Le passage vers le régime de solvabilité basé sur les risques se veut un chantier structurant pour le secteur, mais n’est pas exempt d’impact.
Loin derrière nous les années marquées par la liquidation de certaines compagnies d’assurance, le secteur présente aujourd’hui une bonne posture.
Il est utile de rappeler qu’en 2018, le secteur des assurances au Maroc est le 2ème marché en Afrique en termes de volumes des primes, le 3 ème dans le monde arabe en termes de volumes des primes. Au premier semestre 2018, les primes émises ont atteint 22,88 Mds de DH vs 20,75 Mds de DH au premier semestre 2017.
Dans le rapport issu des travaux de la huitième du Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS), il ressort que les fondamentaux du secteur sont solides. Sur le plan prudentiel, le taux de couverture des engagements techniques par des placements effectués par les entreprises d’assurance et de réassurance demeurent supérieurs aux minimas réglementaires. Le secteur dégage une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription largement supérieure au minimum réglementaire exigé.
>> Lire également : RISQUES SYSTÉMIQUES : LES BANQUES TOUJOURS RÉSILIENTES AUX STRESS-TESTS
Toutefois, cela n’empêche pas de dire qu’il existe des risques qui planent aujourd’hui sur le secteur. Le CCSRS cite à cet égard le passage vers le régime de solvabilité basé sur les risques, en application du dernier amendement du code des assurances. Il s’agit d’un chantier certes structurant pour le secteur des assurances non seulement sur le plan quantitatif mais également qualitatif (gouvernance, anticipation, modélisation, gestion des risques). Néanmoins « Ce passage pourrait entraîner une réduction significative des marges », note le CCSRS.
Des écueils et pas des moindres…
Autres fragilités auxquelles il faut faire attention sont la branche Non Vie qui depuis quelques années évolue à un rythme assez lent (4,5 à 5%). Dans un récent rapport de la Banque Centrale sur l’inclusion sociale, il est relevé que le nombre de Marocains disposant d’assurances facultatives ne dépasse pas 2%. D’où le faible taux de couverture.
Ajoutons à cela la sinistralité automobile dont le taux oscille autour de plus de 80%. D’autant plus que les assurances automobiles constituent presque la moitié de la Non-Vie et représentent 75 à 80 % des résultats techniques. En 2016 les assureurs ont déboursé 5 milliards d’indemnisations automobiles, enregistrant une hausse de 14% par rapport à 2015. Ces montants sont toujours en constante augmentation et commencent à inquiéter sérieusement les assureurs.
Nous ne pouvons conclure sans s’attarder sur la digitalisation qui devrait s’inscrire parmi les priorités du secteur pour une modernisation et une meilleure adaptation aux mutations économiques internationales. La révolution digitale induit de nouveaux modèles intelligents et d’où l’urgence de prendre le virage à temps.