10 mois après le Discours du mois d’octobre 2017, où le Souverain avait incité le Chef de gouvernement à se réunir avec l’intelligentsia économique du pays, Sâad Eddine El Othmani a tenu une réunion informelle le 02 août dernier.
Le Discours du Souverain adressé à la Nation le 29 juillet 2018, à l’occasion de la fête du Trône, a mis l’accent sur les incohérences et les dysfonctionnements qui mettent à mal notre économie bercée dans un climat d’attentisme. Le lendemain, plusieurs réunions se sont tenues pour activer les recommandations et directives issues du Discours pour insuffler une nouvelle dynamique à l’économie.
Hier, le 2 août, le chef de gouvernement Sâad Eddine El Othmani a tenu une réunion informelle avec huit éminents économistes pour débattre des nouveaux enjeux économiques et des dispositions fiscales à prévoir à la veille de la préparation du PLF 2019. « La réunion a duré près de quatre heures et a porté sur deux axes », nous confie une source bien informée. Le premier revêt une vision court-termiste a trait aux mesures pouvant être prises dans le cadre de la prochaine Loi de Finances pour lever les contraintes qui pèsent lourdement sur l’activité des entreprises, en l’occurrence les PME. Les économistes se sont penchés sur les mesures pouvant favoriser l’investissement qui n’arrive pas à décoller, affichant une baisse de 8% entre 2015 et 2016. Et rien n’augure de bon, si aucune décision n’est prise, pour le prochain exercice.
Le second axe (long-termiste) a porté sur le modèle de développement économique qui a atteint ses limites. Avec un taux de croissance de à peine 3,5% du PIB en moyenne, une économie essoufflée et des indicateurs socio-économiques dans le rouge, le Maroc a besoin en urgence d’un nouveau modèle de développement économique. C’est le constat fait par le Souverain à l’occasion de la rentrée parlementaire de 2017, appelant à la conception d’un nouveau modèle de développement adapté à la situation et au contexte. Les économistes, chacun y est allé de sa propre vision, tout en se focalisant sur l’analyse des équilibres macroéconomiques.
En ce qui concerne les mesures pouvant booster l’investissement, les propositions étaient tellement nombreuses et importantes que les économistes étaient priés de les envoyer par mail à la Primature.
Interrogée sur la lettre de cadrage (relative à la Loi de Finances), notre source confirme qu’elle n’a pas été évoquée lors de la réunion. Nous risquons d’attendre un peu plus. Le limogeage de M. Boussaid concepteur et coordinateur de la Loi de Finances y est pour quelque chose.
Recourir aux intellectuels économiques marocains pour faire face aux problèmes économiques et sociaux, cela dénote de l’absence d’une stratégie économique du gouvernement. Ce dernier après sa désignation, semble-t-il s’est contenté de l’élaboration d’une déclaration gouvernementale non fondée sur une stratégie claire.
Nous sommes vraiment désolés de constater que nos partis politiques sont dépourvus de projet économique. Hélas, ils ne disposent que d’un projet électoral !