Ecrit par la Rédaction |
La relance après la pandémie passe nécessairement par la distribution des rôles entre Etat et Secteur privé et que chacun remplisse sa part du contrat pour que l’on aboutisse à une croissance équitable et inclusive.
En matière de reprise de croissance, le Maroc figure en pole position au niveau africain. A fin Mai, dans un souci d’immunisation collective, la vaccination a déjà touché presque 5,5 millions de personnes ayant reçu les 2 doses, soit un peu plus de 18% des 30 millions de personnes constituant la population cible.
Partant de là, toutes les projections post-crise se veulent rassurantes.
A en juger par de nombreuses mesures d’assouplissement, l’établissement d’un « passeport sanitaire » en coordination avec les pays de l’UE serait le prélude de l’ouverture imminente des frontières et de la reprise du tourisme.
De même, on s’attend au plan interne à une croissance du PIB qui dépasserait les 5% au titre de l’exercice en cours, progression due à la bonne campagne agricole 2020-2021.
Reste que la réalisation de cet objectif passe nécessaire par la distribution des rôles entre Etat et Secteur privé et que chacun remplisse sa part de marché pour aboutir que l’on aboutisse à une croissance équitable et inclusive.
« Sous cet angle, la question centrale est celle des financements devant être disponibles en quantités suffisantes pour ne pas brimer la relance qui s’annonce sous de bons auspices », s’interrogent les économistes du Centre Marocain de Conjoncture.
Et d’enchaîner ; « Quelle Opportunité d’un » Grand Emprunt National » ? Pour rappel, l’Etat marocain a massivement mobilisé tous les leviers de la politique publique pour atténuer les effets de la pandémie sur l’économie nationale. En particulier, il s’est massivement endetté à l’étranger tant au plan multilatéral que sur le marché financier international. En atteste la progression spectaculaire de l’endettement public qui accuse une hausse de 14,2 points en 2020 pour représenter environ 95% du PIB contre un peu moins de 85% en 2019.
A elle seule, la dette du Trésor atteint, à la fin de l’exercice écoulé, 77,6% du PIB contre 64,9% en 2019 correspondant à un additionnel de presque 13 points !
Cette politique d’endettement public massif a, certes, permis au pays de sortir de cette crise sans trop de dégâts en évitant surtout un épuisement de réserves de changes aux conséquences dramatiques quant à la solvabilité du Maroc, il n’empêche que cette politique comporte des risques dont les effets se feront sentir déjà en 2021.
GEN, attention à l’effet d’éviction !
En particulier, et sans perdre de vue l’épineuse question de sa soutenabilité, cet endettement jette des doutes sur le potentiel financier mobilisable une fois la fin de la pandémie sera définitivement actée.
Dans cet environnement financier très contraignant, les pouvoirs publics semblent s’orienter vers le lancement d’un ‘’Grand Emprunt National (GEN)’’ pour accompagner cette reprise annoncée mais surtout pour booster la croissance au cours de cette décennie.
« Même si pour le moment on ne connait pas les modalités de ce GEN, cette opération qui semble opportune au regard des défis à relever aurait, à coup sûr, des retombées sur l’économie si elle réussit à puiser dans le réservoir des sommes thésaurisées estimées à fin Avril dernier à plus de 300 Mds de DH » selon les dernières statistiques de BAM. Autrement, l’effet d’éviction du privé du marché national des capitaux serait à redouter
La restructuration du privé, un impératif !
« Pour mémoire, et dans l’objectif de limiter les effets fâcheux de cette crise sanitaire, les autorités monétaires avaient mis en place une politique monétaire contracyclique très accommodante qui a vite montrée ses limites », rappellent les conjoncturistes. Et ce en raison de la prédominance des TPEPME dans le tissu productif national. Or, dans ce nouveau monde – foncièrement différent de celui d’avant la pandémie – l’une des planches de salut, d’après-eux serait de favoriser le regroupement de ces milliers de TPE-PME en ‘’entités agrégées‘’ pour garantir leur pérennité économique.
De telles ‘’nouvelles unités‘’ bénéficieraient de l’effet de masse critique pour dégager des marges de manouvre susceptibles de garantir leur survie, et collaboreraient avec les grands capitaines d’industrie au pilotage à l’émergence de multiples nouveaux écosystèmes dans l’après pandémie.