Et pourtant la recherche et développement revêt une grande importance dans l’encouragement à l’investissement. L’enjeu est de faire bénéficier les entreprises d’une réduction d’impôt au moins égale à 30 % du montant des dépenses en R&D réalisées au cours de l’exercice.
Dans son dernier discours devant les deux chambres de Parlement, le Souverain a fait un constat important : « Au terme de leur formation à l’étranger, certains étudiants préfèrent rester sur place, attirés par les avantages alléchants qui leur sont offerts. A cet égard, l’initiative que Nous proposons est de nature à créer les conditions favorables pour amener les compétences marocaines à rentrer travailler au pays et y donner le meilleur d’elles-mêmes. Elle favorisera aussi une concurrence saine et positive qui aura pour effet, à terme, d’améliorer la qualité des prestations ». Ce constat fait par le Roi n’a pas trait uniquement au marché du travail mais aux conditions propices à l’épanouissement offertes sous d’autres cieux. Après la lecture de cet extrait, nous ne pouvons, bien entendu, faire fi de la recherche et développement qui accuse du retard dans notre pays. C’est un truisme que l’innovation joue un rôle crucial dans la dynamique économique et sociale des économies, et ce, en stimulant la productivité et la croissance économique.
A l’instar des précédentes Lois de Finances, celle de 2019 ne contient aucune disposition en faveur de la recherche & développement. Et pourtant, à l’occasion de chaque élaboration du PLF, le patronat monte au créneau dénonçant l’ignorance de l’importance de la recherche et développement pour stimuler les investissements. Le patronat recommande le crédit d’impôt recherche consistant à faire bénéficier les entreprises d’une réduction d’impôt au moins égale à 30 % du montant des dépenses en R&D réalisées au cours de l’exercice.
Aussi, depuis 2002, le Conseil économique social et environnemental, dans son rapport sur le système fiscal marocain et la cohésion social, a-t-il mis l’accent sur l’importance de la R&D. Que nenni !
Faut-il rappeler à ce titre qu’au Maroc, la R&D demeure financée par le secteur public à hauteur de 73 % contre 22 % pour le secteur privé, 1 % pour le partenariat public-privé, 1 % pour le partenariat public-public et 3 % pour la coopération. La faible contribution du secteur privé à l’effort R&D est pointée du doigt. D’aucuns l’attribuent au fait du développement de la filière du capital risque privé. Ce qui ne favorise pas l’émergence de start-ups innovantes. Au moment où d’autres remettent en cause le système fiscal.
Qu’en est-il de la réalité de l’innovation au Maroc ?
L’indice mondial de l’innovation qui établit un classement des résultats de l’innovation dans environ 140 pays et économies du monde entier et classe les économies mondiales depuis 2007 sur la base de leur capacité d’innovation en se basant sur plus de 80 indicateurs, dont l’institution, les ressources humaines, la recherche scientifique, la sophistication de l’environnement des affaires, le rendement universitaire…, etc, classe un pays comme le Maroc au 72e rang en 2016 (vs 78e en 2015). En ce qui concerne la « qualité de l’innovation », un critère important qui prend en considération la qualité des universités, le nombre de publications scientifiques et le nombre de dépôts internationaux de demandes de brevet, quatre pays, à savoir le Japon, les États-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni et l’Allemagne, se distinguent.
Une chose est sûre : Avec un ratio dépenses en R&D/PIB qui oscille autour de 0,8 % et à peine 1,87 chercheur pour 1.000 actifs, une production scientifique nationale qui représente seulement 0,122 % de la production mondiale, prétendre damer le pion à des économies émergentes comme la Chine ou la Turquie est une utopie.