Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Tenu durant 2 jours à Tanger, le Forum international sur la perspective locale du “Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire” a été l’occasion d’échanger sur les enjeux de ce Nexus, les opportunités qu’il offre ainsi que les défis majeurs à relever par les territoires pour un développement plus résilient. Les recommandations phares de ce Nexus seront intégrées dans le PDR et SRAT.
Avec l’accentuation du changement climatique et les crises qui se succèdent, les territoires sont de plus en plus exposés à des risques économiques, énergétiques, écologiques, environnementaux…
Des défis majeurs à relever pour garantir le développement, renouer avec la croissance et préserver les ressources qui se font de plus en plus rares. Faut-il rappeler que les territoires sont parmi les grands consommateurs des ressources naturelles et en même temps les principaux responsables des impacts négatifs sur l’environnement.
Conscient de la nécessite d’agir pour limiter les dégâts et préserver les ressources naturelles, la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et la Maison méditerranéenne du climat (MMC) ont organisé les 27 et 28 juin le Forum international sur la perspective locale du «Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire».
Cet événement auquel ont pris part des experts nationaux et internationaux a été l’occasion de mettre la lumière sur les impacts à long terme du lien du nexus eau-énergie-sécurité alimentaire notamment sur la croissance, les moyens d’améliorer la cohérence entre la planification et les priorités nationales, régionales et locales, ainsi que l’importance de promouvoir les investissements du secteur privé dans le Nexus.
« Nous avons la certitude que « la Perspective Locale du Nexus Eau-Énergie – Sécurité Alimentaire » sera déterminée et influencée, en partie par les décisions prises dans ce forum et ensuite, par les projets et les actions que nous aurons à mettre en actions ensemble, dans nos territoires, en tant qu’élus, autorités, sociétés civiles, scientifiques, acteurs économiques, bailleurs de fond… », a déclaré le président de la région TTA, Omar Moro en rappelant l’importance de cette manifestation qui vise à débattre et échanger autour d’une problématique délicate et récurrente, qui meuble déjà notre quotidien et qui fera partie du quotidien des générations à venir.
Dans un contexte marqué par la rareté des ressources naturelles et les chocs exogènes qui ralentissent le développement économique des territoires, les régions n’ont d’autres choix que d’intégrer ces 3 composantes dans leur stratégie de développement. C’est dans cette optique que la région TTA aspire à s’ériger en région pilote en matière d’élaboration de politiques régionales intégrées plus résilientes basées sur de nouvelles façons de penser, de faire et d’agir.
Ceci passe par une bonne gouvernance des ressources naturelles nécessaires pour répondre aux besoins fondamentaux de la population en eau, en énergie et en nourriture, d’une manière écologiquement durable, économiquement viable et socialement inclusive, qui soit en outre capable de faire face aux chocs et aux catastrophes.
Omar Moro a, en l’occurrence, précisé que conformément aux orientations Royales et au nouveau modèle de développement (NMD), le conseil de la Région projette d’instaurer un nouveau paradigme. Le Président de la région s’est même engagé à intégrer les recommandations phares de ce nexus dans le projet de développement régional (PDR) en cours d’élaboration ainsi que dans le Schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT).
La finalité étant d’élaborer une nouvelle politique de développement régional efficiente et durable, et des méthodes efficaces de gestion et d’utilisation des ressources pour les générations futures.
Pour sa part, le président de la MMC, Abdeladim Lhafi, a rappelé l’impératif de revoir et de prendre en compte les 3 secteurs à savoir l’eau, l’énergie et la sécurité alimentaire, de manière à favoriser la convergence et la gestion intégrée de ces domaines.
Il a rappelé que la constitution de 2011 a évoqué, pour la première fois, les concepts de développement humain durable, de justice sociale et de préservation des ressources naturelles nationales, appelant à la nécessité d’assurer la solidarité territoriale entre les régions et la solidarité entre les générations, pour un développement intégré et durable des ressources naturelles.
Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’eau, a quant à lui rappelé les enjeux et les défis majeurs à relever par notre pays et par ricochet par les territoires pour faire face au stress hydrique, énergétique et alimentaire, et ce afin d’accompagner le développement socio-économique durable que connaît le Maroc.
Etant étroitement liés, le ministre a précisé que la gestion intégrée des secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’agriculture n’est plus un choix mais un impératif pour atteindre plus d’efficacité dans la mise en œuvre des projets liés à ces domaines vitaux et nécessaires au développement de l’économie nationale et à la réalisation de la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire, à la lumière du changement climatique, ainsi qu’à la promotion du développement durable.
De son côté, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a indiqué que le Nexus eau-énergie-sécurité alimentaire s’inscrit parfaitement dans les orientations stratégiques du NMD et de la stratégie nationale de développement durable (SNDD), qui fixe aujourd’hui des objectifs clairs pour la transition du Maroc vers une économie bas-carbone à l’horizon 2050.
L. Benali a relevé que plusieurs initiatives ont, d’ores et déjà, été entreprises pour promouvoir ce Nexus, en l’occurrence les schémas régionaux du littoral, qui visent à jeter les bases d’une gestion intégrée, les plans climat territoriaux et le programme national de pompage solaire qui permettra, à travers un mécanisme de régulation, de rationaliser l’utilisation des ressources.
Elle a, par ailleurs, noté que la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima (TTA) jouit d’un potentiel considérable en énergie éolienne et d’une position stratégique au cœur d’un carrefour énergétique électrique et gazier, notamment avec l’Europe, faisant savoir que la région dispose d’une capacité totale opérationnelle de 400 mégawatt (MW) de source éolienne, soit environ 30% de la capacité installée aujourd’hui en énergie éolienne, avec une capacité supplémentaire de 320 MW en cours de développement.
« La région dispose également d’un patrimoine hydraulique important, constitué de 20 grands barrages avec une capacité globale de 6 milliards de mètres cubes », a ajouté la ministre, estimant que l’enjeu aujourd’hui est de pérenniser le développement de la région et des ressources hydriques dans un contexte général de rareté et de changements climatiques.
La ministre a indiqué que son département a, dans ce contexte, contribué avec une enveloppe budgétaire de 800 MDH dans le cadre du programme national d’assainissement liquide, pour appuyer les 15 projets d’implantation, de réhabilitation, de renforcement et d’extension du réseau d’épuration liquide dans les différentes localités de la région, ainsi que la réhabilitation et l’extension de 14 stations d’épuration au profit des provinces de la région et l’extension de trois stations d’épuration dans la province d’Al Hoceima.