CIH Bank impose des mesures draconiennes pour octroyer le crédit Fogarim aux acquéreurs des logements à 250.000 DH. Pour quelles raisons ? Les détails.
A l’instar d’autres secteurs, celui de l’immobilier est mis à mal par la crise sanitaire liée à la Covid-19. La mauvaise orientation s’explique principalement par le décalage de production des immobilières lié à l’arrêt des chantiers et la baisse des ventes de produits finis en raison du report du programme des livraisons.
Mais pas seulement.
Les promoteurs immobiliers se heurtent à un autre goulet d’étranglement. Certains établissements de crédits notamment CIH Bank surfent sur cette vague de crise pour imposer leurs conditions aux acquéreurs voire même aux promoteurs immobiliers.
En effet, les acquéreurs des logements sociaux sont, au cours de cette période très difficile, confrontés à des rejets de prêts Fogarim des logements à 250.000 DH de la part des agences bancaires de CIH Bank. « CIH Bank, la banque de l’habitat et de la famille », comme ne cesse de le proclamer son top management. Le staff de la banque exige de l’emprunteur de demander à son promoteur d’ouvrir un compte et de déposer les avances de la clientèle desdits crédits logements auprès de CIH Bank.
« En matière de logement social, les acquéreurs des logements sociaux n’ont pas accès au crédit, ce que nous considérons comme un sérieux blocage dans cette crise inédite qui a frappé de plein fouet le secteur de l’immobilier », déplore un promoteur.
Ce blocage est fort contraignant dans la mesure où CIH Bank exige, pour bénéficier du crédit dans le cadre du Fogarim, que le promoteur immobilier du logement objet de la vente dépose les avances de tous ses clients dans un compte ouvert auprès d’elle. Pour voir plus clair et bien que l’information nous ait été confirmée par plusieurs agences CIH Bank, nous avons essayé de la recouper avec son PDG qui reste injoignable.
Que la banque souhaite renflouer ses dépôts, dans un contexte difficile où elle est sollicitée à intervenir sur plusieurs fronts, est très louable, mais pas au grand dam d’une population vulnérable. D’autant qu’une telle posture déteint sur tout le segment en proie à des difficultés majeures.
Cette pression sur les promoteurs immobiliers porte atteinte aux acquéreurs dépourvus de moyens et peut être considérée comme discriminatoire envers une population très secouée par la crise sanitaire.
Ajoutons à cela que pareille exigence n’est aucunement demandée aux promoteurs immobiliers du haut et moyen standing. C’est du deux poids, deux mesures.
Mesures anticoncurrentielles
Pis encore, exiger des promoteurs le dépôt des avances de leurs clients est contraire à la loi sur la concurrence. Il s’agit de mesures anticoncurrentielles qui faussent le jeu de la commercialisation des produits entre les banques.
A rappeler que toutes les banques de la place sont éligibles à commercialiser le Fogarim tout en bénéficiant de la garantie de l’Etat via la CCG. Toutefois, CIH Bank s’accapare la part léonine du marché.
Les promoteurs immobiliers souhaitant écouler leurs produits pour renflouer leur trésorerie ne pourraient donc que se plier à ce diktat. On est même censés se demander s’il ne s’agit pas là d’un abus de position dominante ?
Agissant ainsi, CIH Bank complique davantage une situation qui se caractérise aujourd’hui par la fin des incitations fiscales pour cette catégorie de logement. On apprend même que après la fin des incitations fiscales prévues à fin 2020, le ministère de l’Habitat souhaite adopter une nouvelle vision relative aux logements sociaux.
Cette nouvelle vision concerne entre autres des logements sociaux à 250.000 DH et repose essentiellement sur un soutien direct de l’État combiné à une fiscalisation s’étalant sur 5 ans. C’est pour dire que CIH Bank, filiale du bras financier de L’État ne peut aller indéfiniment à contre-courant de sa stratégie.
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