Depuis 2016 année de la COP22, 4 Mds de DH ont été émis sur fond de projets différents. La Circulaire d’appel public à l’épargne ayant pris en considération les obligations vertes et sociales est quasiment finalisée et sera bientôt soumis au Secrétariat général du gouvernement.
La finance verte est encore à ses balbutiements, mais cela n’empêche pas de dire qu’elle commence à susciter l’intérêt des opérateurs économiques. La conférence sous la thématique : « Green Finance : où en est le financement de la croissance verte ? » organisée le 25 avril par la Britcham a connu un réel succès de par le nombre et la qualité des participants. L’objectif est de décrypter les perspectives de la finance verte aussi bien sur le plan national qu’international.
L’enjeu est de taille : 90.000 Mds de dollars doivent être mobilisés d’ici 2030 pour résoudre la problématique du réchauffement climatique. Au total, 44 pays ont émis des Green Bonds et le Maroc se classe dans le top 10. Le marché global recèle un grand potentiel soit 11.000 Mds de dollars pour répondre aux problèmes énergétiques en matière d’infrastructure ou de l’immobilier. Des chiffres qui en disent long sur les défis à relever.
Étaient présents à la conférence Nezha Hayat, présidente de l’Autorité Marocaine des Marchés de Capitaux (AMMC), Badre Kanouni, président du Directoire du Groupe Al Omrane et Tarik Hamane, responsable du Pôle développement à l’Agence marocaine pour l’énergie solaire Mazen.
En préambule, la présidente de l’AMMC a tenu à rappeler que c’est la première fois qu’elle intervient avec des émetteurs et non pas avec d’autres régulateurs pour échanger sur les expériences. « La finance verte est toute initiative visant à diriger les flux financiers vers des activités à impact positif sur l’environnement », tient à rappeler N. Hayat et d’ajouter : « Le label vert de l’obligation est un outil essentiel pour les investisseurs avides de projets durables ».
Au Maroc, 4 Mds de DH ont été émis depuis 2016 sur fond de projets différents. Des émissions qui a priori se sont effectuées sans difficultés.
La COP22 peut être considérée comme étant le lancement effectif de l’expérience des Green Bonds au Maroc. C’est le début de l’alignement du secteur financier marocain sur le développement durable. Il a été même procédé à l’élaboration avec la SFI d’un guide sur les obligations vertes. Mieux encore, 2016 est une année d’engagement national marqué par l’élaboration d’une feuille de route pour promouvoir le financement des projets de développement durable. « Le Maroc a permis l’émergence d’obligations vertes en Afrique et peut jouer un rôle de leader dans le continent », annonce N. Hayat. Et d’enchaîner : « La Circulaire d’appel public à l’épargne ayant pris en considération les obligations vertes et sociales est pratiquement finalisée. Elle est entre les mains du ministère des finances pour passer par la suite au Secrétariat général du gouvernement». Mais elle avise que la finance verte n’est pas l’apanage de grandes entreprises mais également de PME-TPE.
Pour les deux émetteurs, le processus de l’émission n’a pas dépassé un an…

Tarik Hamane, responsable du Pôle développement à Mazen
« Étant donné le caractère capitalistique des centrales à solaire concentré (2ème vague d’investissements), Masen, acteur central des énergies renouvelables au Maroc, a maintenu le schéma initial des premiers investissements ayant mobilisé des fonds concessionnels avec des conditions basses pour avoir un tarif assez optimisé », explique T. Hamane en brieffant sur le schéma de structuration du modèle de développement de l’Agence.
Au total Masen a levé plus de 2 Mds d’euros pour les projets Noor1, Noor2 et Noor3 tout en profitant d’autres sources de financement climat (plusieurs centaines de millions d’euros). « Ce qui a permis à Masen de bénéficier de financement climat pour des projets d’avant 2016 », rappelle à ce titre Tarik Hamane. Masen étant la première à ouvrir le bal des Green Bonds au Maroc.
En 2016 pour le financement des projets solaires de Noor Laâyoune, Noor Boujdour et Noor Ouarzazate IV, Masen a émis des Green Bonds pour un montant de 1,5 Md de DH. L’opération a connu un engouement important et a été certifiée par un organisme indépendant externe. Tarik Hamane a même informé qu’une émission verte est prévue dans les prochains mois pour les projets futurs de Masen.
A son tour Badre Kanouni, président du Directoire du groupe Al Omarane a insisté sur le fait que le financement vert revêt un intérêt important pour Al Omrane qui a pour mission l’amélioration de l’habitat au profit des citoyens marocains, la production du logement social pour les plus démunis, la résorption de l’habitat insalubre… des projets inscrits dans le développement durable et nécessitant d’importants fonds.
En 2019, le groupe a créé une entité de Recherche & Développement ayant pour objet de produire moins cher, plus rapidement et mieux.

Badre Kanouni, président du Directoire du Groupe Al Omrane
Le groupe a levé 500 MDH en 2018 pour des projets qui répondent à la préoccupation de la consommation énergétique. Il est à rappeler que 34% de la consommation énergétique relève de l’habitat. Il s’agit de trois projets : deux dans le logement social et un concernant la construction d’un siège d’une filiale du groupe à Chrafat. Le management veille à optimiser le coût de l’endettement et améliorer le haut de son bilan. Interrogé sur le lancement éventuel d’une prochaine émission, Badre Kanouni assure que s’il y a besoin, le groupe est partant pour ce nouveau mode de financement mais tout en surveillant de près l’endettement.
Le financement vert revêt une importance primordiale à quelques années de l’échéance 2030, date de réalisation des Objectifs de Développement durable. Mais comme l’a si bien dit la présidente de l’AMMC, ce nouveau mode de financement ne doit pas profiter uniquement aux grandes entreprises. Les TPME doivent avoir leur part.
Aussi, faut-il que le financement vert s’aligne sur les avantages du financement classique pour ne pas être relégué au second rang.
Lire également : GROUPE AL OMRANE : L’OPÉRATION D’ÉMISSION OBLIGATAIRE ET DE TYPE « SOCIAL ET GREEN BONDS » SOUSCRITE 8,2 FOIS