Ecrit par Soubha Es-Siari |
A la veille des élections prévues le 08 septembre 2021, quelle valeur accorder à la note de cadrage censée, comme son nom l’indique, cadrer les orientations économiques du pays et servir de document de base pour l’élaboration du Projet de Loi de Finances 2022 ?
Au mois d’août, le Chef de gouvernement a publié la lettre de cadrage pour arrêter les objectifs du projet de Loi de Finances au titre de l’exercice 2022. Saâd Dine El Otmani table pour 2022 sur un taux de croissance de 3,2%. Les hypothèses retenues à cet effet sont un prix moyen de gaz butane de 450 dollars/tonne et une récolte céréalière moyenne de 7 millions de quintaux.
En pareille période, on s’interroge sur le degré de viabilité des hypothèses retenues et sur les éventuelles variables qui risquent de réviser un tant soit peu le taux de croissance. Le but étant de s’assurer in fine de la portée des mesures instaurées et des réalisations socioéconomiques du pays.
On s’interroge par ailleurs sur les chantiers chauds sur lesquels l’équipe aux manettes est appelée à intervenir. Bien que lesdits chantiers ne changent pas de configuration d’un exercice à l’autre, il est toujours judicieux pour nous de faire la piqûre de rappel.
A l’heure actuelle, la question qui se pose d’emblée notamment à la veille des élections prévues le 08 septembre 2021 c’est quel crédit accorder à la note de cadrage censée, comme son nom l’indique, cadrer les orientations économiques du pays et servir de document de base pour l’élaboration du projet de Loi de Finances 2022 ?
La prochaine équipe au pouvoir va-t-elle s’en servir pour son premier exercice ? Ou bien va-t-elle concocter à la dernière minute un autre projet qui prend en considération son programme quinquennal sur la base duquel elle a été élue ? Ou tout simplement nos partis politiques ont-ils pris note de la lettre de cadrage pour l’élaboration de leur programme électoral ? Peut-on s’attendre à un PLF rectificatif ?
Des questions et pas des moindres taraudent l’esprit des citoyens qui ne savent plus à quel Saint se vouer et ce dans un contexte où la crise économique bat son plein. Cette crise s’est traduite, rappelons-le, par de nouveaux besoins sur le plan socioéconomique, par une rareté des ressources et surtout par un recours excessif à l’endettement pour faire face aux vents contraires qui soufflent.
La crise sanitaire du Covid-19 a entraîné dans son sillage la perte de croissance dans différents secteurs à cause d’une sérieuse atonie de la demande. Le marché du travail déplorait 589.000 postes d’emplois perdus au courant du 2e trimestre 2020.
Au 2e trimestre 202l, le taux de chômage maintient son niveau élevé et se situe à 12,8%. Le déficit budgétaire devrait, selon les dernières projections de BAM, s’atténuer graduellement passant de 7,6% du PIB en 2020 à 7,1% du PIB en 2021 et à 6,6% en 2022.
Face aux mêmes défis
En cette année 2021, selon les différentes institutions (HCP, CMC, BAM), les principaux baromètres de l’économie reprennent du poil de la bête, mais nous sommes encore loin des niveaux d’avant la pandémie.
Après une contraction de l’économie de 6,3% en 2020, 2021 devrait en principe être une année de rattrapage suite à la levée des mesures restrictives et le lancement des mesures de relance, mais rien n’est encore sûr face à l’apparition de nouveaux variants et au prolongement de l’état d’urgence sanitaire.
Crise sanitaire ou pas, chaque année le Maroc se retrouve face aux mêmes défis (Education, Santé, Emploi). Tels un serpent de mer, ils réapparaissent à l’occasion de l’élaboration de chaque Loi de Finances. Ils figurent aujourd’hui dans tous les programmes électoraux, c’est du pain béni pour nos partis politiques.
Les différents partis se ressemblent donc dans les engagements pris mais brillent par l’absence de mesures concrètes pour y arriver, de chiffres réalistes et réalisables. Ils puisent discrètement dans le nouveau modèle de développement économique qui va incessamment aboutir au Pacte national auquel ils vont adhérer, mais ils oublient que le NMD a justement pour mission de leur servir de document de base pour élaborer comme il se doit la stratégie de leur mandat.
Une chose est sûre : le Maroc s’apprête à s’engager dans un nouveau virage, à relever de multiples défis socioéconomiques et ce dans un contexte en perpétuelle mutation. La pandémie du Covid-19 est le meilleur exemple.
Il serait donc judicieux pour l’équipe gouvernementale de penser à une nouvelle lettre de cadrage qui prend en compte les objectifs fixés et les engagements pris avec le corps électoral pour démontrer aux citoyens la portée des élections censées garantir le changement dans la transition et pas la continuité. La prochaine équipe au pouvoir devrait s’inscrire dans cette tendance et surtout faire de la bonne gouvernance son principal credo. Faute de quoi les mêmes erreurs produiront les mêmes effets.
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