La recommandation de Bank Al Maghrib aux établissements de crédit pour la suspension jusqu’à nouvel ordre, de toute distribution de dividendes au titre de l’exercice 2019 est tombée comme un couperet.
Cette recommandation permettrait aux établissements de crédit de conserver des fonds propres suffisants pour faire face aux effets de la crise et préserver ainsi leur capacité d’octroi de financement dans ces circonstances exceptionnelles.
En effet, dans un contexte marqué par un ralentissement de l’activité bancaire avec un quasi-arrêt total de la production de crédits notamment à l’immobilier, à l’investissement, à la consommation…, la suspension des dividendes associée aux mesures d’assouplissement adoptées par BAM éviteraient tout besoin de recapitalisation ou tout choc exogène, nous explique un analyste de salle de marchés. C’est aussi pour préserver la capacité des sociétés de financement à pouvoir financer la relance de l’économie.
Bien que le retour sur dividendes des banques (or dividendes exceptionnels) ne soit pas aussi important que les autres valeurs (entre 2,5 à 5%), ces dividendes constituent pour une bonne partie des actionnaires minoritaires notamment les personnes physiques une source de revenu vitale voire même la seule source de revenu.
Rappelons que les actionnaires ne sont pas uniquement des riches ou des institutions qui peuvent se passer de ces dividendes mais aussi une frange de la population composée de veuves, de retraités, d’employés de classe moyenne…
Ceux qui ont fait le choix de placer une partie de leur beurre dans des actions pour garantir un revenu annuel risquent d’être déçus en ces temps de crise. Retirer à cette catégorie ces dividendes sur lesquels bon nombre d’actionnaires comptent pour boucler les fins de mois, c’est les faire basculer dans la précarité. Malheureusement, cette catégorie ne peut même plus bénéficier des mesures de soutien prévues par l’Etat pour venir en aide aux familles les plus impactées par la crise sanitaire.
Selon un expert, cette catégorie d’actionnaires est pourtant facilement identifiable par les institutions qui distribuent les dividendes. Pourquoi alors mettre tous les actionnaires (institutions et personnes physiques) dans le même panier ? Pourquoi ne pas fixer un seuil pour la suspension des dividendes afin de ne pas léser les plus nécessiteux ?
Surtout que les personnes physiques ne représenteraient qu’environ 10% du portefeuille des banques. Donc le fait de distribuer des dividendes à cette catégorie ne risque pas d’impacter considérablement les réserves des banques d’après l’expert.
Les actionnaires minoritaires dos au mur
Nous avons appris que bon nombre de ces actionnaires minoritaires sont révoltés par cette mesure dont les conséquences sur leur niveau de vie ne sont pas à négliger.
D’autant plus, l’absence d’une association marocaine des actionnaires minoritaires (AMDAM) pénalise doublement les actionnaires minoritaires dans la mesure où ils n’ont aucune instance pour défendre leur intérêt mais aussi pour attirer l’attention des institutions sur les retombées de cette recommandation sur certains actionnaires. Rappelons qu’en 2003, une tentative de création de l’AMDAM avait échoué et n’a toujours pas été renouvelée.
Nonobstant, le gouvernement, dans une optique de protéger davantage les droits des actionnaires minoritaires, avait adopté deux lois visant à assurer la protection des investisseurs minoritaires à travers la consécration du principe de transparence, de bonne gouvernance et de respect des normes internationales.
Une réforme qui, rappelons-le, a permis au Maroc de gagner des places dans le classement Doing Business 2020. Après avoir reculé dans le classement de 2019 quant à la protection des investisseurs en occupant la 64ème place, le Maroc est parvenu à rectifier le tir et gagner 27 places. Ainsi, le pays a pu se hisser à la 37ème place mondiale en termes de protection des investisseurs minoritaires.
La décision de suspendre les dividendes relatifs à l’exercice 2019 risque donc non seulement de ternir le climat mais aussi de compromettre cette avancée en matière de protection des actionnaires minoritaires les plus vulnérables.
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Je suis a la retraite,et porteurs d’1petit portefeuille d ‘actions bancaires,j’ai 2enfants etudiants ds le superieur, je table sur les dividendes (23000dh/an) pour arrondir ma pension de retraite,a raison de 1916 dh par mois, si Bank Al Maghrib estime que ce petit rendement peut aider nos banques s’en sortir !!!!