole au rythme de +2,9%. Toutefois, les conditions météorologiques défavorables des dernières semaines laissent présager une campagne agricole moins bonne que prévue initialement et, par conséquent, une possible revue à la baisse des projections de croissance.
Dans ce contexte et en dépit de facteurs mitigés, à savoir (i) l’inflation tenace et son impact sur le pouvoir d’achat des ménages, (ii) les effets attendus du resserrement de la politique monétaire sur le dynamisme économique et (iii) la direction inquiétante prise par la campagne agricole, l’agence de notation FITCH a maintenu à la dette du Maroc la note « BB+ » avec des perspectives stables.
En effet et même si l’institution n’a pas gratifié le Maroc de « l’Investment grade » souhaité, elle semble rassurée par la capacité du pays à faire preuve de résilience, notamment compte tenu de (i) la politique macroéconomique saine et du cadre institutionnel ayant soutenu la résilience aux chocs, (ii) la composition favorable de la dette et (iii) le coussin confortable de liquidité en devises.
Au vu de ce qui précède, l’agence américaine table sur une croissance du PIB marocain de +3,0% en 2023 et ce, sous l’hypothèse de moins en moins probable d’une bonne production agricole (vs. +2,6% pour les pronostics de BANK AL-MAGHRIB et +2,7% pour notre scénario central).
Pour l’évolution des prix, l’agence de rating anticipe un recul de l’inflation à une moyenne de +5% en 2023 (contre +6,6% en 2022), profitant de la hausse des taux d’intérêts dans le sillage de la politique monétaire restrictive, de la baisse des prix mondiaux des matières premières et de l’atténuation des pénuries d’approvisionnement. Pronostic qui semble se confirmer puisqu’après le pic atteint en février, une détente des prix commence d’ores et déjà à être observé avec un IPC en décélération à +8,2% en y-o-y (contre +10,1% un mois auparavant) et ce, même si les produits et services de premières nécessités continuent de croître (+16,1% pour l’alimentation et +7,6% pour les transports).
Dans le même sens, l’Indice des Prix à la Production du secteur des industries manufacturières hors raffinage du pétrole -IPPI- ressort en décélération à +3,0% à fin mars en glissement annuel (contre +3,6% à fin février 2023).
Au volet des échanges extérieurs, le déficit commercial continu de se creuser de +13,6% à -72,6 Mds de DH comparativement à la même période de l’année passée pour un taux de couverture se fixant à 60,1% (vs. 61,3% à fin mars 2022).
Cette orientation négative dénote de la hausse des importations de +10,1% à 182,2 Mds de DH, traduisant l’augmentation des achats des biens d’équipements de +22% et des produits alimentaires de +16,9%, non compensée par la modeste performance de +8,0% de nos exportations à 109,6 Mds de DH.
Encore une fois, cette dégradation des termes de l’échange semble heureusement moins dommageable pour la balance des paiements du fait du bon comportement des recettes MRE, de celles de voyages et des flux nets d’IDE, lesquels ont respectivement augmenté de +16,0% à 27,1 Mds de DH, de +2,4x à 24,6 Mds de DH et de +10,4% à 4,6 Mds de DH.
S’agissant des finances publiques, FITCH anticipe un allègement du déficit budgétaire passant de -5,1% du PIB en 2022 à -4,9% en 2023, grâce notamment au plan d’assainissement budgétaire du Gouvernement qui prévoit : (i) une transition vers un système ciblé de transferts monétaires d’ici 2025, (ii) une réforme fiscale, (iii) une harmonisation de la TVA, (iv) la financiarisation des actifs publics à travers les financements innovants et (v) l’augmentation des dividendes des entreprises publiques.
L’amélioration du budget de l’Etat est, pour le moins, bien perceptible au terme des trois premiers mois de l’année avec un solde ordinaire excédentaire de +5,9 Mds de DH (vs. -191 MDH à fin mars 2022), reflétant un niveau de recettes bien supérieur à celui des dépenses.
A la lumière de ses éléments et dans l’attente des derniers chiffres de la récolte céréalière, BMCE Capital Global Research a maintenu son scénario économique anticipant toujours dans sa composante centrale une croissance du PIB limitée à +2,7% pour le moment. En revanche, la cartographie des risques et des opportunités a été mise à jour intégrant à la hausse l’impact d’une mauvaise campagne agricole (en négatif).