Aujourd’hui, le Maroc se veut un Hub Mondial capable d’attirer de nouveaux investisseurs étrangers, de part sa position géostratégique en Afrique et ses atouts (stabilité politique, vision métastratégique de l’Etat, ressources humaines qualifiées, climat d’affaires en amélioration…). De ce fait, la nouvelle marque d’investissement et d’export, baptisée « Morocco Now », ambitionne de faire du Maroc une plateforme industrielle et exportatrice de 1er rang, en l’occurrence disposer irréfutablement d’une « Usine Mondiale ».
Par conséquent, bon nombre de mesures doivent accompagner cette ambition telles que l’adoption de la nouvelle charte des investissements, l’adéquation formation-emploi à travers le « Upskilling », et la généralisation de la digitalisation des processus de transformation (la robotique, l’intelligence artificielle…), en vue d’améliorer l’attractivité de l’offre marocaine.
Dans cet ordre d’idées, il s’agit de créer des écosystèmes par secteur d’activité et à travers des zones industriels de 4ème génération (territoires de l’industrie 4.0), afin de faciliter l’accès au foncier par les investisseurs potentiels et pour créer et développer des plateformes d’exécution des projets industriels mondiaux. Ainsi, l’Etat devrait jouer un rôle prépondérant dans le pilotage des chantiers industriels internationales lancés sur le territoire marocain, à travers un accompagnement de bout en bout intégrant, entre autres, les actions suivantes : le soutien à la mobilisation des fonds, le développement de partenariats publics-privés (PPP), la facilitation administrative pour l’octroi des agréments d’exploitation, l’incubation des startups et l’intégration des TPE-PME marocaines dans lesdites chaines de valeur, ainsi que le soutien technique à l’exportation.
S’agissant des freins à surmonter, il est question de lutter contre la lourdeur de l’administration marocaine et la rigidité constatée dans la gestion des dossiers. L’appareil administratif est censé être le facilitateur des opérations d’investissement, afin de ne rater aucune opportunité d’investissement au Pays. Cependant, les Conseils Régionaux d’Investissement (CRI) devront jouer pleinement leur rôle en termes de suivi des dossiers afin de mieux identifier tout blocage susceptible d’empêcher la concrétisation d’un investissement.
Ensuite, il va falloir mobiliser les fonds d’investissement nécessaires au lancement des projets industriels, surtout s’il s’agit de joint-ventures où le Maroc est actionnaire et mobilisateur de fonds en capital. De ce fait, il incombe à l’Etat de mobiliser ses donneurs d’ordre afin de construire les projets dans les délais prévus en Business Plan. En effet, les retards de lancement des projets constituaient, auparavant, un handicap à l’investissement, à cause de la lourdeur des procédures et des difficultés liées à la mobilisation des fonds nécessaires au lancement des chantiers industriels.
D’autre part, le Maroc est conscient de l’enjeu industriel à l’échelle mondiale. De ce fait l’Etat diversifie, et de plus en plus, ses alliés industriels, en se tournant vers les Pays de l’Asie et de l’Amérique, au lieu de rester dépendant des Etats de l’Union Européenne. Avec la nouvelle marque marocaine « Morocco Now », le Royaume s’ouvre alors au Monde et se veut une usine mondiale en ciblant différents investisseurs en Agro-industrie, en aéronautique, en informatique, en parachimie, en énergies renouvelables, entre autres. En effet, le succès réalisé à l’export dans le domaine de l’automobile est donc témoin des grandes potentialités du Maroc dans le domaine industriel.
Cependant, l’attractivité du Maroc sur tout le pourtour méditerranéen lui offre une position de force négociation, car en effet le Pays dispose de la meilleure porte d’entrée en Afrique, gisement de croissance et de productivité. Mieux encore, le Maroc est doté de main d’œuvre qualifiée et d’ingénieurs de hauts niveaux et qui coutent moins chers qu’en Europe, ce qui constitue une attractivité économique importante vis-à-vis des investisseurs asiatiques et américains.
De ce fait, l’amélioration exponentielle des exportations marocaines vers les autres continents, en étant une usine mondiale de productivité à bas échelles, renversera la donne en procurant au Maroc un indicateur viable d’émergence, en l’occurrence une balance commerciale excédentaire où les exportations marocaines primeront davantage sur les importations. Ainsi, il ne s’agira plus de déficit commercial de biens et services, mais d’excédent pérenne garanti par de solides opérations d’export et une productivité industrielle compétitive à l’échelle mondiale de 4ème et 5ème générations.
Par Youssef Guerraoui Filali
Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management