Une forte corrélation existe entre la qualité des institutions et le développement économique.
Au Maroc, les réformes menées au cours des deux dernières décennies, lui ont permis d’enregistrer des avancées importantes en matière de gouvernance. Toutefois, le pari est loin d’être gagné.
Le rôle important que jouent les institutions en matière de développement économique n’est plus à démontrer. Nombreux sont les travaux d’analyse théoriques et empiriques qui ont mis en exergue la qualité de la gouvernance institutionnelle comme l’un des leviers importants qui favorisent une croissance économique à la fois inclusive et durable. Mieux encore, les divergences dans les rythmes de croissance et les dynamiques de développement des économies sont attribuées en grande partie à la qualité des institutions mises en place. Une étude publiée récemment par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) a clairement montré que l’édification d’institutions fortes et l’ancrage aux principes de la bonne gouvernance constituent des paramètres clés pour impulser durablement le processus de développement économique. Elle met également le focus sur les enseignements que le Maroc pourrait en tirer afin de bénéficier comme il se doit des institutions mises en place. Pour ce faire, des modèles économiques, intégrant un échantillon de 94 pays, ont été utilisés. Les résultats des différentes estimations économétriques ont mis en évidence le lien empirique positif et significatif entre la gouvernance et le développement économique.
Réformes en faveur de la qualité des institutions
En guise de rappel, les réformes multidimensionnelles menées par le Royaume au cours des deux dernières décennies, impulsées par la réforme constitutionnelle de 2011, lui ont permis d’enregistrer des avancées importantes.
Plusieurs réformes ont été lancées et accélérées, notamment en matière de renforcement de la transparence et de la gestion des finances publiques, moyennant, l’adoption en 2015 de la nouvelle Loi relative à la Loi Organique des Finances (LOF) dont l’objectif est de mettre en place les bases nécessaires pour aboutir à un Budget plus lisible, mieux appréhender les résultats, élaborer des indicateurs de performance, responsabiliser les intervenants…
Aussi, le Maroc a fait de l’amélioration de son climat des affaires, le fer de lance pour bâtir une économie solide à même de faire face aux défis de l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de son système productif.
Le Royaume s’est également orienté vers une territorialisation affirmée de ses politiques publiques pour assurer un développement régional intégré et durable et ce, en adoptant la régionalisation avancée et en mettant en place les mécanismes à même de l’opérationnaliser. En somme, le Maroc a mené plusieurs réformes qui, au demeurant, lui ont permis de jouir d’une grande crédibilité à l’échelle internationale.
A ce titre, son positionnement a nettement progressé en 2012 par rapport à 2009 notamment en termes des indicateurs de gouvernance publique, reflétant ainsi l’amélioration du fonctionnement des administrations publiques. Malgré un léger recul en 2016 comparativement à 2012, la position du Maroc, surtout en termes de gouvernance publique, demeure toujours favorable, comparativement aux pays de sa région ainsi que par rapport à d’autres pays comme le Turquie, la Chine, la Grèce et le Mexique.
Ces réformes lui ont certes permis d’être le pays modèle pour le continent africain. Toutefois, elles ne lui ont pas permis de résoudre l’équation de la croissance inclusive. D’autres écueils sont à éviter.
Comment y parvenir ?
Les rédacteurs de l’étude citent cinq leviers prioritaires qui devraient être déployés pour susciter une inflexion positive du développement institutionnel au Maroc, accélérer son processus de convergence économique et le libérer de la trappe des pays à revenu intermédiaire.
Le premier est relatif au parachèvement de l’édification du capital institutionnel et sa fructification. Le deuxième concerne l’accélération du processus d’accumulation du capital humain et ce à travers le recours à une nouvelle génération de réformes touchant de manière synchronisée et selon une vision de long terme les différentes composantes de l’écosystème éducation.
Autre levier important est le renforcement de la cohérence des programmes publics et les visions sectorielles. Le recours aux mécanismes de suivi et d’évaluation devrait être rendu systématique pour conférer plus de visibilité en termes d’implémentation des programmes publics.
La promotion de la territorialisation des politiques publiques s’avère également importante pour rendre les territoires maîtres de leur destin. Enfin, l’ancrage du système productif national sur une stratégie de modernisation compétitive rénovée se veut aussi crucial. Pour gagner le pari de la compétitivité globale et favoriser l’émergence d’un secteur privé, le Maroc gagnerait à faire de l’innovation et du progrès technologiques des avantages comparatifs.
Des leviers aussi importants les uns que les autres pour gagner le pari du développement et de la modernisation. Ils doivent être pris sérieusement par les toutes les forces vives de la nation publiques et privées pour que le Maroc puisse enfin réussir son développement économique qui souffre de plusieurs maux.