La tenue, ce lundi 25 mars à Marrakech de de la Conférence ministérielle africaine (CMA) sur l’appui de l’Union africaine au processus politique des nations-unies sur le différend du Sahara marocain, a été l’occasion pour le chef de la diplomatie marocaine de rappeler sans détour que l’UA ne peut qu’appuyer le processus politique onusien et non y interférer.
Quelque 36 délégations africaines ont pris part aujourd’hui à la Conférence ministérielle africaine sur le dossier du Sahara. L’événement organisé à Marrakech a planché sur l’appui de l’Union africaine au processus politique des Nations-Unies sur le différend vieux de plus de 40 ans et qui compromet à ce jour les chances de cette Afrique d’émerger et de se développer dans l’unité et la sérénité.
Faut-il rappeler qu’en juillet dernier, que le rapport du Président de la Commission africaine, Moussa Faki Muhamat sur la question, a réaffirmé que toute solution ne peut se faire que sous l’égide des Nations unies. Une position que défendait le Maroc bec et ongles contre les adversaires de son intégrité territoriale.
Par ailleurs, le rapport a proposé la mise en place d’une Troïka composée de l’ancien, l’actuel et le prochain président de l’UA, à savoir Alpha Condé, Paul Kagamé et Abdelfattah Sissi, en plus de Moussa Faki Muhamat. Le rôle assigné à cette Troïka est de soutenir efficacement le processus onusien et d’être le seul cadre qui traitera de ce dossier au sein de l’UA.
La récente conférence de Marrakech avait justement, dans ce sillage, l’objectif d’expliciter la Décision 693 adoptée par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, à Nouakchott, en juillet 2018 et voir comment l’UA appuiera-t-elle le processus politique insufflé par les Nations Unies. Une rencontre qui intervient justement au lendemain de la tenue à Genève de la deuxième Table ronde réunissant le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie et le polisario sous l’égide de l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara marocain, Horst Köhler.
C’est ainsi que devant un parterre composé de 24 ministres africains dont 18 ministres des Affaires étrangères, 4 secrétaires généraux et 8 ambassadeurs que Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a replacé tout débat sur cette question du Sahara au sein de l’UA dans le cadre exclusif dessiné par le Décision 693.
« Elle ne doit être ni réinterprétée, ni contournée ou instrumentalisée. Il nous appartient de la prémunir, de la préserver, et de la conforter. C’est ce message que nous réaffirmons en faisant de cette conférence une plateforme pour rejeter toute ambigüité. Cette démarche de mise au clair passe par la consolidation des paramètres et directives établis par la 693 à savoir : L’exclusivité des Nations Unies dans la recherche de la solution politique : l’ONU est la seule responsable du dossier du Sahara ;
L’exclusion de tout processus parallèle à celui des Nations Unies : les Nations Unies demandent à l’UA un rôle de soutien et d’appui aux efforts des Nations Unies, et non d’interférence de ces efforts ; Le soutien de l’UA aux efforts des Nations Unies : c’est-à-dire appuyer, préserver et protéger les efforts du Secrétaire Général et son Envoyé Personnel, et non pas les compromettre ou les concurrencer par des processus parallèles. Et enfin, la Troïka est l’unique instrument pour affirmer ce soutien : la référence à la question du Sahara marocain, doit se faire, uniquement, au niveau de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, via le mécanisme de la Troïka », précise le chef de la diplomatie marocaine.
Ainsi, la décision 693 replace la question du Sahara dans son cadre idoine : celui des Nations Unies. Elle, permet, de ce fait, de dépolluer les travaux de l’UA, et d’immuniser l’Union face à toute tentative inappropriée de la dévier du chemin de l’unité et de l’intégration. Dès lors, elle préserve la cohésion de notre organisation, face à une question qui l’a toujours divisée, défend N. Bourita.
Il a d’ailleurs profité de l’occasion pour rappeler certaines vérités historiques que l’Union africaine gagnerait à ne pas réitérer.
« La position que nous exprimons aujourd’hui ne cherche, en aucun cas, à minorer le rôle de l’Afrique. Bien au contraire ! Comme l’a dit Sa Majesté le Roi Mohammed VI, « c’est à l’Afrique que le Royaume cherche à donner le leadership ». Or, il n’y a pas de leadership sans unité. Impliquer l’UA reviendrait à cultiver sa propre division, voire à courir le risque de son implosion, en consommant la rupture entre deux tiers de ses Etats membres qui refusent résolument de reconnaître l’inacceptable et un groupe de pays qui s’obstine encore à maintenir des positions anachroniques sur le Sahara marocain », prévient-il.
Et d’ajouter en des mots crus que le leadership ne se construit pas en reproduisant les erreurs du passé. « Or, souvenons-nous de l’expérience de la fin des années 70-début des années 80, qui a montré que la réintroduction de ce dossier pourrait être fatale pour l’unité de l’organisation », dixit Nasser Bourita. Le continent se trouve actuellement à un tournant de son histoire, porté par les ambitions de sa jeunesse à plus de développement, de prospérité, de paix et de dignité. Cela ne saurait se faire s’il n’y a pas un recentrage sur les questions brûlantes du continent que sont la formation, l’emploi, la recherche scientifique, la migration, l’émancipation… et autant dire que ce différend est exploité par les adversaires de notre intégrité territoriale pour diviser, maintenir le statu quo et cultiver « les manipulations politiques et les surenchères manichéennes et chamailleries d’arrière-garde ».