Face à la conjugaison d’un ensemble d’éléments, on est tenté de se poser la question sur les indicateurs précurseurs sur lesquels s’est basé le FMI pour établir ses pronostics 2019 qui ne cadrent nullement avec ceux établis que ce soit par le CMC ou la Banque Centrale.
Au moment où le FMI, dans son dernier rapport sur les perspectives de l’économie mondiale, prévoit tout en étant optimiste un taux de croissance pour l’économie marocaine de 3,2% en 2019, le Centre Marocain de Conjoncture prévoit un taux de 2,4% (2,7% pour BAM).
Dans leur analyse, les conjoncturistes élargissent la réflexion estimant que la pluie, ce facteur exogène, n’est pas le seul à faire varier la croissance du niveau qu’on lui a prédité au moment des anticipations extrapolatives à la fin de l’année écoulée. Ils corroborent leurs propos par les hésitations constatées des pouvoirs publics et des indécisions qui ont marqué l’énoncé de leurs actions politiques. Lesdites hésitations ont instauré un climat d’attentisme et de défiance qui ont peu ou prou contribué à ce ralentissement économique qui se profile à l’horizon. A ce titre, il est utile de rappeler que les enquêtes de conjonctures élaborées pour tâter le pouls des opérateurs font ressortir une fébrilité inquiétante des opérateurs économiques en matière d’anticipations pour l’année en cours.
Les conjoncturistes tiennent toutefois à rappeler que sous de bons augures et sur la base d’hypothèses assez bonnes mais plausibles, les premières prévisions 2019 -établies par le Centre Marocain de Conjoncture- laissaient présager un dynamisme conséquent de l’économie nationale avec un taux de croissance de 3,6%. Rien ne s’y opposait alors. Les fondamentaux précurseurs étaient quasiment tous au vert : la légère baisse du chômage, le bon comportement de certains secteurs, l’intensité et la répartition des pluies précoces enregistrées durant les mois d’octobre et de novembre, la forte croissance mondiale annoncée … Ils confirmaient ainsi les pronostics largement probables d’un rythme de croissance substantiel.
En effet, la faible pluie et les changements élevés ayant marqué la saison au cours du premier trimestre ont biaisé les prévisions. La croissance a été ainsi revue à la biaise et le différentiel est relativement élevé pour ne retenir qu’une évolution modeste de l’ordre de 2,4%.
Le changement climatique pourrait impacter la production de la branche des céréales et légumineuses. « Mise en rapport avec l’excellente campagne agricole précédente, cette baisse serait de l’ordre de 35% », préviennent les conjoncturistes. Et d’ajouter : « De par le poids de ces spéculations dans la production agricole et du rôle qu’elles jouent sur le marché du travail rural, leur décrue aurait, sans nul doute, des effets négatifs sur l’ensemble des rouages de l’économie, affecterait le niveau de l’emploi et, par le truchement d’un déplacement de la main-d’œuvre agricole, pourrait entrainer un gonflement de la population des chômeurs citadins ».
Quid des autres secteurs ?
Les industries extractives devraient maintenir le cap de la relance qu’elles ont abordé l’année écoulée. L’automobile et l’agro-alimentaire poursuivraient leur trajectoire à la faveur d’une demande extérieure quelque peu soutenue même si c’est un rythme atténué. En ce qui concerne l’automobile, une source de croissance au Maroc, la conjoncture que ce soit en Chine ou en Europe est morose. Cette morosité va-t-elle impacter la production automobile au Maroc ? Cela dépend de l’ampleur de la crise de la demande automobile dans le reste du monde.
Un secteur comme celui des bâtiments et travaux publics sortirait, selon toute probabilité, la tête de l’eau. En cause, les indicateurs précurseurs comme la bonne orientation des crédits au logement et le léger relèvement des ventes du ciment pourraient y contribuer.
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En matière d’investissements, outre les IDE qui affichent une baisse, l’on remarque que les opérateurs privés locaux demeurent prudents, voire frileux, pour s’engager dans de nouveaux projets ou même seulement augmenter leurs capacités de production. Cette attitude transparait à travers les prêts bancaires à l’équipement qui traînaient le pas, tout le long de 2018 et dont le rythme d’évolution en ce début d’année 2019 est à peine perceptible, pour jouer le rôle décisif nécessaire à la relance de l’économie.
L’international n’arrange pas non plus les choses…
la baisse annoncée relative à un taux de 2,4% devrait s’inscrire dans un contexte peu porteur de l’économie mondiale.
Les principaux organismes internationaux de prévisions ont procédé à une révision en cascade de la croissance mondiale ; prévue initialement de 4%, le taux d’évolution de l’économie mondiale a été ajusté à 3,7% dans un premier temps pour venir, enfin, atterrir à 3,5% en janvier 2019.
Les partenaires économiques traditionnels du Maroc seraient, eux aussi, en difficulté et devraient être affectés par ce retrait, le taux de progression du Produit intérieur brut de la zone Euro a été réduit de 0,3 point: en comparaison avec les premiers pronostics, il est passé de 1,9% à 1,6%. Impacté par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et par la montée en puissance du protectionnisme, le commerce mondial n’enregistrerait- dans le meilleur des cas- qu’une hausse moyenne de 4% au terme de cet exercice.
Face à la conjugaison de tous ces éléments, on est tenté de se poser la question sur les indicateurs précurseurs sur lesquels s’est basé le FMI pour établir ses pronostics qui ne cadrent nullement avec ceux établis que ce soit par le CMC ou la Banque Centrale.