Rien ne va plus entre l’Association marocaine des Pilotes de ligne et la compagnie nationale Royal Air Maroc. Les deux protagonistes qui ne parviennent pas à un accord, se sont engagés dans une guerre de communiqués.
Résolument l’expression « Laver son linge sale en famille », n’a pas sa place dans le bras de fer qui oppose, depuis plusieurs années, les pilotes de ligne avec la compagnie nationale, Royal Air Maroc. La tension accrue entre les deux protagonistes est palpable par la fréquence des communiqués mais également leur teneur.
Entre information et désinformation, la presse est prise dans l’étau d’une véritable guerre de communiqués. Ce qui révèle d’ailleurs que le dialogue social est au point mort. Une situation à laquelle, les communiqués et contre-communiqués n’arrangent rien.
En effet, le mercredi 18 juillet, la presse faisait l’écho d’une « grève dévastatrice » des pilotes selon la direction de la compagnie qui déplorait l’absence de volonté d’aboutir à un compromis » et dénonçait une « surenchère des revendications ». Cette grève « détruira de la valeur et dégradera nos indicateurs économiques », avançait la Direction de la compagnie, relayée par la presse nationale.
48 h plus tard, l’Association marocaine des pilotes de ligne s’est fendue d’un communiqué pour démentir formellement les allégations,affirmant que les pilotes de ligne de Royal Air Marocseraient en grève. « L’AMPLconfirme que les pilotes de ligne assurent leurs missions, à savoir leurs vols de même que leurs astreintes tel que prévus sur leurs programmes de vols mensuels établis par la Compagnie Royal Air Maroc et ce conformément aux lois et règlements en vigueur », assure un communiqué de l’association. L’association rejette toute responsabilité sur Les éventuelles perturbations occasionnées aux passagers, qu’elle impute « plutôt à une gestion chaotique de l’exploitation due principalement à une situation de sous-effectif chronique maintes fois dénoncée par l’AMPL ».
Tout en confirmant la prévalence d’un climat social lourd exacerbé par vingt longs mois d’un dialogue social stérile, l’AMPLs’interroge sur les véritables motivations derrière ces allégations.
Quid du mot d’ordre lancé par l’AMPL ?
Un mot d’ordre a pourtant été passé par l’AMPL à ses membres. Pour lever le voile sur son contenu, un représentant de l’association explique : « Nous avons toujours été très flexibles quant à la programmation de nos vols, sur les horaires comme sur le nombre de vols que nous effectuons, pour accompagner notre compagnie et parce que c’est notre devoir de servir nos concitoyens ».
Les pilotes de ligne voient ainsi leur vie sociale est très affectée parce que leurs programmes mensuels peuvent changer du jour au lendemain. « Je ne vois pas grandir mes enfants, je rate presque systématiquement tous leurs anniversaires et événements importants, je n’honore presque jamais mes rendez-vous chez le médecin parce que je réponds présent quand on m’appelle à quelques heures d’un vol pour suppléer au manque d’effectif chronique. Un sous-effectif qui était plus que prévisible quand RAM a abandonné la formation des pilotes de ligne, chose que nous n’avons pas arrêté de condamner sans pour autant être entendus », regrette-t-il.
Quant au courrier envoyé aux membres de l’AMPL, « suite aux revirements et aux engagements non-tenus dans les discussions avec le management de la RAM, ne faisait donc que demander à nos membres de ne plus faire preuve de cette flexibilité, de faire leur travail strictement dans le cadre du programme qui leur a été communiqué », précise-t-il. Pour l’association c’est le seul moyen pour que le management de la compagnie se rende compte de l’ampleur de la problématique et écoute enfin les revendications des pilotes. Le représentant de l’AMPL conclut par déplorer que « Depuis le début de cette année, nous assistons à une vraie cabale médiatique dans laquelle nous avons été dépeints à l’opinion publique comme des enfants gâtés, qui veulent juste s’enrichir et faire couler la compagnie ».