Le but initial de cet article était d’estimer l’effort à fournir pour pouvoir réaliser, au Maroc, 5 GW de centrales électriques renouvelables de plus avant 2030, ce dont tous les médias nationaux ont parlé.
Il est vrai que c’est un cap clair, même si l’on n’a pas daigné nous donner l’année de référence (de départ). Il est vrai qu’un pêle-mêle de 5 GW d’éolien et de solaire produirait près de 15 TWh et couvrirait presque tout le chemin d’électricité nette appelée à parcourir entre les 46TWh de 2024 et les probables 64TWh de 2030.
Toutefois, il faut garder la tête froide à l’égard d’annonces (trop) belles à des dates (trop) proches d’élections après un mois (très) particulier à tous égards.
Le graphique ci-dessous montre, en bleu, l’évolution de la totalité de la puissance installée des centrales électriques du Maroc entre 1980 et 2025 où elle a atteint environ 12’500MW.
Le graphique montre aussi, en rouge, l’évolution de l’augmentation moyenne annuelle de la puissance installée entre 1980 et 2025 où elle a atteint environ +550MW/an.

Si la capacité devait atteindre 17’500 MW en 2030 (pointillés bleus), soit une augmentation de 5’000 MW « d’ici » là, le graphique montre qu’il faudrait que la cadence de nouvelles installations passe de +550MW/an à +960MW/an (pointillés rouges), c’est-à-dire un quasi-doublement des ressources à affecter à pendant les cinq ans qui nous séparent de 2030… Tellement plus facile à mettre dans un graphique qu’à faire !
1- D’une part, les puissances d’autoproduction installées par les industriels n’ont jamais été comptées dans les bilans nationaux de puissance puisque ceux-ci (OCP et autres) consomment la quasi-totalité de l’énergie qu’ils produisent. Toutefois, leurs excédents injectés figurent bien dans les bilans d’énergie à la rubrique « Tiers Nationaux ».
2- D’autre part, le communiqué qui a suivi la signature de la Convention ne cite nullement le Groupe OCP qui a son propre projet de 5 GW de centrales électriques de sources renouvelables[1] (présenté à Sa Majesté le 03/12/ 2022) que le Groupe fait installer par ses partenaires pour s’approvisionner en ammoniac (abandon de l’import) et en eau dessalée (abandon des eaux conventionnelles).
En plus de l’année de référence, il est légitime de se demander :
A- Si l’OCP est inclue dans ce chiffre, que reste-t-il alors pour les projets hors OCP et alors pourquoi avoir cité tous les stake-holders sauf, justement, l’OCP ?
B- Si l’OCP est exclue, que va-t-on faire pour doubler la cadence d’installation entre ici et 2030 ?
Pour éviter que cette Convention ne s’ajoute à la longue liste des annonces sans lendemain, le gouvernement devrait clarifier au plus tôt les moyens qui seront mis en œuvre pour le succès de l’opération.
Par Amin Bennouna, (sindibad@uca.ac.ma)
[1] Amin Bennouna, « La dominance du nexus eau – énergie dans le plan d’investissement de l’OCP présenté le 3 décembre 2022« , EcoActu, 14 Décembre 2022, https://ecoactu.ma/ocp-dominance-nexus-eau-energie-investissement-ocp/




