Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Depuis la fin des mesures d’accompagnement destinées à atténuer l’impact socio-économique de la pandémie au Maroc, fin juin, plusieurs secteurs ont été contraints de fermer en raison de restrictions sans aucune alternative économique. Le gouvernement a-t-il le droit d’infliger à une frange la population un droit anticonstitutionnel ?
Avec le décret de l’Etat d’urgence sanitaire, mis en place en mars 2020 et renouvelé à chaque fois, le gouvernement a la latitude de prendre toutes les décisions (à tort ou à raison) pour limiter la propagation du virus. Une sorte de carte blanche qui lui permet d’agir à tout moment pour lutter contre cette pandémie qui a chamboulé toutes les vies. En fonction de l’évolution de la pandémie, des mesures de restrictions sont adoptées aussi bien au niveau national que régional. Les dernières en date celles prises ce lundi 21 décembre pour une durée de 3 semaines à partir du 23 décembre.
Couvre-feu sur tout le territoire, interdiction des rassemblements, interdiction des déplacements entre villes ou encore fermeture totale des restaurants pendant 3 semaines au niveau de Casablanca, Tanger, Marrakech et Agadir, l’Etat resserre les vannes pour éviter tout dérapage en cette période de fin d’année.
Mais là n’est pas la question bien que ces décisions ne soient pas au goût de tout le monde. La vraie question qui s’impose est que prévoit le gouvernement comme mesures d’accompagnement suite aux décisions de fermeture qui impliquent un arrêt total de certaines activités ?
Car qui dit arrêt d’activité, dit arrêt de revenu et par conséquent incapacité des citoyens à subvenir aux besoins les plus élémentaires.
Faut-il rappeler qu’au niveau de la capitale économique, les restaurants viennent se rajouter à la liste des services et commerces qui, depuis septembre, ne sont toujours pas autorisés à ouvrir.
Il s’agit entre autres des Hammams, des salles de sport et des salons d’esthétique. Des secteurs dont personne ne parle et dont les employés se retrouvent livrés à eux-mêmes.
L’Etat se préoccupe-t-il réellement des milliers d’employés qui se retrouvent sans ressources ? Pas si sûr. Et pour cause, hormis deux secteurs (tourisme et événementiel) qui sont parvenus à décrocher un contrat-programme pour soutenir la relance, les autres secteurs sont mis de côté.
Il s’agit des oubliés de l’Etat qui meurent à petit feu sans que cela ne semble déranger personne. Et cela fait plus de 4 mois que ça dure.
De quel droit l’Etat sacrifie-t-il une frange de la population ?
Et pourtant il ne s’agit pas de secteurs en difficulté mais en arrêt total d’activité suite aux décisions gouvernementales. Donc les plus éligibles à un accompagnement de l’Etat. A un détail près. Ces secteurs n’ont pas forcément de fédérations ni de représentants au sein de la CGEM pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs employés. Pis encore, il s’agit de secteurs qui emploient beaucoup dans l’informel. Mais ça c’est une autre paire de manches.
L’Etat, censé défendre l’égalité des chance et l’équité, est le premier à bafouer les droits des employés privés de travail.
A Casablanca par exemple, plusieurs entreprises ont mis la clé sous le paillasson en raison d’une situation qui devient insoutenable. « Non seulement nous n’avons aucune aide de l’Etat mais nous sommes obligés de payer nos charges (eau, électricité, loyer) en plus de nos charges sociales, des prêts et impôts. Plusieurs salles ont fermé non pas sans conséquence sur l’investissement et les employés », déplore un propriétaire d’une salle de sports. Rappelons que ce secteur emploi, rien qu’au niveau de Casablanca, plus de 10.000 employés qui sont aujourd’hui sur la sellette. Même son de cloche du côté d’une propriétaire d’un hammam qui déplore une situation intolérable.
En effet, depuis la fin des mesures d’accompagnement destinées à atténuer l’impact socio-économique de la pandémie au Maroc, fin juin, aucune mesure n’a été mise en place pour soutenir les secteurs forcés de garder les rideaux baissés. Le gouvernement a-t-il le droit de sacrifier économiquement une population en usant du décret de l’Etat d’urgence sanitaire ? Empêcher un citoyen Marocain de gagner sa vie et de vivre sans alternative n’est-il pas anticonstitutionnel ?
En France par exemple, le gouvernement a mis en place des aides exceptionnelles et immédiates pour tous ceux qui sont impactés par la crise ou les décisions du gouvernement.
Chez nous, ce n’est pas le cas. C’est le Comité de veille économique (CVE) qui prend une telle décision. En attendant, les oubliés peuvent crever lentement. Car il n’y a pas que la Covid-19 qui tue mais également la famine. D’ailleurs, on se demande où est passé ledit Comité ?
En attendant un éveil des consciences, cette frange de la société n’a d’autres choix que de prendre son mal en patience et chercher des alternatives bien qu’en cette période de crise elles soient très rares.
1 comment
C’est incroyable se que vivent les oubliés de l’état . Aucune visibilité, et les factures qui s’accumulent jour après jour . Des loyers à payer, pour cause d’expulsion, et de perdre son fond de commerce .. qui sera le gagnant ?
Si le propriétaire saisis le fond, il suffira de le revendre avec un bon bénéfice quand il y aura des jours meilleurs … Quelle injuste , quelle honte, le plus fort dévore le plus faible .
Stop , ils doivent tenir compte de se fait , soit nous fermés et payer nos charges, soit nous laisser travailler .. trop c’est trop .