Le PDG de RMA Assurance a bien détaillé les mesures entreprises par les différentes compagnies pour mieux servir les assurés mais qui malheureusement aujourd’hui ont alimenté la mauvaise foi et la fraude.
La fraude à l’assurance auto varie entre 40 et 50% des indemnités payées par une compagnie d’assurance.
A l’occasion de la présentation des résultats annuels 2018, Zouheir Bensaid, Président Directeur Général de la compagnie RMA s’est arrêté sur l’évolution du secteur au cours des dernières années. En effet, si le secteur des assurances a bien évolué et résisté aux soubresauts des aléas aussi bien nationaux qu’internationaux, cela n’empêche pas de dire qu’il fait les frais de certains dysfonctionnements.
Au cours des dernières années, des compagnies, étant dans une phase transitoire, ont baissé les tarifs pour grignoter des parts de marché. Le chiffre d’affaires desdites compagnies était essentiellement tiré par les placements financiers. La crise financière, empreinte d’une dégringolade du marché actions, qui a éclaté en 2008 a mis à rude épreuve ces compagnies dont les résultats techniques étaient déficitaires. Un rappel à l’ordre par la FMSAR qui a exhorté les compagnies d’assurance à rentabiliser le coeur du métier à savoir l’assurance.
«Cette baisse des tarifs était une manière de gagner rapidement du chiffre d’affaires, mais elle installe une decrédibilisation du système », annonce le PDG de RMA. Pis encore, elle impacte l’économie nationale dans sa globalité parce que la collecte des primes permet certes à la compagnie d’honorer ses engagements, mais aussi d’investir dans les infrastructures, via la détention des bons du trésor… bref par la contribution à l’épargne institutionnelle. « Un petit jeu de conquête du chiffre d’affaires qui parait anodin mais qui peut se transformer en un un problème structurel », tient à rappeler Z. Bensaid.
La sinistralité Auto : Comment les compagnies d’assurance y ont contribué involontairement ?
Aujourd’hui, le secteur souffre d’une autre gangrène à savoir la sinistralité automobile qui a frappé de plein fouet le secteur.
Contrairement à ses confrères, Z. Bensaid a bien détaillé les mesures entreprises par les différentes compagnies pour mieux servir les assurés mais qui malheureusement aujourd’hui ont alimenté la mauvaise foi et la fraude.
« La hausse très significative de la sinistralité est le fruit non seulement de la hausse de la fréquence des sinistres mais aussi du coût moyen du sinistre. Un double effet qui a altéré les résultats des compagnies d’assurance », regrette le PDG de RMA.
Pour ce faire, il y a une prise de conscience du secteur, dans la mesure où toutes les compagnies ont compris qu’elles ne peuvent continuer dans ce sens. D’où la mise en place de nouvelles mesures pour infléchir la dégradation de la sinistralité Auto.
Il a été ainsi décidé de limiter l’indemnisation rapide à savoir prendre un délai minimum pour que l’assuré puisse réparer son véhicule. Cette indemnisation rapide a d’une manière involontaire induit des comportements qui n’étaient pas sains.
L’indemnisation rapide signifie que des processs ont sauté, que certaines personnes intervenant autour du process peuvent tirer facilement profit de la situation. Elle signifie par ailleurs que la compagnie n’est pas très attentive sur un certain nombre de faits voire qu’elle indemnise des accidents qui ne vont peut être jamais être réparés. Du coup d’une manière involontaire, la compagnie contribue à l’augmentation de la fraude.
Il sera également procédé à la baisse d’un certain nombre de prestations offertes gratuitement pour ne citer que l’assistance. Parce qu’il a été constaté que cela altère les résultats du moment que ce n’est pas l’assuré qui les prend en charge.
Nous avons aussi pour infléchir cette dégradation augmenté les franchises de certaines garanties annexes déficitaires. Une autre manière de tordre la main à ce qui était une bonne volonté.
Les facilités des recours forfaitaires basées sur la mutualisation entre compagnies d’assurance pour les dossiers inférieurs à 20 000 DH ont également alimenté la convoitise des fraudeurs.
Et last but not least, les compagnies d’assurance ont renforcé le dispositif antifraude.
Toutefois, si les pertes continuent, les tarifs vont certainement augmenter parce que les compagnies d’assurance sont amenées à trouver l’équilibre. « Je ne dispose pas de chiffres exacts, mais il est fort probable que la fraude à l’assurance auto varie entre 40 et 50% des indemnités payées par une compagnie d’assurance », avise Z. Bensaid.
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