Le Sommet Royaume-Uni/Afrique de cette semaine consacré à l’investissement se veut une occasion pour les dirigeants d’entreprises d’évaluer les défis et les opportunités pour les pays africains explique Davis Malpass, président du groupe de la Banque mondiale dans sa tribune intitulée : Une occasion en or à saisir pour l’Afrique. Il rappelle à juste titre que les emplois en faveur des jeunes ne peuvent être créés sans une croissance plus rapide, plus durable. Aussi, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des niveaux de vie ne peuvent-ils être possibles sans une croissance soutenue.
Ceci étant, en diversifiant leurs portefeuilles, les investisseurs ne demandent qu’à avoir un impact positif sur le développement. D’où l’importance de déployer plus d’efforts et d’avoir l’esprit d’initiative pour y arriver. A ce titre, le président de la Banque mondiale rappelle : « Des progrès significatifs ont été réalisés en Afrique au cours de la décennie écoulée, grâce aux efforts d’une nouvelle génération de décideurs et de dirigeants d’entreprise qui émerge à travers le continent ».
Il corrobore ses propos par des exemples de pays ayant pu réussir et qui prouvent donc que la croissance en Afrique n’est pas une utopie.
Les clés du progrès
Pour David Malpass, les clés du progrès sont bien connues. En faisant le diagnostic de la situation dans le continent telle qu’elle prévaut, le président explique que les pays ont grandement besoin de règles de droit qui favorisent la concurrence et doivent être appliquées. Des ressources financières saines, de la discipline dans les dépenses, de l’eau potable et une électricité fiable sont tous des éléments nécessaires au progrès. Les taxes et la réglementation doivent être équilibrées et promouvoir une croissance durable – en privilégiant dès le départ des secteurs agricoles plus productifs et obéissant aux lois du marché. Un capital suffisant est important, le capital humain étant le plus précieux. Ce dernier peut être développé grâce à des systèmes de santé et d’éducation efficaces, à une grande place faite aux résultats et à des structures juridiques qui offrent toutes les chances de réussir.
Or, le plus souvent, les politiques et programmes imposés depuis le sommet sont non ciblés, servent des intérêts particuliers et du coup s’opposent à l’ouverture des marchés, rendant l’environnement des affaires en Afrique moins attrayant pour l’investissement. Résultat des courses : le développement s’en trouve bridé, ne laissant que fragilités et conflits comme alternative à des millions de personnes.
Les mauvais résultats affichés ces dernières années par certaines des plus grandes économies africaines, à l’instar du Nigéria, de l’Afrique du Sud et de l’Angola, constituent un obstacle majeur à l’investissement étranger. Une autre difficulté tient au fait que les échanges et les investissements transfrontaliers, qui sont essentiels à la croissance, ne progressent pas suffisamment pour relever le taux de croissance moyen de l’Afrique. On retrouve au cœur de ces deux défis des intérêts particuliers.
David Malpass exhorte à l’urgence dans quatre domaines. Premièrement, il faudrait réformer les entreprises publiques et supprimer les monopoles sur les marchés afin d’accroître la concurrence. L’emprise de l’Etat reste excessive, évinçant le secteur privé des secteurs de l’agriculture, des transports et de l’énergie.
En deuxième lieu, l’Afrique devrait éliminer les obstacles au commerce transfrontalier. Un commerce intrarégional accru peut exercer la pression et générer les ressources nécessaires à l’amélioration des infrastructures.
Troisièmement, la dette et l’investissement publics devraient être plus transparents. Les citoyens auraient ainsi davantage leur mot à dire sur les marchés et contrats publics et sur les engagements pris par leurs gouvernants, point de départ fondamental de l’application de l’état de droit.
Quatrièmement, la région doit s’attaquer au problème de la « pauvreté des apprentissages ». Nous avons publié récemment un rapport qui se penche sur la capacité des enfants âgés de 10 ans à lire un récit simple. Dans certains pays africains, jusqu’à 80 % de ces enfants n’en sont pas capables. Les dirigeants britanniques, à commencer par le Premier ministre, soutiennent vivement les programmes visant à maintenir les filles à l’école assez longtemps pour acquérir des compétences et sortir de la pauvreté.
David Malpass conclut sa tribune en laissant entrevoir que l’heure de l’Afrique est maintenant. Autrement dit, il ne faut pas attendre que toutes les conditions économiques soient parfaites pour transformer l’économie et améliorer le sort des populations.
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