Entre le Maroc et la France, il existe bien entendu des similitudes et c’est la raison pour laquelle le choix a porté sur le thème: « Quelles finances locales au Maroc et en France dans un monde en mutation ? ». D’une part parce que la confrontation des finances locales aux différents changements et bouleversements est partagée par l’ensemble des pays y compris le Maroc et la France. D’autre part, parce que le Maroc est à la recherche d’une réforme efficace de ses finances locales et la France est aussi en quête d’un système équilibré de ses finances locales. Les intérêts des deux pays sont les mêmes mais les situations sont différentes dans la mesure où la France a démarré son processus de décentralisation bien avant. « Le Maroc s’est déjà posé les mêmes questions dans la charte de déconcentration de 1976 », rappelle à juste titre Michel Bouvier, professeur universitaire et président de la Fondafip.
Durant les années 1980-90, l’autonomie locale était la panacée pour le développement économique. Par la suite, au début des années 2000, il y a eu la volonté de redonner le pouvoir à l’Etat. En 2004, le contre consensus de Washington redonne le pouvoir à l’Etat comme acteur majeur de développement économique. Et puis il y a eu la crise des subprimes qui s’est traduite par un retour de l’Etat providence qui a encore repris un pouvoir financier. Dans un souci de soutenabilité des finances publiques, l’Etat a repris la main sur les ressources financières considérant que les collectivités territoriales et la sécurité sociale pour les pays qui en disposent, à elles seules ne pouvaient assurer le développement économique du pays.
Les finances locales sont confrontées à plusieurs défis : l’environnement, les phénomènes migratoires, la numérisation qui exigent des collectivités locales de devenir au goût du jour à savoir des collectivités intelligentes.
Il y a également le problème des ressources fiscales dans la mesure où par le biais des technologies, plusieurs entreprises peuvent frauder fiscalement. Il en découle un amenuisement des recettes de l’Etat. Or, si ce dernier est en difficulté, les collectivités territoriales le sont aussi parce que c’est l’Etat qui les finance en grande partie.