Après le discours du 29 juillet 2017, où le Souverain avait alerté sur les tares dont souffre l’administration marocaine, la réforme tant attendue n’a pas encore vu le jour.
Il y a trois jours, Mohamed Benabdelkader ministre délégué chargé de la Réforme de l’administration et de la fonction publique a fait un exposé devant le conseil de gouvernement dans lequel il ressasse un discours familier sur la réforme du système de la fonction publique.
En effet, nous aurions bien aimé entendre un discours où le ministre dresse un bilan d’étape sur les transformations profondes promises et sur ce qui reste à faire. Ce dernier s’est contenté de rappeler qu’un nouveau modèle a été instauré et les principaux fondements sur lesquels s’est-il basé.
Benabdelkader a fait observer par ailleurs que la vision de réforme s’appuie sur la Constitution notamment dans ses articles 31, 154 et 155 qui stipulent nombre de principes encadrant le travail de l’établissement public, la relation avec les citoyens, la situation des collaborateurs des établissements publics et les principes présidant à leurs fonctions. Par la suite, le ministre a présenté les étapes procédurales sur le plan législatif, avant que le conseil du gouvernement ne décide, après examen préliminaire, de tenir une réunion spéciale consacrée à l’examen et à l’approfondissement du débat sur ce projet. En dépit de l’urgence de la situation et sans vouloir pointer du doigt personne, les choses trainent outrancièrement sachant que le Maroc est en quête d’un nouveau modèle de développement et dont l’administration se veut un levier important. Malheureusement, nous sommes toujours au stade de préparation de projet ou de révision de décret.
Le gouvernement compte, par ailleurs, lancer une étude sur la gestion du temps de l’administration et la moralisation de la fonction publique. Il sera de même question de l’intégration de nouvelles générations de cadres administratifs dans le service public, comme il s’agira de l’instauration d’une évaluation basée sur la gestion contractuelle.
Aujourd’hui, il est question que la réforme démarre progressivement à partir de novembre prochain pour s’étendre jusqu’à 2021. A bon entendeur !
Regard dans le rétroviseur…
Il y a deux ans déjà, dans le discours du du 29 juillet 2017 à l’occasion de la fête du Trône, le Souverain avait mis en exergue les tares affectant l’administration et l’inertie dont elle souffre.
Juste après, le ministre avait engagé la réflexion et le débat sur la gouvernance publique pour une administration au service du citoyen
En 2018, lors d’une rencontre à l’ISCAE, le ministre a fait un diagnostic accablant de l’administration.
Avant de dévoiler son approche, le ministre avait jeté un regard sur la genèse de l’administration au Maroc. Comment le Maroc a pu hériter d’un monstre qui souffre de plusieurs maladies.
« Le Maroc dispose d’une administration certes au service du citoyen, mais qui ne le protège pas de l’autoritarisme, de la supériorité voire même de l’humiliation de ses fonctionnaires », avait-il alerté.
En faisant le diagnostic, Benabdelkader a parlé de quatre principales tares : l’autoritarisme, le centralisme, l’interventionnisme outrancier et le carriérisme au détriment des compétences.
D’où la nécessité de réformer en profondeur cette administration trop malade.
Le ministre avait parlé à l’époque d’un changement de paradigme en détaillant son approche se déclinant en quatre axes (revoir le rôle de l’Etat, dématérialiser et digitaliser, revoir le système de gestion, et transformer sur le plan éthique.
Des réformes qui ont des passerelles entre elles et permettraient d’aboutir à une administration au service du citoyen.
Toutes ces réformes ne peuvent être vues que d’un œil optimiste, mais elles ont mis du temps avant d’intégrer le circuit législatif.
En attendant, la fonction publique continue à souffrir de plusieurs maux. Un fait tout à fait inadmissible dans un contexte de mondialisation et de globalisation. On ne cessera jamais de le dire : Cette réforme urge, le Maroc ne pourrait aller de l’avant avec une administration malade de sa bureaucratie et de sa lourdeur.
Il ne reste qu’ à espérer que l’équipe de Benabdelkader respecte le calendrier s’étendant de novembre 2019 à mars 2021.