Ecrit par Imane Bouhrara |
Après les tarifs du transport, ce sont les prix du pain qui cristallisent l’opinion publique ces derniers jours. Le Conseil de la Concurrence va-t-il s’autosaisir après l’alerte de la Fédération nationale des Associations du Consommateur (FNAC) sur le risque d’entente ?
Alors que le ministère des Finances avait publié un communiqué sur le maintien du prix du pain à base de farine de blé tendre à 1,20 DH, certaines boulangeries ont procédé à l’augmentation des prix du pain à base de blé, d’orge et autres.
Nous avons pu consulter l’une de ces annonces, affichée par une boulangerie à Tiznit et cachetée également par l’association des boulangeries et pâtisseries de la même ville, une augmentation de 50 centimes le pain.
Il faut dire que cette tendance générale a fait réagir à maintes reprises la Fédération nationale des associations du Consommateur (FNAC) qui suit avec beaucoup d’inquiétudes les hausses fulgurantes dues à l’instabilité des prix dans le marché marocain.
« Une situation exploitée par les professionnels ou leurs représentants, regroupés en associations ou fédérations professionnelles. Nous avons constaté une annonce d’augmentation des prix du pain à base de blé et d’orge, de tous types, ainsi que des annonces faites dans ce sens par les représentants de certains organismes professionnels du secteur à travers la presse électronique », lit-on dans le courrier de la FNAC datant du 22 février adressé au Président du Conseil de la Concurrence.
Dans son écrit la FNAC explique que cette décision d’augmentation des prix est légale si elle n’avait pas été cautionnée par l’association des boulangerie et des pâtisseries après débat entre ses membres. Ce qui est constitue une infraction à la loi 140-12 relative à la liberté des prix et la concurrence.
A travers son courrier, la FNAC, n’ayant pas la reconnaissance d’utilité publique donc ne peut saisir le Conseil conformément à l’article 5 de la loi 13.10, demande audit Conseil de s’autosaisir.
Une action qui a plus de chance d’aboutir si la procédure est soutenue par une demande d’avis émanant de l’une des commissions permanentes du Parlement ou toute autre partie tel que stipulé dans la loi relative au Conseil de la Concurrence. Comme ce fut le cas pour des secteurs comme celui des huiles ou encore de l’enseignement privé, qui permettent d’avoir un diagnostic complet et les pistes de réformes possibles.
Et comme une question en amène une autre, la situation vécue sur les marchés marocains ces derniers mois révèlent l’importance de la régulation et l’organisation des marchés, d’abord pour instaurer et veiller aux règles de bonne concurrence entre les opérateurs mais surtout protéger le maillon faible de cette chaîne qu’est le consommateur final.
Dans ce cas précis se posent de sérieuses questions sur l’ensemble de la chaîne de production de ce secteur, aussi bien en amont (minoterie) qu’en aval (boulangerie) et l’utilité de la subvention de la farine dans de telles conditions en l’absence de réforme promise vers une libéralisation, d’autant que le contingent de la farine subventionnée a été constamment réduit.
Plus généralement, cela rappelle aussi une autre réforme, celle de secteur de la minoterie qui tarde à voir le jour. Mais aussi celle de la mise en place du Registre social unifié, dont la mise en place permettra de cibler les aides de l’Etat. Ce qui est de nature à accélérer la réforme de la compensation, dont le budget devra soutenir le financement du chantier de la protection sociale.
Pour caricaturer, il faut reconnaître que les autorités publiques sont en face d’un Mikado, la mesure où chaque action ne peut se faire sans en impliquer une autre. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi le gouvernement est peu enclin à la communication.