Ecrit par la Rédaction |
Les dépenses intérieures de recherche et développement au Maroc, rapportées au PIB, avoisinent les 0,7% en 2017. Elles sont passées à environ 0,8% en 2020. Le potentiel à exploiter est juste énorme.
Le webinaire, organisé conjointement par la Trésorerie Générale du Royaume et l’Association pour la Fondation Internationale de Finances publiques, (Fondafip) ce 19 juin sur le thème : « Financement de la recherche au Maroc et en France : quelles perspectives ? » se veut d’une grande et réelle importance.
« Savoir, comprendre, être en mesure d’expliquer son environnement pour mieux le maîtriser fait partie de la nature de l’être humain », explique Noureddine Bensouda, trésorier général du Royaume dans son discours d’ouverture.
Et d’enchaîner : « Et si pour les pays développés, l’importance de la recherche n’est pas à démontrer, elle est encore moins à démontrer pour les pays en développement. En effet, pour ces pays, combler le gap de développement suppose un minimum d’indépendance que seule la recherche est en mesure de garantir ».
Dans certains domaines vitaux dont la santé, l’alimentation, l’éducation, les technologies de base, la production et la transformation des matières premières…, l’autonomie est cruciale. D’où l’impératif de la R& D.
Le Maroc, très loin derrière
Dans son discours, le trésorier général du Royaume fait le focus sur le Maroc. Chez nous, le panorama du monde de la recherche comprend un bon nombre d’acteurs. Il est principalement composé (1) d’universités et de grandes écoles qui peuvent être publiques, privées ou encore affiliées à des fondations à but non lucratif, (2) d’une multitude d’établissements publics de recherche et enfin (3) de quelques entreprises qui incorporent des activités de recherche et développement.
Selon le rapport de l’étude relative à la recherche scientifique et à l’innovation dans le monde arabe, de juin 2019, les dépenses intérieures de recherche et développement au Maroc, rapportées au PIB, avoisinent les 0,7% en 2017. Elles sont passées à environ 0,8% en 2020.
La moyenne de l’OCDE pour ce même ratio, appelé aussi « intensité de la recherche », était de 2,419% en 2018, avec, toutefois, une certaine disparité entre les pays membres. La Corée arrive dans le peloton de tête avec 4,516%, avec la Suède 3,321% et le Japon 3,275%, suivis, d’un peu plus loin, par les Etats-Unis avec 2,947%, et la France 2,196%.
Ceci montre tout le gap qui reste à combler pour le Maroc en la matière.
D’après N. Bensouda, la problématique du financement de la R& D se pose avec acuité dans un pays comme le nôtre.
Le crowfunding, une piste à explorer…
A ce propos, plusieurs expériences à l’international ont démontré le rôle important que peut jouer le secteur privé pour soutenir la recherche.
Car, la relation entre ces deux mondes : le monde de l’entreprise d’un côté et celui de la recherche de l’autre, doit être une relation de symbiose, mutuellement profitable et, par-dessus tout, bénéfique pour le développement du pays.
Le secteur public est, ainsi, appelé à jouer un rôle de catalyseur. Car même si les travaux de recherche sont réalisés en grande partie par le secteur privé, le secteur public en supporte, généralement, une bonne part de financement, sous différentes formes : subventions, aides directes, avances récupérables, crédit d’impôt, etc.
« La crise du Covid nous a montré, s’il en était besoin, que les universités, les instituts de recherche et les laboratoires au niveau mondial comptent d’éminents scientifiques marocains qui occupent des postes du plus haut niveau de connaissance et de décision », rappelle à juste titre N. Bensouda. Il s’agit donc d’un gisement à fort potentiel que le Maroc devrait exploiter, aussi bien en termes de sources de financement qu’en termes de transmission du savoir et des connaissances.
Par ailleurs, il existe peut-être aujourd’hui de nouvelles, pistes à explorer, de nouveaux modes de financement qu’il serait utile de mettre à contribution. Le crowdfunding en fait certainement partie. « Que ce soit aux Etats Unis, au Royaume Uni, en France ou partout ailleurs, d’innombrables projets de recherche, médicale en particulier, ont abouti en prenant appui exclusivement sur ce type de financement qui ne cesse de gagner en importance », explique Bensouda.
Des plateformes de crowdfunding, pourraient, ainsi, être dédiées au financement de la recherche, à l’image de celles qui existent déjà dans le domaine de la recherche médicale. Bensouda rappelle, à ce titre, l’adoption, courant 2018, d’une loi sur le financement collaboratif (loi 52-18) qui pourrait servir de cadre juridique à ce type de montage financier pour les projets de recherche.
La pratique montrera les insuffisances éventuelles et permettra de l’améliorer certainement. « Mais, en définitive, c’est l’adoption d’une politique de la recherche qui doit donner corps à tous ces aspects et réunir l’ensemble du panorama des acteurs autour d’une vision commune favorisant la cohérence d’ensemble », explique-t-il.
Une vision qui, tout en optimisant la valeur ajoutée créée au regard de l’effort de financement consenti, serait à même d’accompagner et de nourrir les stratégies de développement, aussi bien à l’échelle nationale que locale.
A partir de là, le lien avec la réforme de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur devient évident. Ces derniers, formant le substrat de la recherche, leurs éventuelles défaillances impactent indubitablement le système de recherche par la suite. Plusieurs autres aspects sont largement abordés par la « Stratégie Nationale pour le développement de la recherche scientifique à l’horizon 2025 » qui arrive bientôt à son terme.
L’élaboration d’une nouvelle stratégie, capitalisant sur les réussites réalisées jusqu’à aujourd’hui et sur les obstacles rencontrés, sera donc très attendue par tous ceux qui croient en l’importance de la recherche pour notre pays.