Ecrit par L. Boumahrou |
Tous les gouvernements qui se sont succédé ont mis l’accent sur le renforcement du tourisme interne comme pilier du secteur touristique et comme bouée de sauvetage pour faire face aux crises. Malheureusement, la réalité sur le terrain est tout autre. La volonté du gouvernement actuel de faire du tourisme interne un pilier fondamental du secteur ira-t-elle jusqu’au bout ?
Après plus de 2 ans de crise sanitaire, le secteur touristique a pu renouer avec la croissance. Une reprise sur fond de vigilance. Et pour cause, la pandémie du Covid a mis à l’évidence la fragilité de ce secteur vital. Mais pas seulement, la pandémie a également remis sur le devant de la scène l’importance du tourisme interne pour faire face aux crises sanitaires ou autres. Faut-il rappeler que ce sont les touristes marocains qui ont sauvé le secteur de l’effondrement tout au long de la crise sanitaire.
Malheureusement, bien que les gouvernements qui se succèdent aient prôné la promotion du tourisme interne, la réalité sur le terrain est tout autre.
Les prix appliqués aux touristes locaux sont nettement supérieurs à ceux appliqués aux étrangers. Ce qui pousse plus de 2 millions de Marocains à opter pour des vacances à l’étranger où les tarifs et les offres sont beaucoup plus alléchants que ceux appliqués au Maroc.
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Une réalité qui n’a cessé d’être dénoncée mais sans suite. Il semble que l’actuel gouvernement souhaite prendre le taureau par les cornes et adopter une vision globale autour d’un modèle marocain innovant pour un tourisme durable capable de relever tous les défis, qu’ils soient sanitaires, environnementaux ou économiques.
C’est ce qu’a affirmé le chef du gouvernement Aziz Akhannouch ce mardi à la chambre des conseillers en précisant que le gouvernement s’emploie à diversifier l’offre touristique et à l’adapter aux nouvelles exigences des touristes, notamment en ce qui concerne le tourisme culturel, rural, écologique ou de montagne, qui permettra au Maroc d’attirer d’autres catégories de visiteurs tout au long de l’année.
« Le tourisme intérieur est considéré comme un pilier essentiel du secteur touristique en raison de sa capacité à résister aux crises, et cela a été également révélé par la pandémie, car il a constitué une soupape de sécurité pour sauver le secteur de l’effondrement. Dès lors, le gouvernement s’emploie activement à poser des bases solides pour le développement durable du tourisme intérieur comme levier de relance du secteur touristique, en cristallisant un ensemble de mesures dont la mise en œuvre a déjà commencé », a-t-il affirmé.
Malheureusement, on craint que ces belles promesses ne restent lettres mortes comme cela a été le cas pour la plupart des initiatives visant à renforcer l’offre touristique interne.
C’est le cas par exemple des chèques-vacances. Rappelons que pour faire face à la crise sanitaire, la Loi des Finances rectificative 2020 avait apporté dans son lot de dispositions une mesure fiscale pour booster le tourisme interne. Il s’agit de la défiscalisation de l’Impôt sur le Revenu (IR) des avantages et primes accordés aux salariés sous forme de chèques-vacances.
Le ministère de Tourisme et la Direction générale des impôts (DGI) avaient travaillé pour mettre en place un cadre règlementaire. Depuis, on n’en sait pas plus sur le sort réservé à ce décret.
Ce qui est certain, c’est que le touriste interne se retrouve toujours avec des offres qui ne correspondent ni à son budget ni à ses besoins.
Au-delà de la volonté du gouvernement, il reste à voir si les opérateurs vont jouer le jeu et s’inscrire dans cette nouvelle orientation du gouvernement pour promouvoir l’offre « tourisme interne ».