Les nouvelles technologies rendraient-elles la participation politique conventionnelle obsolète ? Quels liens peut-il y avoir entre le Printemps arabe, le mouvement de Boycott marocain et celui français des Gilets jaunes ?
L’absence d’un leadership bien distinct, des revendications plus au moins cohérentes, peu de crédit accordé aux représentants politiques et syndicaux mais surtout les nouvelles technologies comme principal levier de mobilisation collective. Si l’aspiration à plus de droits aussi bien politiques qu’économiques peut également constituer une trame de fonds aux différents mouvements, il n’en demeure pas moins que ce soit cette propension à l’usage des nouvelles technologies qui facilite cette mobilisation.
Contrairement aux manifestations classiques qui nécessitaient un travail colossal pour mobiliser et rallier les gens à une cause, les nouvelles technologies facilitent la diffusion de l’info même anonymement et de passer un mot d’ordre qui peut se propager comme une trainée de poudre… en quelques clics. Internet en l’occurrence facilite le passage de l’exaspération individuelle vers l’émergence d’une cause collectivement défendue.
La facilité mais également la rapidité, puisque les nouvelles technologies permettent une plus rapide et large diffusion et surtout un plus fort impact. Les exemples sont légion, mais le plus récent au Maroc demeure celui du mouvement du Boycott qui a donné du fil à tordre aux sociétés cibles du boycott mais également aux plus fin analystes politiques de la place. Sauf ceux dont la grille de lecture et d’analyse s’est inscrite dans l’ère du temps.
En effet, ces mouvements aussi hétéroclites soient-ils révèlent que finalement les citoyens ne sont pas si désintéressés de la chose publique, mais étaient à la recherche d’un mode d’expression plus commode. Cette dynamique a été impulsée au Maroc sous l’effet d’une modernisation rapide que rien ni personne ne gère in fine. Les effets démographique, technologique et économique, aidant, on assiste à l’émergence d’une nouvelle opinion publique et résolument jeune. De nouvelles hiérarchies qui émergent et s’institutionnalisent sous l’effet des changements socioculturels et économique.
De fait, la participation politique sous sa forme conventionnelle, à savoir le vote des électeurs ne séduit pas. Encore moins les Générations Y et Z pour lesquelles ce processus peut sembler lent et compliqué pour des revendications qui ont besoin de s’exprimer rapidement et sans trop d’intermédiaire, de préférence. Et grâce aux nouvelles technologies, et les réseaux sociaux également, la mobilisation collective, non conventionnelle, trouve de nouveaux relais et supplante les formes de participation collective qu’elles soient partisanes, syndicales… et elle séduit de plus en plus en plus de monde, qu’on y adhère ou qu’on soit un simple sympathisant d’un mouvement ou d’une cause donnée.