Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Depuis l’instauration de l’Etat d’urgence sanitaire en mars 2020, les autorités marocaines ont quasiment interdit tout attroupement ou manifestation sur la voie publique pour éviter toute violation des dispositions dudit état d’urgence. Des violations que l’on constate malheureusement depuis le démarrage de la campagne électorale au su et au vu des autorités. Pourquoi ?
Le droit à la manifestation a quasiment été interdit depuis le déclenchement de la pandémie et l’instauration de l’état d’urgence sanitaire. Les autorités locales ont quasiment rejeté toutes demandes d’attroupement ou de manifestation sur la voie publique pour éviter toute violation des dispositions dudit état d’urgence sanitaire.
Des milliers de citoyens marocains ayant souffert des effets de la crise sanitaire, des mesures restrictives imposées par le gouvernement pour limiter la propagation du virus mais aussi de l’insouciance du gouvernement face à la dégradation de leur situation économique se sont vus refuser le droit à dénoncer les injustices infligées par le gouvernement.
En effet, rappelons que les mesures restrictives dictées par le gouvernement, notamment l’arrêt d’activité de bon nombre de secteurs économiques, n’ont fait que creuser les inégalités sociales et détériorer le niveau de vie de milliers de Marocains.
Certes certains ont pu, après des mois de retard, bénéficier de l’indemnité forfaitaire (2.000DH), notamment les employés déclarés à la CNSS. Toutefois, une grande frange de la population, en revanche les employés de l’informel, a été carrément exclue et écartée du système d’aide. Plusieurs secteurs notamment les hammams, les salles de sport, les traiteurs…, sont restés en arrêt d’activité pendant des mois sans aucune alternative. Et ils le sont encore aujourd’hui.
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Cette frange, non seulement a été privée du droit à la vie, un droit constitutionnel (article 20), mais aussi à celui de faire porter sa voix à savoir le droit à manifester et à contester les décisions de l’Etat.
Un droit prévu, rappelons-le, par l’article 29 de la Constitution qui stipule que : « sont garanties les libertés de réunion, de rassemblement, de manifestation pacifique, d’association et d’appartenance syndicale et politique… ».
Malheureusement, on constate que depuis le démarrage de la campagne électorale, les dispositions de l’état d’urgence sanitaire ne sont plus en vigueur.
Les rues sont inondées par des milliers de partisans des partis politiques qui font leur campagne sans se soucier ni de l’état d’urgence sanitaire, ni des mesures barrières. Rassemblements, mouvements de foule (dans les rues, les souks, les commerces…), distributions de followers, rencontres directes avec les citoyens…, autant de violations qui en disent long sur l’hypocrisie politique.
Et pourtant, la situation épidémiologique est plus alarmante qu’elle ne l’était il y a quelques mois. Faut-il rappeler que le Maroc est en plein pic de la pandémie avec une explosion du nombre des cas Covid, des décès ainsi que des cas graves. Même si les indicateurs de la situation épidémiologique s’améliorent, ceux des décès et des cas graves continuent sur une trajectoire alarmante.
Pourquoi deux poids deux mesures ? Pourquoi les autorités n’interdissent-elles pas ces rassemblements ? Pourquoi les partis politiques ont-ils le droit de violer l’état d’urgence sanitaire au su et au vu des autorités ? Pourquoi les dispositions de l’état d’urgence sanitaire ne sont-elles pas en vigueur ?
On déduit que c’est plutôt l’objet du rassemblement ou de la manifestation qui fait la différence. Aujourd’hui ce n’est pas le peuple qui envahit les rues pour revendiquer ses droits mais ceux qui sont censés veiller à l’application des lois. Ceux qui soi-disant doivent donner l’exemple. Ceux-là même qui sont appelés de par leur devoir à défendre les intérêts des Marocains surtout des plus démunis. A méditer !