Trois leviers sont nécessaires pour renforcer la résilience des finances publiques en mobilisant la politique budgétaire. Le premier consiste à se doter d’un cadre solide pour la conduite de la politique budgétaire et la gestion des risques budgétaires. Le deuxième principe consiste à planifier et à investir sur le long terme pour surmonter les difficultés liées au changement climatique. Le troisième principe consiste à accroître les recettes fiscales. Détails.
Le septième Forum arabe des finances publiques s’est ouvert, dimanche à Dubaï sous le thème « La viabilité budgétaire dans le monde arabe après la pandémie de Covid-19 : défis et opportunités ».
Dans son intervention, Kristalina Georgieva, Directrice Générale du FMI a souligné que tous peuvent s’inspirer de la détermination et de l’esprit d’équipe des footballeurs marocains des Lions de l’Atlas lors de la coupe du monde organisée par le Qatar, pour faire face à l’année 2023 chargée de défis et de risques.
Particulièrement le durcissement des conditions financières, au niveau national comme au niveau international, pourrait entraîner une forte hausse des coûts de l’emprunt et, dans certains cas, l’assèchement des financements. Au niveau national, tout retard pris dans la mise en œuvre de réformes indispensables risquerait de compromettre les perspectives économiques et les finances publiques des pays de la région MENA.
Pour la DG du FMI, trois principes directeurs peuvent aider les pays à renforcer leur résilience en mobilisant leur politique budgétaire.
Le premier de ces principes consiste à se doter d’un cadre solide pour la conduite de la politique budgétaire et la gestion des risques budgétaires. Dans un monde marqué par les chocs et l’incertitude, la conduite de la politique budgétaire gagne en importance, mais aussi en complexité.
« Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la volatilité des prix de l’énergie et des denrées alimentaires dans la région, qui contraint les autorités à intervenir pour protéger les plus fragiles, tout en préservant leurs plans de développement et d’investissement. À cette fin, elles doivent disposer de ressources financières suffisantes et planifier minutieusement leur emploi. Pour y parvenir, le Maroc élimine progressivement les subventions onéreuses et non ciblées pour les remplacer par des aides sociales ciblées. La Mauritanie a décidé d’ancrer sa politique budgétaire sur un niveau de référence pour surmonter la volatilité des recettes qu’elle tire de ses exportations minières ; elle a également augmenté les prix des combustibles de 30 % en réduisant les subventions. Enfin, certains pays exportateurs d’énergie profitent des périodes où les cours sont élevés pour constituer des réserves, afin de mieux affronter la volatilité des prix du pétrole », explique la DG du FMI.
Elle estime que les États doivent également composer avec de nombreux risques budgétaires qui pourraient découler, notamment, des garanties publiques et des pertes essuyées par les entreprises d’État ; ces risques peuvent déstabiliser l’endettement et forcer les pouvoirs publics à réduire de manière draconienne des dépenses pourtant vitales. Pour mieux y faire face, l’Égypte améliore le suivi de ce type de risques.
En outre, plusieurs pays arabes adoptent des cadres budgétaires à moyen terme réalistes. Cette mesure est indispensable pour atténuer les risques lorsqu’ils viennent à se matérialiser, et permet aux autorités de maintenir des dépenses essentielles, stabiliser la dette publique et inspirer confiance aux investisseurs, selon Kristalina Georgieva.
Elle rappelle d’ailleurs que le FMI aide plusieurs de ses pays membres à se doter de tels dispositifs.
Le deuxième principe consiste à planifier et à investir sur le long terme pour surmonter les difficultés liées au changement climatique. De l’Afrique du Nord à l’Asie centrale, la région se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde.
Il est non seulement urgent de réduire partout les émissions de gaz à effet de serre, mais il faut aussi prendre des initiatives dans de multiples domaines. « Par exemple, pour accroître la capacité d’adaptation de la région, il est essentiel que les pays investissent dans des infrastructures résistantes aux effets du changement climatique et dans des systèmes d’alerte précoce. Les investissements dans les énergies renouvelables et la décarbonation de l’économie des pays de la région sont tout aussi indispensables », explique Kristalina Georgieva.
Les autorités des pays de la région ont chiffré à plus de 750 milliards de dollars leurs besoins de financement pluriannuels en la matière. De tels besoins ne seront satisfaits qu’à condition que des politiques publiques et des solutions financières judicieuses soient mises en place pour favoriser un climat propice au financement privé de l’action climatique.
Le troisième principe consiste à accroître les recettes fiscales. Pour investir dans un avenir plus résilient, nous devrons renforcer davantage les politiques et les administrations fiscales. De nombreux pays de la région ont nettement augmenté leur capacité fiscale.
Pourtant, le ratio moyen impôts/PIB, hors recettes tirées des hydrocarbures, n’est encore qu’à environ 11 %, ce qui représente moins de la moitié des recettes fiscales potentielles.
La DG du FMI estime qu’il est possible d’obtenir de meilleurs résultats en améliorant la conception des politiques fiscales et en mettant fin aux exonérations fiscales qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.
Pour augmenter les recettes de l’État, il est également essentiel de moderniser l’administration fiscale ; les solutions numériques peuvent jouer un rôle utile à cet égard.