Dans le cadre du Programme africain sur les statistiques du genre (APGS), le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en partenariat avec la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (UNECA), ONU-Femmes et la Banque Africaine de Développement, ont organisé un atelier régional sur les statistiques de genre en Afrique et ce, du 07 au 11 novembre 2023 à Casablanca au Maroc.
À mi-chemin de l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD) en 2030, la disponibilité de données fiables et actualisées pour mesurer les progrès accomplis dans la réalisation des 17 objectifs reste un défi. Dans le cas de l’égalité des sexes, il n’existe pas de données permettant de suivre les progrès accomplis dans près de 20 % des indicateurs et sous-indicateurs liés à l’égalité des sexes à l’échelle mondialeDans de nombreux cas, les contraintes financières et techniques rendent la disponibilité des données sur le genre encore plus difficile en Afrique. Cela entrave la capacité de suivre efficacement les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs mondiaux et régionaux liés à l’égalité des sexes.
Le 5e Forum africain sur les statistiques de genre (AGSF) qui s’est tenu à Casablanca, au Maroc, cette semaine, a réuni plus de 120 décideurs politiques et experts en données des ministères de l’égalité des sexes et des bureaux nationaux de statistique de près de 40 pays africains pour délibérer sur les progrès, les défis et les perspectives en matière de données sur le genre dans la région. Le Forum a passé en revue l’état de la production et de l’utilisation des données sur le genre en Afrique en vue de répondre aux programmes de développement régionaux et mondiaux et d’améliorer la vie des femmes et des filles sur le continent.
« Nous ne pouvons pas cesser d’utiliser les données sur le genre comme preuves. Nous devons continuer à repousser les limites pour nous assurer que les preuves dont nous disposons changent des vies », a déclaré Mme Keiso Matashane-Marite, Chef de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).
L’autonomisation des femmes et des filles est l’un des domaines prioritaires de l’Agenda 2063, le plan de développement de l’Afrique, qui vise à faire de l’Afrique la puissance mondiale de l’avenir.
Conclue le 11 novembre, l’AGSF d’une semaine a été organisée à partir du constat que sans données sur le genre, il n’est pas possible de comprendre et d’améliorer correctement la condition des femmes et des filles.
Bien que davantage de données sur le genre soient disponibles aujourd’hui par rapport à septembre de l’année dernière, lorsque le Forum s’est tenu à Nairobi, au Kenya, des lacunes subsistent en matière de données ; par exemple, le manque persistant de données sur l’accès des femmes à la terre et aux technologies numériques continue de rendre invisibles les réalités connexes de millions de femmes et de filles.
Les riches expériences des pays du continent à l’AGSF ont souligné l’importance de tirer parti des données existantes pour combler certaines des lacunes en matière de données sur le genre afin d’influencer les politiques et d’autres décisions. Cela comprend les données administratives relatives aux naissances, aux décès, à la santé et à d’autres dossiers que les organismes publics et privés recueillent dans le cadre de leurs activités quotidiennes. L’exploitation efficace de ces données pour des réponses et des décisions fondées sur des données probantes nécessitera de l’innovation dans l’application des outils et des tactiques disponibles pour tirer le meilleur parti des données existantes.
« En Ouganda, la demande de données sur le genre est élevée et dépasse parfois les capacités techniques et humaines disponibles pour produire ces données », a déclaré Mme Leila Ssali, économiste principale au ministère ougandais de l’égalité des sexes, du travail et du développement social.
« L’exploitation de sources de données complémentaires au-delà des enquêtes et des recensements est donc une approche novatrice qui sera essentielle pour répondre à une partie de cette demande », a déclaré Mme Ssali.
« Les pays africains devraient se focaliser sur les sources alternatives de l’information statistique par l’accélération du déploiement des BIG Data et de l’intelligence artificielle. Il est indispensable de préparer le terrain pour l’usage de ces nouvelles technologies pour l’amélioration de la production, l’analyse et la diffusion de statistiques sensibles au genre», a déclaré Mr Ayache KHELLAF.
Les délégués ont souligné que l’harmonisation et le renforcement de l’utilisation des statistiques ventilées par sexe sont fondamentaux pour améliorer la condition des filles et des femmes. L’accent a également été mis sur les systèmes durables et les partenariats stratégiques en tant que vecteurs pour catapulter la région au-delà de la production et de l’utilisation de données sur le genre à des fins de données probantes afin d’apporter un changement transformationnel dans le contexte dynamique de l’Afrique.
Les délibérations ont également porté sur des thèmes émergents liés aux statistiques sur le genre, tels que les lignes directrices pour la mesure de la violence fondée sur le genre (VBG) facilitée par la technologie et la mesure des données sur l’environnement et le changement climatique.
En raison de contraintes contextuelles, les données sur le genre sont encore plus rares dans les pays fragiles ou touchés par des conflits, où le besoin est encore plus pressant pour éclairer correctement les réponses humanitaires appropriées.
« Pour aider à éclairer les bonnes interventions, les pays africains doivent continuer à réfléchir et à travailler sur des systèmes statistiques capables de garantir des données actualisées sur le genre, même en cas de catastrophes humaines et naturelles », a déclaré le Dr Isabella Schmidt, spécialiste des statistiques sur le genre à ONU Femmes pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.
« Alors que les impacts du changement climatique deviennent de plus en plus visibles dans la vie quotidienne des gens, il est impératif que nous comprenions comment ils affectent différemment les femmes et les hommes.», a déclaré Mme Michka Seroussi, spécialiste des statistiques de genre à ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
« Cela sera essentiel si nous voulons faire en sorte que les femmes et les filles ne soient pas, une fois de plus, laissées pour compte », a déclaré Mme Seroussi.
« Les conflits se recoupent souvent avec d’autres crises, telles que le changement climatique, créant ainsi des défis complexes. Cependant, au milieu de toutes ces histoires de souffrance, il y a des histoires d’espoir qui peuvent nous aider à nous orienter vers des solutions durables dont les femmes sont souvent au centre », a déclaré Papa Seck, Chef de la Section de la recherche et des données d’ONU Femmes.
« En tant que statisticiens et spécialistes des données, il est de notre devoir de veiller à ce que les données que nous produisons et analysons présentent tous ces points de vue. En tant que décideurs, il est de notre devoir de veiller à ce que les données soient utilisées pour améliorer la vie des gens », a déclaré M. Seck.
Le 5e atelier régional sur les statistiques de genre en Afrique a réuni plus de 120 décideurs politiques et experts en données des ministères de l’égalité des sexes et des bureaux nationaux de statistique de près de 40 pays africains pour délibérer sur les progrès, les défis et les perspectives en matière de données sur le genre dans la région.
Les objectifs de l’atelier consistent à renforcer les capacités techniques des représentants des pays participants en matière de la production et de l’utilisation des données sur le genre en Afrique en vue de répondre aux programmes de développement régionaux et mondiaux et d’améliorer la vie des femmes et des filles sur le continent.
Cet atelier a été également l’occasion pour les participants de prendre connaissance des bonnes pratiques, d’échanger leurs expériences dans ce domaine et de s’informer sur les perspectives pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) en 2030 et de l’agenda 2063.