Ecrit par S. Es-Siari |
» Le Conflit en Ukraine : quel impact sur le monde, le Maroc et l’Afrique ? », telle est la thématique sur laquelle s’est penchée le Forum de l’IMRI vendredi et samedi derniers. Le conflit n’étant pas encore terminé, les conséquences sur l’économie mondiale ne font que s’alourdir et les perspectives s’aggravent.
Dans son discours d’ouverture, le président de l’IMRI Jawad Kerdoudi a tenu à expliciter le conflit en Ukraine. En résumé, il rappelle qu’en 1991, l’Ukraine a proclamé son indépendance suite à la dislocation de l’URSS. L’Ukraine entretenait de bonnes relations avec la Fédération de Russie jusqu’à la révolution de Maiden qui avait abouti à la formation d’un gouvernement pro-européen.
Il s’en est suivi l’annexion de la Crimée par la Russie le 18 mars 2014, et le déclenchement d’un conflit armé au Donbass à l’Est de l’Ukraine où une partie de la population est russophone. Entretemps l’Ukraine a manifesté son souhait d’adhérer à l’Union Européenne et à l’OTAN.
Fin 2021, les relations entre la Russie et l’Ukraine se sont aggravées avec un grand déploiement de l’armée russe à la frontière de l’Ukraine, suivi par l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022.
A noter que l’Occident a condamné vigoureusement l’occupation russe de l’Ukraine qu’il considère contraire au droit international, a pris des sanctions très sévères contre la Russie, et a fourni des armes lourdes et des renseignements à l’Ukraine.
Cela dit, le conflit armé en Ukraine a entraîné une résurgence de la guerre froide entre l’Occident (Amérique du Nord, Europe, Australie) et le bloc de l’Est (Chine, Russie, Iran).
Les pays émergents ont quant à eux adopté une position de neutralité entre les deux blocs. C’est le cas de la Turquie, de l’Inde, de l’Afrique du Sud et du Brésil. L’Afrique est divisée en deux : 28 pays ont condamné l’occupation russe et 25 se sont abstenus ou n’ont pas pris au vote comme c’est le cas du Maroc, lors du vote de la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU du 2 mars 2022.
Quelles répercussions économiques ?
A rappeler que ce conflit en Ukraine a entraîné une hausse considérable des prix des produits alimentaires et énergétiques (pétrole et gaz) occasionnant une inflation de 6,6% dans les pays avancés et 9,6% dans les pays émergents. Dans son discours à l’ONU, le président américain a indiqué que 193 millions dans le monde sont confrontés à une insécurité alimentaire aigue. La croissance de l’économie mondiale qui était de 6,1% en 2021 va tomber à 3,2% en 2022 et 2,9% en 2023. Il est prévu pour l’Afrique une croissance de 3,8% en 2022 et 4% en 2023.
Le conflit exacerbe, en effet, la montée vertigineuse des prix. Le FMI table sur une inflation de 5,7 % cette année pour les pays avancés (+1,8 point) et de 8,7 % (+2,8 points) pour les économies émergentes et en développement. Selon les projections très récentes de l’OCDE, la croissance du PIB mondial devrait ralentir pour s’établir à 3 % en 2022 et entre 2,75 et 3 % en 2023.
Dans les économies de l’OCDE, l’Organisation anticipe maintenant que la croissance ralentira pour s’établir à 2,7 % en 2022 et à 1,6 % en 2023, le niveau de la production en 2023 étant inférieur d’environ 2 points au niveau prévu précédemment.
Le coût économique de la guerre menée par la Russie en Ukraine frappe durement les pays européens. L’UE a réduit ses prévisions de croissance en les faisant passer de 4 à 2,7 % pour cette année et de 2,8 à 2,3 % pour 2023. La prévision de croissance pour l’Allemagne de 1,6% est l’une des plus faibles en Europe. L’Allemagne avec son écosystème industriel est fortement intégrée aux pays voisins dont l’Ukraine.
Quant au Maroc, l’inflation a atteint 8% au mois d’août 2022, et la croissance 1% suite à une mauvaise campagne agricole en plus du conflit ukrainien.
Dans son intervention, le président de l’IMRI appelle à une réforme profonde de l’ONU afin d’anticiper et de régler les conflits avant leur déclenchement.
Voir également : [PODCAST] SAÏD EL HACHIMI S’EXPRIME SUR L’IMPACT DE LA CRISE EN UKRAINE SUR LE COMMERCE MONDIAL