La rencontre conjointe FMI/BAM/MEFRA se veut un moment propice pour échanger avec la nouvelle directrice sur la deuxième phase de la flexibilité du Dirham, de la Ligne de précaution et de liquidité, des prévisions de croissance économique et autres thèmes brûlants de l’actualité…
Après son déplacement à la ville ocre Marrakech qui abritera au mois d’octobre 2021, les prochaines Assemblées annuelles du FMI et de la BM, pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux et échanger avec la société civile et d’autres parties prenantes, la Directrice générale du FMI a rencontré le jeudi 20 février à Rabat les médias. Le but de la conférence de presse conjointe FMI/BAM/MEFRA est d’échanger avec la Directrice du FMI Kristalina Georgieva sur son appréciation des différentes rencontres programmées 3 jours durant. A ce titre, la Directrice du FMI, qui effectue sa première visite au Maroc depuis sa nomination en octobre dernier à la tête du Fonds a rappelé 3 points essentiels.
Le premier est qu’aussi bien dans la région MENA qu’en Afrique, le Maroc a parcouru un long chemin. Un sentier certes escarpé mais qui se veut important et déterminant eu égard aux mutations internationales. En Afrique, le Royaume a déployé beaucoup d’efforts en faveur des femmes et des jeunes. la Directrice salue à ce titre, l’acharnement des autorités publiques à réduire les disparités sociales et spatiales pour aboutir in fine à une croissance inclusive. K. Georgieva note par ailleurs le leadership du Maroc dans la région en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.
Autre point abordé par la Directrice du FMI est le rôle que joue le Maroc dans le continent. Un rôle qui lui permet de faire office de pont entre le Maroc et l’Afrique et même avec le monde arabe. C’est pour dire que le choix du Maroc, comme lieu idéal, pour abriter les prochaines Assemblées et faire de Marrakech la capitale financière, n’est pas fortuit mais émane du rôle que joue le Maroc comme une île de stabilité dans le continent africain et dans la région MENA.
Aussi, tient-elle à rappeler le renforcement du rôle du FMI pour assister le Maroc dans ses différentes réformes (fiscale, monétaire, budgétaire…) en vue d’améliorer la qualité de ses dépenses publiques. En matière de croissance économique au Maroc, après un taux de 2,4% en 2019, le FMI table sur un taux de 3,7% en 2020 et 4% en 2021.
Tout en faisant une présentation des rapports et du partenariat entre le Maroc et le FMI, elle annonce qu’en tant que nouvelle directrice de cette institution de Breton Woods son souhait est de s’engager aux côtés du Maroc pour assurer la dynamique économique et sociale nécessaire et la faire perdurer après la tenue des réunions. Dans la même lignée, le Wali de BAM Abdellatif Jouahri a indiqué que les relations avec le FMI sont des relations de partenariat mais aussi des relations « exceptionnelles » qui ne feront que se consolider dans le temps.
Cette rencontre se veut également un moment propice pour échanger avec la nouvelle directrice sur la deuxième phase de la convertibilité du Dirham, de la Ligne de précaution et de liquidité, des prévisions de croissance mondiale et autres thèmes brûlants de l’actualité.
La dette est à un niveau soutenable
En matière de soutenabilité de la dette publique qui commence à tarauder les esprits des économistes les plus érudits, Mohamed Benchaâboun rassure en annonçant qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. La dette représente 65% du PIB et a affiché un léger recul à fin 2019. Les études réalisées avec le FMI ou les stress tests ont permis d’assurer que la dette est soutenable jusqu’à 70%. Selon les propos du ministre, l’idéal serait d’analyser la dette du côté du comportement du marché à l’international. « La dernière sortie du mois de novembre pour l’emprunt de 1 Md d’euros a montré encore une fois que les créanciers nous font confiance », dixit Mohammed Benchaâboun.
Flexibilité du DH
En ce qui concerne la flexibilité du DH, il est à noter que c’est un choix du Maroc pour aller progressivement vers le flottement. Le but étant d’éviter d’être contraint de faire la dévaluation du DH sous l’effet d’un choc exogène comme ce qui s’est passé dans d’autres pays. En ce qui concerne les prérequis, les fondamentaux sont bons et le stock des réserves internationales nettes est à un niveau convenable soit 5 mois et 8 jours d’importations de biens et services. « En matière de timing, c’est aux autorités marocaines de décider du moment propice pour procéder à l’élargissement de la bande de fluctuation et de passer d’une phase à une autre », rétorque le Wali de BAM à ceux qui considèrent que les autorités obéissent les yeux fermés aux diktats des institutions de Bretton Woods.
Le Maroc est proche de la sortie de la LPL
A ce titre, il est judicieux de rappeler que le Maroc est le seul pays membre du FMI à s’inscrire au titre de précaution et de Liquidité (LPL). Depuis 2012, le Maroc bénéficie de la LPL de 3 Mds de dollars qui arrive à échéance à la fin de l’année 2020.
C’est au Maroc de décider s’il veut renouveler sa LPL ou non. A cet égard, il a été rappelé que la LPL est une assurance vis-à-vis du marché. Elle peut être utilisée à un moment où l’économie est mise à mal. Au cours de cette période, le Maroc n’a pas eu recours à la LPL et a démontré la force et la sagesse de l’utilisation d’une police d’assurance. Après avoir démontré pourquoi le Maroc n’a-t-il pas eu recours à la LPL, le wali de BAM annonce : « L’enjeu est de sortir de la LPL et le Maroc en est proche ». Ce qui atteste de ses bons fondamentaux.
Il s’agit de fondamentaux solides qu’il faut préserver et également continuer à développer avec les réformes structurelles, a-t-il fait remarquer. Et d’ajouter : « Georgieva a promis d’avoir un œil de support beaucoup plus important pour les pays émergents et pour les pays en développement dont le Maroc ».
Avec le coronavirus, difficile de faire des prévisions
Les prévisions économiques au titre de l’année 2021 n’ont pas été en reste étant donné les incertitudes qui marquent l’environnement international. Au-delà des tensions géopolitiques, de la volatilité des matières premières… une autre donne fait bouger les curseurs. Il s’agit du coronavirus qui frappe la Chine. De par la part de l’Empire du Milieu dans le PIB mondial soit 19% et son ancrage fort aux chaines de valeurs mondiales, il est précoce de donner des prévisions. D’ailleurs la directrice du FMI parle plus de scénarios selon que le virus soit propagé ou pas à d’autres continents. Mais elle rassure en considérant que la Chine a toute la capacité pour stimuler son économie.