Ecrit par Soubha Es-siari |
Pour développer le marché des capitaux, au Maroc comme en Afrique, les gouvernements sont appelés à libéraliser et procéder à la cotation des entreprises publiques.
Sous le Haut Patronage de Sa MajestĂ© le Roi Mohammed VI, lâAutoritĂ© Marocaine du MarchĂ© des Capitaux (AMMC) a organisĂ© ce 20 octobre 2022 Ă Marrakech une confĂ©rence internationale sous le thĂšme « Global Capital Markets – Expect the unexpected : a trilemma for capital markets » (PrĂ©voir lâimprĂ©visible â un trilemme pour les marchĂ©s des capitaux).
Cette conférence unique a réuni des membres du gouvernement, des économistes de renoms, des experts financiers et des régulateurs des marchés des capitaux pour une série de débats et discussions autour de cinq principaux questionnements abordant les principaux enjeux auxquels font face les marchés financiers mondiaux.
 » La ConfĂ©rence publique, qui nous rĂ©unit aujourdâhui Ă Marrakech, est la premiĂšre Ă se tenir totalement en prĂ©sentiel aprĂšs celle de Sydney en 2019 du fait de la pandĂ©mie de COVID-19. Ainsi, plus de 90 autoritĂ©s de marchĂ© des capitaux en provenance dâune centaine de pays et reprĂ©sentĂ©es par plus de 300 participants ont rĂ©pondu prĂ©sent Ă cet Ă©vĂšnement. Câest dire lâimportance de lâOrganisation Internationale des Commissions de Valeurs « , a soulignĂ© Nezha Hayat, prĂ©sidente de l’AutoritĂ© Marocaine du MarchĂ© des Capitaux (AMMC).
Elle a Ă©galement rappelĂ© le fait que les besoins de financement des Etats et des entreprises ont considĂ©rablement augmentĂ© ces derniĂšres annĂ©es pour faire face aussi bien, aux enjeux climatiques et Ă©nergĂ©tiques, quâaux dĂ©fis en termes de rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s et de dĂ©veloppement des infrastructures. « Ces besoins de financement ont Ă©tĂ© particuliĂšrement exacerbĂ©s dans le contexte actuel induit par les effets de la pandĂ©mie Covid-19 et de la crise ukrainienne. Dans le mĂȘme temps, les ressources conventionnelles de financement sâamenuisent et leurs conditions dâoctroi se durcissent », a-t-elle prĂ©cisĂ©.
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La crainte aujourd’hui est de voir se tarir davantage les liquiditĂ©s avec la hausse de l’inflation et celle des taux d’intĂ©rĂȘt pour la juguler. Devant une situation pareille marquĂ©e par une contraction des Ă©conomies, mĂȘme les plus dĂ©veloppĂ©es, et une hausse du dollar par rapport aux autres monnaies, les pays, notamment Ă©mergents, ont besoin dĂ©sespĂ©rĂ©ment de financement.
En Afrique par exemple, les dĂ©fis Ă relever sont importants. Les panĂ©listes s’accordent Ă dire que les marchĂ©s des capitaux restent peu dĂ©veloppĂ©s.
« 24 entreprises ont Ă©tĂ© dĂ©cotĂ©es cette annĂ©e et 20 entreprises l’annĂ©e d’avant. Et pour cause, le peu d’investisseurs institutionnels qui s’y intĂ©ressent », annonce Aldo Olcese Santonja, Economist, Board member of Attijariwafa bank Spain.
Il plaide pour un changement du mode opĂ©ratoire des gouvernements africains. Au Maroc, 172 entreprises publiques sont non cotĂ©es et en Afrique du Sud on y retrouve une centaine. Et c’est pratiquement la mĂȘme tendance dans les autres pays africains.
Les panélistes conçoivent mal le développement des marchés des capitaux dans le continent africain sans la cotation des entreprises publiques et exhortent ainsi à la libéralisation et à la privatisation.
Le marchĂ© de la dette privĂ©e reste Ă©galement peu dĂ©veloppĂ© au Maroc pour des causes liĂ©es notamment Ă l’absence de notation des Ă©metteurs. Aussi, la rĂ©glementation du provisionnement des compagnies d’assurance et des caisses de retraites pose-t-elle problĂšme.
Les « cryptoactions  » sont Ă©galement un segment Ă investir moyennant une rĂ©glementation adĂ©quate. A ce titre, les rĂ©gulateurs, Ă travers le monde doivent unifier leurs efforts pour dĂ©velopper la finance digitale. D’ailleurs, un accord de protocole d’entente entre 20 rĂ©gulateurs membres de l’OICV, a Ă©tĂ© signĂ© le 19 octobre 2022.
Autre point important et pas des moindres est l’instauration de la confiance pour dĂ©velopper des marchĂ©s des capitaux robustes et durables. A ce titre, l’application de la loi est importante en instaurant des sanctions Ă caractĂšre dissuasif.
Last but not least est la mobilisation par le rĂ©gulateur de l’ensemble des acteurs du marchĂ© financier pour amĂ©liorer la rĂ©glementation et Ă©viter les trous dans la raquette qui pourraient handicaper le dĂ©veloppement des marchĂ©s financiers.
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