La Cour des comptes vient de rendre public un rapport thématique portant sur l’état de préparation du Maroc à la mise en œuvre des objectifs de développement durable 2015-2030. Lesdits objectifs ont été adoptés par l’Assemblée Générale des Nations Unis lors de sa soixante-dixième session tenue en date du 25 septembre 2015.
Ce programme a mis en place, à l’horizon 2030, un cadre mondial de travail basé sur la mise en œuvre de 17 objectifs de développement durable (ODD) déclinés en 169 cibles. En guise de rappel, le Maroc était parmi les pays qui ont adhéré à ce programme et se sont engagés à sa mise en œuvre. Vu l’importance de la mise en œuvre des objectifs de développement durable et des défis que représentent pour notre pays, la Cour des comptes a réalisé, en 2018, une revue de l’état de préparation du Maroc à la mise en œuvre des objectifs de développement durable (2015-2030).
Il ressort de ladite revue que le Maroc s’est engagé de manière claire pour mettre en œuvre le Programme 2030 et dispose d’un cadre constitutionnel et législatif favorable pour le mettre en œuvre. Dans ce cadre, une consultation nationale a été organisée par le gouvernement en 2016 afin d’initier des consultations et un débat national entre les différents acteurs concernés par la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
Toutefois, la Cour a constaté que le gouvernement n’a pas pris les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les recommandations issues de ces consultations. En plus, le niveau d’appropriation des objectifs par les parties prenantes notamment le secteur public, le secteur privé, la société civile et les citoyens s’avère peu satisfaisant.
Cette situation résulte, d’une part, de l’absence d’un cadre institutionnel national dont la mission est d’améliorer le niveau de coordination et de complémentarité entre les parties prenantes, et d’autre part, de l’absence d’une stratégie de communication afin d’améliorer la prise de conscience et la connaissance des objectifs et leur appropriation.
Le retard dans la mise en place de ce cadre a eu comme conséquence la faible implication et le défaut de concertation des parties prenantes autour des objectifs de développement durable, l’absence de la répartition des rôles et des responsabilités et la non adoption d’un plan national qui arrête les priorités, les plans d’exécution, les délais, les intervenants et les sources de financement.
Par ailleurs, la Cour a noté le rythme lent de la mise en œuvre des mesures de convergence, d’alignement et de mise en cohérence de la stratégie nationale du développement durable (SNDD) et des stratégies sectorielles avec les objectifs de développement durable et leurs cibles.
La mise en œuvre de la SNDD fait face à certaines difficultés liées à une appropriation insuffisante par certaines parties prenantes et l’existence de discordances sur le cadre adéquat pour arrêter les projets, leur mise en œuvre, leur alignement avec les objectifs de développement durable et la responsabilité du suivi et de la coordination.
Dans ce contexte, la Cour a constaté que plusieurs ministères prennent des initiatives séparées pour l’appropriation des objectifs et leur mise en œuvre dans leurs politiques sectorielles. Soit en l’absence d’un cadre stratégique de coordination de l’action des différents partenaires et d’une approche unifiée et intégrée qui définit les priorités nationales. Ce qui est contraire au cadre défini par le programme 2030 qui encourage la coordination entre les parties prenantes et la répartition des responsabilités. Le but étant d’assurer une meilleure exécution et l’exploitation des potentialités nationales dans le cadre d’un projet intégré.
Concernant les données relatives à la mesure des indicateurs, la Cour a noté que le système statistique national répond aux principaux standards internationaux, et dispose des capacités requises pour générer les différents indicateurs.
Toutefois, ce système est appelé à dépasser certaines insuffisances liées au manque de coordination et d’harmonisation des actions et des opérations statistiques effectuées séparément par ses différentes composantes. De même ce système souffre de l’insuffisance du niveau de coopération et d’intégration entre les différents producteurs des informations statistiques.