ment Ecrit par Lamiae Boumahrou I
C’est fait, le gouvernement va enfin crever l’abcès de la compensation. Tant attendue, la réforme de la Caisse de compensation entrera enfin en marche. Elle démarrera 3 mois après la date de démarrage de l’octroi des aides sociales directes.
En effet, après avoir reporté à plusieurs reprises ce chantier décisif, le gouvernement a enfin pris par les cornes cette réforme ô combien nécessaire pour réussir le défi de la généralisation de la protection sociale. C’est le Chef du gouvernement qui a annoncé, ce lundi 23 octobre au Parlement en marge de l’annonce de l’activation de l’aide sociale directe, le démarrage de la décompensation. « Le budget de l’État ne sera pas en mesure de financer l’aide sociale directe tout en supportant l’intégralité du coût du système de compensation », a souligné A. Akhannouch.
Ainsi, la décompensation va démarrer progressivement dès 2024 jusqu’à 2026. Et pour cause, le budget nécessaire pour financer le programme d’aide sociale directe s’élève à 25 Mds de DH en 2024 pour atteindre 29 Mds de DH en 2026. A ce budget s’ajouteront les 10 Mds de DH que l’Etat alloue annuellement pour financer la couverture sanitaire des familles pauvres et défavorisées.
A partir de 2026, le budget nécessaire à la couverture sanitaire et l’aide sociale direct sera d’environ 40 Mds de DH/an. Il va bien falloir mobiliser ces ressources financières pour garantir la viabilité et la durabilité des 2 premières phases du chantier de la généralisation de la couverture sociale.
Akhannouch a précisé que le gouvernement a pris un certain nombre de mesures nécessaires pour sécuriser et mobiliser ce financement.
Ainsi, 20 Mds de DH seront mobilisés d’ici trois ans par le budget de l’Etat et 6 Mds de DH des recettes fiscales liées à la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices et revenus des entreprises, dans le cadre de leur implication responsable dans la réussite de ces chantiers nationaux.
En plus des recettes de la contribution libératoire sur les biens et valeurs établis à l’étranger, 15 Mds de DH seront mobilisés par la réorientation des budgets alloués aux filets de la protection sociale antérieurs. Tandis que 9 Mds de DH seront mobilisés des réserves du Fonds d’Appui à la Protection Sociale et à la Cohésion Sociale au titre de l’année 2024 uniquement.
Et enfin, la réorientation de 12 Mds de DH à l’horizon de l’année 2026 et à compter de 3 mois après le début du décaissement des aides sociales directes, à travers la réforme progressive de la Caisse de la compensation.
Cela dit, les prix des produits subventionnés (blé, butane et sucre) dans le cadre du système de la compensation vont augmenter à partir d’avril 2024. Le chef du gouvernement a précisé que le prix du gaz butane passera de 40 à 50 DH à partir d’avril prochain soit une hausse de 10 DH chaque année jusqu’à 2026. Nous déduisons, selon l’exemple fourni par le chef du gouvernement, que le prix de la bonbonne de gaz passera de 40 DH à 70 DH en avril 2026.
« Il s’agit d’un plafond et non d’une libération, par souci d’équité envers les familles », a précisé le chef du gouvernement. On ignore les hausses qui seront appliquées au blé tendre et au sucre. Mais ce qui est certain c’est que les prix vont augmenter progressivement à partir d’avril 2024 jusqu’à 2026.
Un nouveau coup dur pour la classe moyenne qui doit faire face en plus des hausses successives des matières premières, des hydrocarbures et bientôt de l’eau et l’électricité, à une hausse des prix de 3 produits de première nécessité. Il est vrai que cette réforme était prévisible étant donné que l’article 13 de la loi cadre sur la protection sociale stipulait que les ressources de la caisse de compensation vont servir à financer ledit chantier. Mais on ne s’attendait pas à d’autres augmentations en même temps l’occurrence celle de la facture énergétique.
Espérons seulement que le gouvernement sait bien où il met les pieds au risque de faire basculer une bonne partie de la classe moyenne dans le méandre de la pauvreté et, par conséquent, se retrouver avec une population bien plus importante à soutenir que celle sur laquelle le gouvernement avait établi ses précisions.