Aucune économie ne peut atteindre son plein potentiel si les femmes et les hommes n’y participent pas pleinement. Les détails du nouveau rapport du groupe Banque mondiale «Les femmes, l’entreprise et le droit» dévoilent des scores du Maghreb largement en deçà de la moyenne mondiale.
Malgré un fort taux d’alphabétisation des femmes (72%), la région MENA enregistre de loin le taux de participation féminine le plus bas (16%) et de femmes associées dans une entreprise (23%), tandis que le reste du monde enregistre respectivement 33% et 35%. L’amélioration des systèmes d’éducation et de formation n’a malheureusement pas généré d’opportunités économiques pour les femmes. De même que cette région a connu, au cours de ces cinq dernières décennies, le moins de réformes juridiques concernant l’égalité des sexes. Allant des restrictions juridiques limitant la capacité d’agir des femmes, à l’absence de protection contre le harcèlement sexuel, le nouveau rapport du Groupe de la Banque Mondiale portant sur la thématique «Les Femmes, l’Entreprise et le Droit» conclut que les lois ont un impact sur l’autonomisation des femmes. Par exemple, lorsque la loi prévoit moins de mesures pour garantir l’égalité entre les hommes et les femmes, le nombre de femmes qui travaillent et possèdent des entreprises diminue.
Le rapport présenté aujourd’hui à Casablanca lors d’une conférence régionale sur le thème «favoriser la croissance grâce à la participation des femmes à la vie économique au Maghreb», note toutefois que le Maroc dispose de recours civils contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. La rencontre, organisée par IFC et la CGEM, a été l’occasion pour les experts de mettre l’accent sur les obstacles empêchant les femmes de contribuer pleinement à la croissance et à la prospérité économique du Maghreb.
Il ne peut y avoir de croissance économique sans autonomisation des femmes. Les politiques en faveur d’une meilleure intégration des femmes dans l’économie contribuent à l’amélioration de la croissance des pays».
a indiqué Leyla Channawi, Présidente de la Commission Financement des Entreprises de la CGEM.
Cette rencontre a également permis de débattre sur la façon dont les lois impactent les décisions des femmes souhaitant créer et gérer des entreprises ou accéder au marché du travail en Algérie, au Maroc et en Tunisie.
Les lois qui favorisent la capacité des femmes d’accéder, de gérer et de contrôler la propriété sont importantes pour leur sécurité financière et le bien-être de leurs familles ; par exemple, les lois qui prévoient l’évaluation monétaire du travail non rémunéré des femmes au sein du ménage, dans le cadre du partage des biens matrimoniaux.
Globalement, 134 économies, y compris Malte, disposent de telles lois qui sont applicables par défaut. L’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont tous introduit des options permettant la reconnaissance des contributions non monétaires dans le cadre du mariage. Un autre débat lors de cette rencontre a porté sur les moyens par lesquels les banques pourraient s’adresser aux femmes afin de mieux répondre à leurs besoins et améliorer leur accès au crédit.
Répondre aux besoins croissants des femmes en matière de services financiers n’est pas seulement un impératif moral ; c’est aussi une logique commerciale, car cette démarche permet aux banques de cibler une clientèle délaissée mais rentable. Encourager les femmes entrepreneurs aidera à stimuler la croissance économique dans la région».
a déclaré Xavier Reille, Directeur IFC pour la région Maghreb.
Les discussions ont permis d’établir des recommandations de solutions, d’actions politiques et de réformes à même de favoriser la participation des femmes à la vie économique au Maghreb. Cette conférence a reçu le soutien du Secrétariat d’Etat à l’économie suisse (SECO) et s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large d’IFC qui vise à favoriser une meilleure intégration des femmes à la vie économique pour stimuler la croissance dans les pays émergents.