Faire de l’industrie marocaine un réel vecteur de croissance requiert la jonction de plusieurs ingrédients. L’un des paramètres fondamentaux est sans doute l’énergie qui continue de constituer un frein majeur à la compétitivité de notre industrie.
Bien que la dépendance du Maroc vis-à-vis de l’étranger en matière d’énergie ait baissé passant de 98% à 91% grâce aux énergies renouvelables, nonobstant la facture énergétique continue à peser sur la balance commerciale. Pis encore, elle pèse également sur la trésorerie des industriels notamment ceux opérant dans l’industrie lourde et énergivore.
Cela étant, le coût de l’énergie est au cœur des préoccupations des industriels puisqu’il s’accapare la part de lion du budget des entreprises industrielles. Relever le défi de l’industrie passe forcément par une énergie plus compétitive et moins coûteuse. D’où la question : Quelles énergies pour l’industrie marocaine ? Une question qui a fait l’objet de la thématique de la 4ème dition des matinées de l’industrie organisée, ce mardi 18 février, par « Industrie du Maroc ».
Institutionnels, acteurs du public et privé dans le secteur de l’énergie, experts…, cette édition a connu un engouement qui montre clairement la place qu’occupe l’énergie dans le secteur industriel.
« L’enjeu aujourd’hui est de trouver comment garantir la disponibilité de l’énergie tout en prenant en compte la donne de la problématique environnementale. Aujourd’hui le défi à relever est de marier l’objectif de disposer d’une énergie compétitive et la problématique environnementale », a précisé Mustapha Bakkoury, président de Masen.
Ce dernier a rappelé que bien que le pays ne dispose ni de pétrole, ni de gaz, ni charbon , il a tout de même réussi à trouver des alternatives compétitives notamment les énergies renouvelables. Des pas importants ont été franchi dans ce domaine ayant prévalu au Maroc une place de choix à l’échelle mondiale mais lui permettant aussi de disposer d’un système d’énergie renouvelable compétitif dans sa globalité.
Seulement, beaucoup reste à faire notamment dans d’autres activités outre que l’électricité. « Cela permettra au royaume d’aller plus loin en matière de capacité et améliorer davantage l’efficacité du système. La force de notre stratégie réside dans le fait que nous avons un ensemble de projets qui s’alimentent les uns des autres, ce qui permet in fine d’avoir une stratégie renouvelable avec un modèle économique qui tient la route », a précisé M. Bakkoury.
Une stratégie où public et privé ont un rôle à jouer pour atteindre les objectifs que le Maroc s’est fixés à l’horizon 2030 dans l’électrique. Mais cela est-il suffisant pour améliorer la compétitivité de notre industrie ? Non. D’autres facteurs doivent être améliorés notamment le stockage de l’énergie, des synergies à mettre en place au niveau des combinaisons, des technologies ainsi que des différentes sources d’énergie (solaire, éolien et hydraulique)…
Bakkoury a souligné la nécessité d’adopter le secteur industriel d’une feuille de route qui donne au secteur de la visibilité sur la sécurisation en besoin énergétique. « Dans le cadre de cette feuille de route, il faut travailler sur les possibilités de mobilisation de source énergétique pour adresser tous les besoins tout en ayant à l’esprit la dimension environnementale », a précisé le président de la région Casablanca-Settat.
Quid des autres sources d’énergies ?
Outre l’électricité, l’industrie devrait consommer d’autres sources d’énergie notamment le gaz, la chaleur produite par l’industrie ainsi que l’hydrogène. Au Maroc, la part de ces sources dans la consommation énergétique de l’industrie est très faible.
Et pourtant, réduire la consommation des énergies fossiles doit se faire par l’introduction de ces sources d’énergie dans le mix énergétique. Parmi les sources qui pourraient faire leur entrée dans le mix énergétique, celle de l’hydrogène. « 2020 sera probablement une année d’inflexion sur l’introduction de l’hydrogène », a annoncé M. Bakkoury.
Faut-il noter que l’hydrogène est déjà utilisé dans certaines industries notamment le raffinage, la pétrochimie…
Sauf qu’il est produit à partir de sources d’énergie fossile. Le pari serait de produire un hydrogène plus compétitif et à partir de sources renouvelables et sobre en carbone. Cela permettrait de donner un coup de pouce plus important à la stratégie énergétique du Maroc et dépasser même les objectifs des 52% de ressources renouvelables en 2030. L’hydrogène est aussi une réponse au problème du stockage de l’énergie notamment entre les saisons creuses et piques. Autre avantage et pas des moindres, l’hydrogène pourrait constituer un gisement exportable.
L’enjeu est de taille mais encore faut-il commencer à travailler sur le projet au courant de cette année espérant avoir des résultats concrets dans les 5 prochaines années.
La chaleur produite par l’industrie constitue également une source d’énergie importante qui malheureusement n’est pas exploitée. Un manque à gagner important et un gisement très peu exploité.