Tous les regards seraient portés sur la prochaine réunion de Bank Al-Maghrib (BAM) mardi prochain pour découvrir si un virage de la politique monétaire nationale serait enfin engagé.
Si le dernier comité s’est soldé par l’adoption d’une position de Wait and See en attendant d’y voir plus clair, le prochain devrait plutôt apporter une riposte face au cataclysme de l’année, l’inflation !
Les principales banques centrales du monde sont déjà allées plus loin, en guise d’exemple, la réserve fédérale américaine a frappé fort avec un cycle de hausses successives de son taux, portant celui-ci à un niveau jamais vu depuis la crise de 2008.
Au Maroc, l’Indice des Prix a fortement augmenté pour se situer à +8% à fin août en glissement annuel, situation qui devrait a priori se poursuivre au moins jusqu’à fin 2022.
Certes les prix des hydrocarbures ont affiché une certaine détente dernièrement, mais cela ne s’est pas totalement conjugué sur les prix à la pompe en raison notamment de la hausse continue du Dollar.
Idem pour les autres commodités (lesquelles sont pour la plupart libellées en Dollar), leurs prix sont portés à la hausse suivant la tendance du billet vert.
Dans ces conditions, une action sur le taux directeur de la BAM est jugée nécessaire pour limiter le dérapage de l’inflation et ramener celle-ci à son seuil fixé à 2%.
La physionomie actuelle du marché monétaire le permet, notamment avec une liquidité (indicateur M3) en hausse de +3% en y-t-d et un taux débiteur moyen inférieur de 15 pbs par rapport à celui enregistré au terme de l’année passée.
Pas besoin toutefois de rappeler les enjeux de la croissance et le risque de compromettre celle-ci en cas de révision excessive du taux. Qui plus est, la courbe obligataire ne cesse pas de s’apprécier malgré le bon comportement des recettes fiscales qui se sont accrues de +20% et l’atténuation du déficit budgétaire de -38% à fin août en rythme annualisé.
La hausse des taux obligataires devrait s’accentuer davantage au dernier trimestre de cette année avec le remboursement prévu d’une lourde échéance avoisinant 1,5 milliards USD si l’argentier du Royaume décide de recourir encore une fois au marché intérieur de la dette, un choix qui reste probable (malgré son impact sur la réserve de change) compte tenu de l’augmentation des spreads au niveau du marché des obligations souveraines.
Ainsi, la résorption de l’inflation, couplée à l’impératif de maintenir l’équilibre des marchés financiers, fait qu’une augmentation de +25 pbs serait largement suffisante pour une normalisation raisonnable et progressive du dispositif monétaire national.
Yassine Hmimi, docteur en sciences de gestion et spécialiste des marchés financiers