Le prochain remaniement ministériel est un non-événement ! Dernier rebondissement en date, celui de la décision du bureau politique du PPS de se retirer du gouvernement, laquelle décision sera soumise ce vendredi à l’approbation du comité central du parti. Ce n’est pas trop tôt !
Le motif invoqué est que « le gouvernement reste, depuis son investiture, prisonnier d’une logique de gestion en manque d’inspiration politique lui permettant de mener à bien l’étape actuelle et les dossiers qui s’imposent ».
Mais, entre nous, le PPS a-t-il pris les devants en quittant le navire, balloté par tant de courants « idéologiques » (six) qui le vouent au naufrage ? Pourquoi ce courage politique soudain, après avoir essuyé moult revers depuis son rapprochement incestueux avec le parti de la lampe, alors que les idéologies des deux partis sont diamétralement opposées ? Ou bien le parti du livre cherche-t-il à se refaire une virginité politique à la veille des législatives ?
A écouter la déclaration faite à certains médias confrères par Nabil Benabdellah, le leader du PPS, parti sur le départ de la coalition gouvernementale, il y a lieu de s’inquiéter mais sur un tout autre plan. La classe politique marocaine, à sa tête le Chef de gouvernement et les partis de la majorité, a-t-elle bien capté le message royal ?
Serait-on plus préoccupé par la répartition des valises ministérielles plus que de cet iceberg au travers de la trajectoire du Royaume ?
La question est légitime dans un contexte mondial et national mitigés.
Récapitulons : Depuis octobre 2017, le Souverain n’a eu cesse d’appeler à la réforme du modèle de développement du pays. Les choses s’accélèrent, faut-il le reconnaître sous l’impulsion royale, avec l’imminente mise en place de la Commission ad hoc en charge de la révision de ce modèle. Un nouveau cap donc !
Dans son discours adressé à la nation le 29 juillet dernier, à l’occasion de la fête du Trône, SM le Roi insiste : « La réussite de cette nouvelle étape passe par l’implication des institutions et des instances nationales concernées, par un ferme engagement qui donnera un élan nouveau à la dynamique de développement socio-économique dans notre pays ».
Le leitmotiv est : les intérêts de la nation et des citoyens passent avant tout !
Pour cette nouvelle phase qui sera marquée par le lancement d’une nouvelle génération de projets, le renouvellement des responsables aux commandes est un impératif.
« Du sang neuf doit, donc, être apporté au sein des institutions et des instances politiques, économiques et administratives, y compris le gouvernement », extrait du discours. De ce fait, le Roi charge le chef du gouvernement de lui soumettre, dès cette rentrée, c’est-à-dire dans les quelques jours qui viennent, des propositions visant à renouveler et enrichir les postes de responsabilité, tant au sein du gouvernement que dans l’Administration, en les pourvoyant de profils de haut niveau, choisis selon les critères de compétence et de mérite. Le but recherché est un nouveau mindset.
Or, l’impression qui règne est que le même esprit prévaut actuellement dans les tractations en cours puisque chaque formation insiste pour avoir le même nombre de portefeuilles. Pourtant, si remaniement il y a, il doit inéluctablement s’accompagner d’une réduction drastique du nombre de portefeuilles. Bien que cela n’aura aucune incidence positive sur la trésorerie de l’Etat, les ministres qui partiront tôt à la retraite continueront à toucher une coquette retraite. Mais qu’à cela ne tienne, un peu d’air ne fera de mal à personne. Et puis tailler des portefeuilles pour satisfaire tout le monde, ce n’est franchement pas une bonne idée par les temps qui courent.
Le chef de gouvernement qui, depuis son arrivée aux commandes peine à unifier les rangs de la majorité, réussira-t-il cet ultime exercice ? Aurons-nous droit à un gouvernement ou un amas gouvernemental comme c’est le cas aujourd’hui ? Saaddine El Otmani a véritablement intérêt à mettre de l’ordre dans son équipe pour chasser quelque peu la morosité ambiante générale et redonner espoir que nous sommes sur le point de franchir un cap et non pas que nous sommes en train de revivre un feuilleton cyclique ô combien pesant sur le moral des citoyens qui nourrissent beaucoup d’espoir.
Egalité des chances, accès à une école et une santé dignes du Marocain, pérennité de l’emploi, croissance économique… Tant de défis qui reposent actuellement sur la majorité et sur le chef de gouvernement pour mener à bien ce mandat.
A deux ans des législatives, l’amélioration de la position globale du Royaume et l’instauration de la confiance des citoyens en la chose politique doivent être aujourd’hui les priorités de la classe politique marocaine. A défaut, elle continuera à évoluer dans une bulle en déconnexion avec la réalité du pays. Le message sera-t-il capté ?
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