Vieilles et solides, les relations entre le Maroc et l’Union européenne (UE) n’en demeurent pas moins volages, particulièrement cette dernière décennie. Pourtant, les deux vieux partenaires ont fait un bon bout de chemin ensemble, qu’il est nécessaire aujourd’hui de repenser le partenariat à l’aune des changements opérés dans le monde. Les négociations sur l’ALECA ont-elles une chance de repartir sur de nouvelles bases ?
Accord d’association, Politique européenne de voisinage, statut avancé, ALECA, Déclaration politique de 2019, Nouvel Agenda pour la Méditerranée… le cadre régissant le partenariat entre le Maroc et l’Union européenne (UE) ne cesse d’évoluer, bien que sur certains domaines les retombées peuvent être considérées comme mitigées. Mais le plus important dans ce partenariat vieux de plus de 60 ans est la constance conscience du destin commun vu la proximité géographique et les liens historiques, et la pertinence de travailler ensemble vers un objectif commun.
D’ailleurs, le Maroc a de tout temps occupé une place de choix dans les politiques de l’UE vers le voisinage du sud de la Méditerranée, désormais concurrencé par le partenariat oriental avec d’autres pays de l’Europe ayant rejoint l’Union. Il a eu droit également à quelques mauvaises surprises de la part de l’Union pour ne citer que la position du Parlement européen sur la crise avec l’Espagne ou encore la décision en 1ère instance du Tribunal européen sur les accords agricole et de pêche mais force est de reconnaître la position immuable de la Commission européenne.
Vieilles et solides, les relations entre le Maroc et l’Union européenne (UE) n’en demeurent pas moins volages, particulièrement cette dernière décennie. En effet, les échanges évoluaient en dent de scie et ont fait ne traversée du désert entre 2015, année où les négociations sur l’ALECA ont stoppé net et 2019, année de la déclaration politique conjointe (du 27 juin 2019) et qui désormais marque une véritable relance des échanges entre les deux parties, du moins avant l’avènement du Nouvel Agenda pour la Méditerranée en plein pandémie.
Partenaire privilégié de l’UE, le Maroc s’est félicité de ce nouveau plan doté 7 milliards d’euros pour la période 2021-2027 (non encore ventilés par pays), propose notamment une participation européenne au Fonds d’Investissement Stratégique Mohammed VI, l’accompagnement du Partenariat vert Maroc-UE et des objectifs du Royaume en matière d’énergies renouvelables, le soutien à la mise en place de systèmes de protection sociale, l’appui à la stratégie agricole Generation Green, ou encore, l’appui au secteur de l’enseignement supérieur.
Pour rappel, la nouvelle structuration des relations bilatérales Maroc-UE s’articule en 4 pavés stratégiques (politique et de sécurité, économique et social, valeurs, connaissances partagées) et 2 axes (environnement et changements climatiques ; mobilité et migration).
Mais quelle voie vont-elles emprunter à l’aune de la crise sanitaire et la crise économique actuelle et à l’aune de tensions géostratégiques un peu partout dans le monde ? « Le Maroc à l’union européenne est impératif compte tenu des changements qui s’opèrent un peu partout dans le monde… Pendant ce temps le monde a changé sous l’effet des crises successives et violentes qui l’ont secoué que l’adaptation de ces relations aux réalités du moment s’avère indispensable », souligne le Centre marocain de conjoncture.
Dans un papier consacré aux relations Maroc-UE, le CMC estime que « Aux réformes facilitant l’intégration de l’économie marocaine dans les chaines de valeur européenne s’ajoutent les effets de la pandémie qui sévit, actuellement, sur le monde et qui n’a guère cessé de perturber l’ensemble des acteurs de l’activité économique et sociale au niveau mondial. Ses conséquences sont si lourdes, que les mesures de riposte s’avèrent complexes, difficiles et coûteuses. Elle a aussi montré à quel point les économies et les marchés dépendent les uns des autres. Cette interdépendance devrait être redéfinie à l’avenir dans le cadre de l’accord liant le Maroc à l’Union Européenne de manière à rendre ce partenariat plus inclusif et plus durable pour les deux parties ».
D’autant qu’il est important de capitaliser sur toutes les réformes et chantiers enclenchés, notamment la convergence des acquis communautaires, tous les travaux des commissions techniques dans un esprit d’égal à égal. S’impose la question de savoir quelle place sera accordé à l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) dans le nouvel agenda 2021-2027 ?
Il se trouve justement que l’UE au Maroc a désormais une nouvelle ambassadeure en la personne de Patricia Pilar Llombart Cussac qui aura la lourde tâche d’implémenter le nouvel agenda pour la méditerranée au Maroc.
Pour les conjoncturistes, dans ce contexte marqué par l’émergence de nouveaux besoins tant du côté de l’Europe que du Maroc une révision de l’accord d’association Maroc-Union Européenne s’impose.
Ce dernier devrait, selon les responsables du secteur productif national, avoir pour objectifs prioritaires « la facilitation de l’investissement et l’amélioration de l’accès au marché pour des investisseurs dans des secteurs prioritaires tels que les énergies renouvelables, l’agroalimentaire ou les services numériques ; la réduction des barrières non tarifaires pour les produits industriels et la reconnaissance mutuelle des réglementations et des standards pertinents; la libéralisation et facilitation du commerce, des services et du transport ; la création d’un cadre pour la reconnaissance mutuelle de certaines qualifications professionnelles ; la facilitation du commerce et de l’intégration régionale et continentale ; la création de « one stop shop administratifs » pour les PME afin de promouvoir leur participation aux échanges entre l’UE et le Maroc ; la promotion et la facilitation du commerce en produits agroalimentaires et l’amélioration du climat des affaires ».
Autant de domaines diversifiés qui nécessite un cadre global et clair : l’ALECA ? Mais dans quelles conditions ?
Un vrai challenge dans le contexte actuel.