Le bras de fer entre les ophtalmologues et les opticiens est loin d’être terminé. D’autant plus que le sujet de discorde n’est pas encore clos. En effet, le syndicat des ophtalmologistes du secteur libéral du Maroc maintient la pression pour préserver l’actuel article 6 du projet de loi 45-13 tel qu’il a été amendé le 4 juin 2019, par la Chambre des Conseillers sur proposition du Ministère de la Santé. Il insiste sur le fait que la réfraction est un acte médical qui relève du champ de compétences des ophtalmologistes, tel que stipulé dans la loi 131-13 relative à l’exercice de la médecine au Maroc.
« La combinaison de la prescription optique médicale et de la vente des lunettes constitue un conflit d’intérêt manifeste, viole les dispositions d’exercice légal de la médecine et expose la santé des patients à des risques majeurs. Si elle venait à être adoptée par le Parlement, elle constituerait un précédent dangereux qui légaliserait un exercice illégal de la médecine et aggraverait encore plus la situation d’anarchie dans laquelle se trouve le secteur de l’optique-lunetterie dominé par l’informel en reliant une profession médicale cadrée par la loi et la science à une activité commerciale avec toutes les conséquences désastreuses sur la santé des citoyens », informe le syndicat. Il a même mis en garde contre le lobby de l’inductrice de verre, lors d’une conférence de presse lundi 24 juin à Casablanca, et a mis les députés devant leur responsabilité étant donné que le projet de loi est arrivé à la première chambre pour une deuxième lecture.
En plus de dénoncer le conflit d’intérêt manifeste qui existe en autorisant les opticiens à prescrire et à vendre en même temps les lunettes pour la correction de la vue des patients, le syndicat alerte sur les conséquences désastreuses d’une telle situation.
Ainsi, les examens visuels dispensés par des opticiens ne permettraient pas, selon les ophtalmologistes de dépister les maladies silencieuses comme le glaucome, la rétinopathie diabétique, la DMLA, les œdèmes papillaires secondaires à des tumeurs cérébrales, les déchirures et décollements de rétine, les tumeurs oculaires, les uvéites et les kératocônes. Des maladies qui peuvent évoluer dans certains cas en une mal vision profonde ou une cécité irréversible. Les études internationales corroborent cette thèse puisqu’elles soulignent que 30% des demandes de consultation pour lunettes aboutissent au dépistage d’une pathologie sous-jacente, rappelle le syndicat.
On n’hésite pas à tirer à boulets rouges sur les opticiens concernant les examens gratuits effectués dans leurs commerces : « ces commerçants attirent des patients naïfs, afin d’écouler toujours plus de lunettes souvent inutiles, et avec des prix dépassant bien souvent 20 fois le prix à l’achat », dénonce le syndicat.
Le syndicat va encore plus loin pour battre en brèche l’argument des opticiens qui invoquent l’article 5 du dahir du 4 octobre 1954 réglementant la profession d’opticien-lunetier. « Cet article ne cite à aucun moment un quelconque droit à l’examen de la vue des patients, bien au contraire, il vient confirmer la nécessité de ne travailler que sur ordonnances, et les exceptions citées concernent le renouvellement de lunettes sur la base d’anciennes prescriptions médicales et non pas la mesure de nouvelles corrections optiques par l’opticien », argue-t-n du côté des ophtalmologistes.
La formation scientifique est également évoquée comme facteur versant vers le maintien de la réfraction dans le champ de compétences des ophtalmologues. « Au Maroc, il n’existe pas d’Opticien-Optométriste reconnu par la loi. L’optométrie est une formation scientifique (Bac+6 ans) qui est différente de l’Optique-lunetterie, la seule reconnue au Maroc. L’activité essentielle de l’opticien, formé au terme d’un Bac+3, est la délivrance des verres correcteurs et de lentilles de contact, sur prescription médicale », informe le syndicat.
« Enfin, rappelons qu’aucun remboursement de lunettes ou lentilles n’est possible sans ordonnance médicale, preuve que l’assurance ou la mutuelle ne reconnaissent pas l’opticien comme un prestataire de soins médicaux », assène le syndicat.
C’est la version initiale du projet de loi qui a semé la zizanie
C’est la version initiale de cet article 6, ayant octroyé aux opticiens le droit de pratiquer la réfraction (mesure de la vue) et l’adaptation en lentilles de contact, qui a semé la zizanie dans un secteur où l’ophtalmologue et l’opticien sont complémentaires. Et la guéguerre est loin d’être finie, puisque les opticiens ne semblent pas se laisser faire. Le Syndicat National Professionnel des Opticiens du Maroc SNPOM maintient le mouvement de revendication et compte organiser une série de manifestations de protestation contre l’article 6 du projet de loi 45-13, après le sit-in du 12 juin et la grève du 19 juin.
Deux nouvelles grèves nationales sont prévues le 26 juin devant le parlement et le 3 juillet une marche du ministère de la Santé vers le Parlement. Les opticiens en balancent aussi sur les ophtalmologiques qui défendraient ainsi leurs intérêts financiers contre toute autre considération.
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Un opticien ou un opticien-optomériste c’est une personne qui a fait des études dans ce domaine là et dans une école ou dans une institue spécialisée, et il a obtenu son diplôme après avoir terminé ses études et après avoir passé et réussi les examens .
Un opticien ou un opticien – optométriste c’est un ex-étudiant qui a suivi des cours d’ophtalmologie en général et des cours de réfraction en particulier durant quelques années, et de ce fait il a parfaitement le droit d’exercer ce métier une fois il a ouvert un magasin d’opticien.
Par contre, les opticiens ( ou opticiens – optométristes ) n’ont pas le droit de faire des examens de l’oeil interne du patient et donc n’ont pas le droit de prescrire des médicaments à leurs patients, mais ils ont parfaitement le droit de leurs prescrire des lunettes de correction si ceux-ci en ont besoin.
Quant à eux , les ophtalmologues eux, ont pour travail principal faire des examens des yeux de leurs patients pour voir s’ils souffrent de certaines maladies liées à l’oeil et en plus de voir si quelques-uns parmi eux ont besoin de lunettes de correction
Alors, il faut que les médecins et les ophtalmologues en particulier prennent conscience de ceci et cessent leurs attaques abusives á l’encontre des opticiens et des opticiens – optométristes ..
En Conclusion :
A titre d’exemple et de comparaison, je donne l’exemple du mécanicien que tout le monde connaît très bien:
– le mécanicien a le droit de réparer une voiture quelques soit le problème qu’à celle-ci, ( ici le médecin ou ophtalmologue joue le même rôle du mécanicien )
– par contre, l’électricien ( en mécanique de voiture ), il a juste le rôle de réparer les phares, les feux arrières, les lampes et tout ce qui relève de l’électricité de la voiture ( ici l’opticien joue le rôle de l’électricien )
Alors, comme on le voit ici dans ce cas là, les mécaniciens n’ont pas le droit d’attaquer les électriciens et leurs demander abusivement de ne pas toucher ou de réparer les voitures ayant un problème de phares ou d’électricité ou de visibilité comme le font ces médecins et ces ophtalmologues à l’encontre des opticiens ou opticiens – optométristes..