Ecrit par I. Bouhrara I
La séance plénière du lundi 19 avril à la première chambre était houleuse puisque plusieurs sujets épineux étaient au menu des questions orales des députés. Faisant l’actualité depuis plusieurs semaines, les enseignants contractuels ont fait l’objet d’une question orale à laquelle Saaid Amzazi a livré sa version des faits.
C’est une véritable crise que vit le secteur de l’enseignement au Maroc depuis plusieurs mois, une crise qui a dépassé les murs des établissements pour s’étaler sur la rue, à travers une série de manifestation des enseignants contractuels ou les cadres d’académies régionales. Un sujet qui traine depuis 2016 et que se coltine maintenant le ministre de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saaid Amzazi.
Le lundi lors de la séance des questions orales au Parlement, le ministre a eu droit à deux questions, dont une sur la situation inquiétante du secteur de l’enseignement, posée par l’opposition.
Le ministre qui a hérité de ce mode de recrutement, a expliqué que son département n’a imposé le mode d’embauche régional à personne et reste attaché à garantir le droit des élèves à l’apprentissage.
Il avance même que le taux de participation élevé, croissant et volontaire aux concours de recrutement organisés annuellement par les académies régionales et ce, après que les candidats ont pris connaissance au préalable de toutes les données relatives à la situation professionnelle des cadres des académies, est un argument en faveur de ce mode de recrutement.
D’ailleurs le ministre appuie son propos en chiffres. Ainsi, à compter de fin 2016, l’embauche régional a permis le recrutement de 100.000 cadres ( sur plus de 500.000 candidats) en l’espace de 5 ans, soit l’équivalent de ce qui a été accompli en plus de 20 ans en la matière, de même qu’il a permis la réalisation d’une équité spatiale en matière de services éducatifs aux enfants, essentiellement dans le monde rural, et a profité avant tout à l’éducation de la jeune fille rurale, selon les propos du ministre.
D’où découle la crise actuelle alors ? Pour S. Amzazi, le dossier des enseignants cadres des académies, souffre d’un manque de communication sur les différents aspects de la question, le non accompagnement de ses développements ou la volonté préméditée de certaines parties “de faire sortir le sujet de son vrai contexte”.
Devant la première chambre, le ministre a rappelé que l’évolution de la situation statutaire des cadres des académies qui s’est faite en trois principales étapes. D’abord, ce sont les académies régionales qui ont organisé les concours de recrutement sur contrats.
L’année 2018 a été marquée par l’amélioration des conditions réglementaires de recrutement de cette catégorie en mettant en place un statut spécifique en 55 articles approuvé par les conseils d’administration des académies.
Enfin, le régime contractuel a été abandonné en faveur de l’adoption du système de l’équivalence en droits et obligations, doublé du développement du cadre juridique dans le souci de régler la situation administrative de cette catégorie, poursuit le ministre qui insiste qu’il n’y a pas d’enseignants contractuels, puisqu’il régime contractuel n’existe plus légalement.
Par ailleurs, le ministre a soutenu le fait que le recrutement régional est d l’un des recommandations de la Vision stratégique du secteur 2015-2030, tout en soulignant que les candidats prennent en connaissance toutes les conditions avant même de passer le concours.
Aussi, le ministre évalue-t-il les besoins en recrutement à 20.000 par an jusqu’à 2030.
S’adressant aux députés, le ministre a soutenu le fait que « Nous devons tous être conscients du coût réel des formes de protestation, surtout dans les circonstances critiques dans lesquelles notre système éducatif à l’instar de tous les pays du monde en raison de la pandémie de la Covid-19. Il ne faut pas faire de l’élève le maillon le plus faible, ou la partie qui fait les frais en déperdition scolaire en raison de l’arrêt collectif de travail, en raison des grèves alors que c’est cet élève qui est la raison de notre existence qu’acteurs au sein de l’écosystème ».