Au moment où on s’attendait à un regain de confiance et à un renflouement des comptes bancaires suite à la régularisation fiscale relative au cash et les avoirs non déclarés au Maroc, entrée en vigueur le 1er janvier 2020, la pandémie du Coronavirus chamboule les hypothèses.
Depuis quelques années, le déficit de la liquidité bancaire ne fait que se creuser atteignant des niveaux jugés anormaux. Le pic a été au mois d’août 2019 soit 96 Mds de DH (vs 78,6 Mds de DH un mois auparavant) en relation avec la hausse de la circulation de la monnaie fiduciaire à l’occasion de la période estivale et de la fête du Sacrifice.
Cette situation n’a pas laissé indifférent Abdellatif Jouahri, Wali de BAM qui commençait d’ores et déjà à se soucier de la détérioration de l’aggravation du besoin en liquidités et ce dans un contexte empreint de morosité liée à un déficit pluviométrique et à une conjoncture internationale contraignante. Des mesures ont été prises pour y remédier. Il s’agit essentiellement de la baisse du taux de la réserve monétaire de 4% à 2% et de l’injection de 11 Mds de DH dans le circuit monétaire.
En janvier 2020, le besoin de liquidité des banques s’est accentué à 65,5 Mds de DH en moyenne hebdomadaire contre 64,1 Mds en moyenne hebdomadaire en décembre, reflétant une hausse de la monnaie fiduciaire. Après une atténuation suite aux mesures prises par la Banque Centrale, le besoin de liquidité renoue avec la hausse.
Halte à la psychose !
En attendant les statistiques du mois de février et du mois de mars, il est fort probable que le besoin se creuse davantage en cause du retrait de cash de certaines banques de la place. La situation de psychose dans laquelle baigne l’économie nationale à cause du Coronavirus n’est pas exempte d’impact. « Au cours de cette semaine, nous avons constaté un retrait massif de liquidités », alerte un banquier qui regrette cette panique qui a fini par rattraper les citoyens. Aussi d’après ses propos, il ne faut pas non plus compter sur l’épargne qui, même dans la situation normale, reste insuffisante.
A ce titre, il ne faut également pas se faire d’illusions sur la régularisation fiscale relative au cash et les avoirs non déclarés au Maroc, entrée en vigueur dans la loi de Finances 2020, censée renflouer les caisses des banques. En guise de rappel, cette disposition concerne les personnes physiques qui ont leur résidence fiscale au Maroc et qui ont des bénéfices ou des revenus issus de l’exercice d’une activité professionnelle ou agricole non déclarée avant le 1er janvier 2020. La régularisation est possible entre le 1er janvier et le 30 juin 2020. Le délai peut être prorogé d’une durée de 2 mois renouvelable 1 fois, soit au plus tard jusqu’à fin octobre 2020.
A l’occasion de la présentation des résultats au titre de l’année 2019, EcoActu.ma a posé la question à quelques banquiers de la place pour s’assurer qu’il a été mordu à l’hameçon et qu’il y a une certaine adhésion à l’amnistie. Un qualificatif que réfute catégoriquement le ministre des Finances qui précise qu’il s’agit plus d’une régularisation que d’une amnistie. Les réponses des banquiers ont été dans la plupart évasives, manquent de contenu et brillent par l’absence de chiffres aussi approximatifs soient-ils.
On n’a jamais eu cesse de le dire, dans un contexte de crise, les redevables armés de toute la bonne volonté ne sauront honorer leurs engagements pour des raisons liées à la trésorerie.
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En attendant le prochain conseil de BAM…
Les questions qui se posent actuellement : quelles sont les mesures à mettre en place par la Banque centrale pour remédier à un déficit de liquidité et ce dans un contexte où les banques sont appelées plus que d’habitude à accompagner le tissu économique pour ne citer que le Programme Intelaka ? Le gouverneur de la banque centrale va-t-il profiter de la tenue du prochain Conseil pour annoncer des mesures audacieuses à même de remédier à la situation ? Une baisse du taux de la réserve monétaire et même du taux directeur seraient-elles à l’ordre du jour ? Etant membre du Comité de veille économique présidée par le ministère des Finances, comment Bank Al Magrhib va-t-elle y contribuer ?
Sous d’autres cieux en pareilles circonstances et quand les banques souffrent d’un sérieux problème de liquidité ou étant au bord de la faillite, elles peuvent se renflouer en ponctionnant « uniquement » les comptes des clients détenant plus de 100.000 euros. Cette ponction des comptes bancaires est légale en France depuis le 1er janvier 2016.
Assurément, on n’en est pas à ce stade, mais encore faut-il que la politique monétaire soit plus souple et adaptée à la réalité économique qui chaque jour nous apporte son lot de surprises (sic). Aussi, les modestes résultats de l’économie nationale qui proviennent par ailleurs de la manière dont la monnaie et les crédits sont pilotés, devraient-ils nous inciter à plus de modération et de prudence.
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