Le choix de la cette thématique intervient dans un contexte marqué par l’aggravation et l’accentuation des inégalités sociales.
La croissance économique d’un pays ne peut aucunement occulter le creusement des inégalités, ce qui repose avec acuité la responsabilité aussi bien de l’Etat, à travers les politiques publiques mais également le marché, sensé supporter la croissance et créer de la richesse. C’est dans ce cadre que s’inscrit le choix de la thématique « Finances publiques et justice sociale » du Colloque organisé conjointement par le Ministère de l’Economie et des Finances et l’Association pour la Fondation Internationale de Finances (Fondafip) le 21 et 22 septembre 2018. Quel rôle de l’Etat dans la justice sociale ? Quel financement de la justice sociale par le marché ? Il y a des choix qualitatifs à faire pour que les Finances publiques retrouvent enfin leur rôle premier, à savoir la jonction avec la justice sociale sous l’Etat providence.
Les questions s’imposent parce que la problématique est d’autant plus pressante et importante qu’il est temps de rétablir la connexion entre les finances publiques et la justice sociale.
En effet, si la finalité des politiques publiques est la satisfaction de l’intérêt général, notamment des besoins sociaux et des services publics, cette nouvelle orthodoxie macroéconomique dans laquelle s’inscrivent plusieurs pays pervertit sérieusement cette finalité.
Comme l’explique le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchâaboun, la question taraude sans cesse les pays et fait l’objet de débat entre les différentes écoles de pensées. Notamment en matière du rôle de l’Etat mais également du secteur privé qui profite des finances publiques.
Les ressources de l’Etat de plus en plus insuffisantes
Au Maroc, il y a du chemin à faire pour réduire les inégalités et répondre dignement aux besoins des citoyens. Plusieurs réformes et projets ont vu le jour. Mais la multiplicité des programmes et des acteurs est également un facteur d’inefficience et d’incohérence. Une vision stratégique s’impose.
Une conscientisation serait également souhaitable auprès du secteur privé dans son rôle en matière de justice sociale, profitant lui-même du budget de l’Etat. Il est mieux loti que les citoyens en matière de mesures d’encouragement.
Comme l’a expliqué le trésorier général du Royaume, les politiques sociales mises en œuvre des années durant ont permis certes de réduire la pauvreté, d’étendre l’accès aux biens et services collectifs aux populations vulnérables et de désenclaver les zones difficiles d’accès. Mais cela n’empêche pas de dire que l’Etat éprouve des difficultés pour continuer à lui seul, à assurer ses missions de redistribution, de protection sociale et de réduction des inégalités. Les finances publiques empreintes de subventions aux établissements et entreprises publics conjuguées à des baisses des taux de l’impôt sur les sociétés ou sur les revenus… sont aujourd’hui sous pression.
Ajoutons à cela la baisse tendancielle des recettes fiscales due en partie à l’augmentation des dépenses fiscales durant les dernières années. A rappeler par ailleurs que les programmes sociaux sont en effet pris en charge au niveau du budget général (éducation, santé, habitat…), de certains comptes spéciaux du Trésor (INDH, Fonds pour le développement rural et des zones de montagne…) et de certains services gérés de manière autonome (centres hospitaliers…).
Dans son allocution, le ministre des finances recommande entre autres de mettre en place l’initiative du « Registre social unique », d’aider les jeunes à poursuivre leurs études et mener à terme leurs formations, à travers l’allègement des charges supportables par les familles, par des aides financières à la scolarisation…
Il recommande par ailleurs le lancement de la troisième phase de l’INDH et le redressement des anomalies qui entachent l’exécution du Ramed et à étendre la couverture médicale de base pour englober tous les travailleurs indépendants, les étudiants de l’enseignement supérieur…
Aussi, l’argentier du Royaume insiste sur :
La facilitation maximale de l’acte d’investissement qui constitue un levier majeur pour la création des emplois et de la richesse ;
La mise en place d’un enseignement et d’une formation professionnelle de qualité, en adéquation parfaite avec les exigences du marché du travail ;
Le déploiement d’un meilleur système de santé publique ;
L’application de l’ensemble des composantes du secteur public des modes de gestion et des outils de management qui ont fait leur preuve dans le secteur privé…
Le rôle de l’Etat est indéniable pour préserver la cohésion sociale. Mais il ne peut à lui seul le faire.
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